Reçues lundi 19 février par la ministre des Transports, Elisabeth Borne, les quatre organisations syndicales représentatives de la SNCF (Unsa, CFDT Cheminots, SUD-Rail, CGT) vont se réunir en interfédérale jeudi. Avant que le Premier ministre ne fasse part, le lundi 26, de la méthode et du calendrier de la concertation sur la nouvelle réforme de la SNCF.
A l’issue de la réunion du 19 février, Roger Dillenseger (secrétaire général de l’Unsa-Ferroviaire) a estimé que « la ministre a cherché à nous rassurer » et dit que « le rapport Spinetta n’est pas une fin en soi ». « Tout n’est pas bloquant », pense Roger Dillenseger. Il y a deux points de la plus haute importance sur lesquels l’Unsa espère des évolutions : les petites lignes, et le statut. Car, pour ce syndicat considéré comme modéré (deuxième organisation syndicale de la SNCF), « la fin de l’embauche au statut, c’est la ligne rouge ». L’Unsa débat en ce moment dans ces instances nationales, notamment pour arrêter sa position sur sa participation à la manifestation du 22 mars, à laquelle appelle la CGT. Roger Dillenseger fait état de « remontées du terrain » montrant des « cheminots très virulents ».
Deuxième syndicat reçu par Elisabeth Borne, la CFDT Cheminots. La CFDT (quatrième syndicat aux dernières élections) a rappelé à la ministre les lignes rouges qu’il ne fallait pas franchir. Didier Aubert, secrétaire général, les énumère : « la transformation des Epic en SA, la remise en cause du statut des cheminots, la suppression de petites lignes, la filialisation du fret… » A toutes ces questions, comme à celle d’un vrai calendrier de désendettement, la CFDT attend des réponses de l’Etat stratège. Quant à la journée du 22 mars, Didier Aubert ne veut pas y voir « l’alpha et l’oméga » des réactions syndicales aux projets de réforme ferroviaire du gouvernement.
SUD-Rail (troisième OS) a été reçu le troisième, dans une réunion qui, selon Erik Meyer, secrétaire fédéral, n’était « ni de concertation, ni de négociation », mais plutôt une « explication de texte ». Si rien n’a été formulé de façon définitive par la ministre, Eric Meyer rappelle que « nous avons assez d’expérience dans le dialogue social pour voir où le gouvernement souhaite se diriger ». Et, pour lui, c’est « quasiment l’intégralité du rapport » qui est confirmé. Notamment « la confirmation de la volonté de passer en SA et de mettre fin au statut de cheminot pour les nouveaux embauchés ». Seul bémol entendu : « l’avenir et le traitement des lignes secondaires », dont le sort pourrait être revu, compte tenu de soucis de continuité territoriale et d’aménagement du territoire absents du rapport Spinetta. SUD-Rail devait arrêter demain mercredi, à la veille de l’interfédérale, sa position sur la journée d’action du 22 mars.
Laurent Brun, secrétaire général de la CGT Cheminots (première OS de la SNCF), a déclaré en sortant du ministère, en fin de journée : « Toutes nos craintes sont confirmées, il n’y a pas de véritable volonté de développement » du ferroviaire, « on est plutôt sur une logique d’attrition et de régression, […] une logique de casse du service public. » Un communiqué doit préciser ce mardi en milieu de journée les positions du premier syndicat de la SNCF.
Un appel à une grève des OS semble très probable. D’autant que l’approche d’élections professionnelles, en novembre, ne pousse pas à la conciliation. Le gouvernement a donné l’impression d’être prêt à lâcher du lest sur la fermeture des petites lignes. Bruno Gazeau, président de la Fnaut, reçu ce mardi par Edouard Philippe, a tenté de sensibiliser le Premier ministre à la question. En renonçant aux coupes claires préconisées par Spinetta, le gouvernement éviterait un front commun entre syndicats, usagers élus ruraux et régionaux. Le maintien des petites lignes n’irait cependant pas forcément dans le sens des OS. Il pourrait se traduire par l’adoption de méthodes d’exploitation plus légères que celle de la SNCF. Et justifier de plus belle leur ouverture à la concurrence.
F. D.
Publié le 10/12/2024 - Marie-hélène Poingt