L’arrivée des Chronobus et le réaménagement de voiries ont contribué à l’augmentation de 6 % de la fréquentation du réseau nantais. Mais, rançon du succès, certaines lignes commencent à être saturées. 127 millions de voyageurs transportés, des recettes de trafic en augmentation de 8,7 %, un taux de « pénétration » du transport public de 218 voyages par an et par habitant, un taux de recettes sur dépenses passé de 35 % à 38 %. Les résultats 2013 de Nantes Métropole sont bons. La ville les doit au succès d’un certain nombre d’innovations. La principale, ce sont ses Chronobus, sept lignes de bus rapides qui viennent, en quelque sorte, seconder le réseau de tramway, avec des fréquences qui s’en rapprochent – parfois toutes les trois minutes – et les mêmes amplitudes horaires, de 5h à minuit et demi.
Ces lignes ont été lancées les unes à l’automne 2011, les autres il y a trois mois. Les bonds de fréquentation apportés en imposent : 29 % sur l’une, 46 % sur l’autre, une autre encore à 92 %. « Notre grand avantage a été de pouvoir confier la conception et la maîtrise d’ouvrage des aménagements de voirie nécessaires à ces lignes à notre exploitant. Il pensait à son exploitation », note Pascal Bolo, vice-président de Nantes Métropole et président de la Semitan, la Sem qui exploite le réseau Tan. Car, dans la circulation automobile, ces lignes traversent des ronds-points, empruntent des bouts de couloirs réservés, prennent la priorité aux carrefours pour garantir régularité et vitesse commerciale. Elles affichent toutes de belles ponctualités : la plus basse est de 82 % ; beaucoup sont au-delà de 90 %.
Nantes a lancé le M-Ticket : 1 000 tickets validés par jour sur les smartphones. Fin septembre, elle a commencé à distribuer des cartes de post-paiement pour les voyageurs occasionnels, 6 700 abonnés à présent. Ce qui l’a conduite, elle la résistante à la billettique informatisée, à installer des valideurs sans contacts dans ses bus. Pour le reste, on voyage encore avec des tickets papiers dans les tramways.
Mais, rançon de ce succès général, le réseau commence par endroits à être saturé. L’exemple le plus patent est le Busway, bus en site propre, conçu pour 28 000 voyageurs par jour qui en transporte 35 000. A la rentrée, les 2 min 30 de fréquence n’ont pu être assurées. Le système s’est grippé. Il est question de remplacer les bus articulés des bus de 24 m à trois caisses. De la même façon, les deux premières lignes de tramway connaissent des périodes de surcharge. Sur la ligne 1, l’esplanade nord de la gare, va sans doute être dotée d’une troisième voie de tramway, pour embarquer plus de monde plus vite et multiplier les départs.
Surtout, le réseau dans son ensemble, très concentrique a besoin de se mailler pour étaler les concentrations de trafics. « Les Nantais vont devoir apprendre qu’il y a plusieurs manières pour aller d’un point A à un point B », explique Alain Boeswillwald, directeur général de la Semitan. Encore faut-il que les solutions existent. Ce maillage figure déjà en bonne place dans le programme de certains candidats aux municipales. Autre défi, préserver un service public de transport dans les endroits moins denses et s’attaquer aux congestions automobiles du périurbain. Le travail a commencé. Pour la première fois, l’utilisation de l’automobile a diminué (de 5 %) dans l’ensemble de l’agglomération. Notamment du fait de la zone à trafic limité (ZTL) rendant plus difficile les traversées par le centre-ville. Lancée, il y a un an, elle a réduit le niveau de bruit et propulsé le nombre de vélos sur son axe central jusqu’à 5 000 vélos par jour.
Hubert Heulot
Les points forts
– Des bonds de fréquentation, jusqu’à 92 % sur certaines lignes
– Une bonne ponctualité
– Des innovations dans le paiement
– Un trafic automobile en recul