Ineo Systrans vise les réseaux de grande taille et l’international
Ineo Systrans a lancé une version repensée de son outil d’aide à l’exploitation et information voyageurs. Motorisation électrique, RER métropolitains ou cybersécurité sont quelques-unes des nouvelles fonctionnalités de l’outil phare de la filiale d’Equans.
Présent depuis une quarantaine d’années sur le marché des systèmes d’aide à l’exploitation et l’information voyageurs, les SAEIV dans le jargon des professionnels du transport, Ineo Systrans s’est taillé une place de choix parmi les leaders du secteur. Une position qui contraint la filiale d’Equans, elle-même filiale du groupe Bouygues, à innover et se renouveler. Elle a développé l’application Navineo qui promet d’optimiser l’exploitation des réseaux de transport public et fournir de l’information voyageurs qualifiée, en temps réel.
Supervision de l’exploitation des lignes, géolocalisation des véhicules, gestion de flotte, maintenance, liaisons radio, assistance à la conduite, collecte de données sur les trajets et les validations : autant d’exemples de services offerts par Navineo. Les données collectées permettent ensuite de générer de l’information à destination des voyageurs. Une opération réalisée par des sous-traitants d’Ineo Systrans n’alimentant pas directement les supports d’information des opérateurs de transport.
L’outil est conçu pour les réseaux de toutes tailles, « à partir d’une base standard, les fonctionnalités sont ajustées en fonction des demandes et des besoins des clients », explique Philippe Gaborit, directeur commercial France d’Ineo Systrans. Des clients qu’il faut chercher du côté des collectivités locales, les autorités responsables de mobilité (AOM), plutôt que chez les opérateurs. « Nous répondons aux exigences d’un cahier des charges élaboré par les AOM à partir des spécificités des lignes de transport », note le porte-parole de l’entreprise…
Jusqu’à 10 000 bus
Pour tenir compte de l’évolution des besoins et demandes des autorités de mobilité, Navineo est renouvelé tous les deux ans environ. « Historiquement, les versions étaient plus figées, elles proposaient peu d’évolutions. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. La dernière version datait de 2 023, il était nécessaire de l’adapter aux nouvelles configurations du marché », note Philippe Gaborit. Des changements qui touchent à la taille des réseaux, aux modes de propulsion liée à l’électrification des flottes de bus, ou encore à la gestion des situations de crise.
« Nous avons travaillé sur une nouvelle ergonomie pour rendre l’outil plus fluide, en particulier pour les gros réseaux. L’objectif est de faciliter la prise de décision en cas de crise ou de situation dégradée, rétablir au plus vite un retour du service à la normale, en informant les voyageurs en temps réel. Pour cela, on a travaillé sur de nouveaux tableaux de bord, en croisant les données fournies par les valideurs et les informations collectées par les AOM ».
Une autre évolution majeure concerne le nombre de véhicules pris en compte par le système. Navineo est maintenant calibré pour pouvoir gérer jusqu’à 10 000 bus, tramways ou trains. Contre la moitié avant. « En France, seul le réseau de Paris et sa banlieue atteignent ce seuil avec 10 500 véhicules, tous opérateurs confondus. Mais pour l’heure, seul Optile [5 400 bus et cars en grande couronne parisienne, ndlr] est client d’Ineo Systrans. Ailleurs sur l’Hexagone, l’entreprise équipe 2 500 véhicules dans la métropole de Marseille, 1 900 en région Normandie, 900 dans le département de l’Oise. La demande existe, notamment en Amérique du Nord ou encore en Australie, et nous sommes désormais en capacité d’y répondre », s’enthousiasme Philippe Gaborit.
« Nos systèmes sont présents à bord de 60 000 bus, tramways et trains à travers le monde. Ce qui représente 250 réseaux de transport, dans quatorze pays », calcule directeur commercial. Ineo Systrans emploie 600 collaborateurs parmi lesquels 180 ingénieurs en recherche et développement. « Nous avons des filiales en France, notre marché historique, mais aussi en Europe, notamment à Londres, Edimbourg, Genève ou Lausanne. En Amérique du Nord, nous connaissons un fort développement depuis trois ou quatre ans, avec une présence dans 23 réseaux aux Etats- Unis ou au Canada, via nos filiales. Cette anéne, nous avons mis un pied en Californie. En Afrique, nous déployons nos outils au Maroc ou encore récemment à Dakar dans le cadre du projet du BRT (Bus rapid transit) 100 % électrique ».
Gérer l’autonomie des parcs électriques
Des bus, des trams, des trains, mais pas de métros : « Les réglementations sont différentes pour ce mode guidé, les contraintes ne sont pas les mêmes. Parce qu’ils n’évoluent pas sur voirie, les métros sont moins confrontés aux aléas, donc plus réguliers », argumente-t-il.
Autre critère pris en compte par Navineo, la motorisation. Avec l’électrique, les besoins évoluent, notamment pour la gestion des parcs de véhicules. « Le SAEIV doit désormais intégrer les bus électriques et la contrainte de leur autonomie.. L’opérateur doit être en mesure d’anticiper les recharges, en particulier selon les spécificités des lignes, leur longueur ou leur relief. Il y a une vraie demande du marché », constate le directeur commercial. Même sur les véhicules qui « biberonnent en station », la question de la recharge est prise en compte par Navineo : « Sur le futur TZen 4 [bus articulé 100% électrique] qui se recharge en station, la surveillance reste un point de vigilance important, notamment pour le fonctionnement des équipements ». La question ne se pose pas pour les véhicules carburant au biogaz : comme pour le diesel, une fois que le plein est fait, le transporteur sait combien de kilomètres peut parcourir le bus. L’outil SAIEV n’a pas à prendre en compte cette contrainte. Autre sujet-clé, la cybersécurité. « On y a beaucoup travaillé. Les opérateurs de transport sont classées OIV, opérateurs d’importance vitale, autrement dit, l’exploitation des transports doit se poursuivre en toutes circonstances. On doit être en mesure d’éviter une attaque du système, voire une prise de commande à distance », note Philippe Gaborit .