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Ewa

Le projet d’extension de la gare de Marseille Saint-Charles dévoilé

gare de Marseille Saint-Charles

Le projet d’extension de la gare de Marseille Saint-Charles, dénommé « Les Halles Saint-Charles », a été présenté le 2 décembre. Il  prévoit la création d’une traversée souterraine avec un tunnel de huit kilomètres, qui sera combinée à la réorganisation des voies de surface et au réaménagement des voies littorales entre Marseille Saint-Charles et l’Estaque. Il s’intègre dans le projet de LNPCA (future Ligne Nouvelle Provence Côte d’Azur) et dans un projet urbain plus vaste, connecté aux différents modes de transports (métro, tram, bus, cars, vélos…) qui doit lui donner un vrai rôle de pôle d’échanges.

Côté gare ferroviaire, le projet s’inscrit donc dans une perspective de croissance de l’offre, avec l’augmentation du nombre de trains (un TER tous les quarts d’heure sur l’étoile ferroviaire de Marseille en direction d’Aubagne, de Miramas et d’Aix-en-Provence) et la création de services ferroviaires directs entre l’ouest et l’est de la métropole, sans nécessité de changer de train en gare Saint-Charles. Ses promoteurs estiment qu’il devrait faire gagner de 15 à 20 minutes à plus de 20 000 trains traversant la cité phocéenne chaque année.

Il représente aussi « un jalon essentiel à la constitution d’un service express régional métropolitain (Serm) sur le territoire de la Métropole Aix-Marseille Méditerranée », commente Gares & Connexions. La fréquentation totale de la gare augmentera de plus de 50% (soit près de 19 millions de voyageurs chaque année) lorsqu’il sera mis en service.

 Le projet a été conçu par SNCF Gares & Connexions, maître d’ouvrage et exploitant des gares, et sa filiale AREP, associée à l’agence de paysage Atelier Roberta.

Ewa

« Ne pas se servir de la Société du Grand Paris comme d’un cheval de Troie »

Gilles Savary

Fin connaisseur du transport ferroviaire, Gilles Savary, ancien député socialiste de Gironde, salue le modèle de la Société du Grand Paris pour externaliser la maîtrise d’ouvrage de grandes infrastructures, et les financer. Mais il met en garde contre la pression fiscale, « fabrique à gilets jaunes », comme s’intitule son essai paru en début d’année (1).

Ville, Rail & Transports : Le gouvernement veut placer la Société du Grand Paris en orbite pour la réalisation des RER métropolitains et de leurs gares. Qu’en pensez-vous ?
Gilles Savary : C’est plutôt une bonne idée. Avec le Grand Paris Express, le plus grand chantier d’infrastructure européen, la SGP a fait ses preuves dans deux registres : un financement innovant et une maîtrise d’ouvrage complexe. Dotée d’une fiscalité propre (notamment la taxe sur les bureaux, ndlr), elle peut se refinancer sur les marchés financiers au rythme de la construction des projets. En France, l’offre ferroviaire est insuffisante par rapport à la demande, il y a des goulets d’étranglement sur le réseau, et c’est d’ailleurs pour les désengorger que l’on fait des RER métropolitains. Le chantier est énorme, les recettes de péage et les subventions sont à peine suffisantes pour maintenir le réseau ferré en état. La SGP peut amener des fonds plus rapidement mobilisables que des financements budgétaires.

Ce ne serait pas dévoyer le modèle SGP ?
G. S : Je connais les réticences extrêmes de SNCF Réseau et de Gares & Connexions devant la possible arrivée d’un nouvel acteur, immédiatement compétent. D’autant que SNCF Réseau sait qu’il n’a pas les capacités de production industrielle pour accomplir les RER métropolitains. Nous allons affronter une crise d’insuffisance de l’offre ferroviaire : la SGP, qui s’appellera autrement, est donc la bienvenue pour atteindre nos objectifs environnementaux et de report modal. Toutefois, la loi lui interdit d’intervenir là où le réseau ferré existant est exploité : ce qui l’exclut de la plupart des projets de RER métropolitains. Elle pourrait intervenir sur les lignes du Grand Est que la région veut remettre en exploitation. Ailleurs, elle aura des queues de cerises. Sauf à ce que SNCF Réseau en fasse un maître d’ouvrage délégué, ou un maître d’œuvre.
Mais la grande difficulté pour la SGP sera de mobiliser des ressources propres en levant de nouvelles taxes, car dans de nombreuses régions, c’est déjà fait pour les nouvelles lignes à grande vitesse ! Sud, Occitanie et Nouvelle-Aquitaine se sont fait piéger dans des sociétés de projets qui lèvent des impôts locaux, des taxes spéciales d’équipements et des taxes additionnelles aux taxes de séjour pour financer les LGV Bordeaux-Dax-Toulouse, Montpellier-Perpignan, Provence Côte d’Azur.
Dans les Hauts-de-France, Xavier Bertrand est très intéressé pour un RER métropolitain entre Lille et Hénin Beaumont. La SGP est partante, SNCF Réseau n’y voit pas d’inconvénient puisque ce sont des ouvrages ferroviaires nouveaux, mais pas question de créer de nouvelles taxes locales, avertit le patron de la région qui lève déjà des impôts pour la Société de projet du canal Seine-Escaut. Après ce siphonnage fiscal des territoires pour financer des infrastructures ferroviaires nationales, il n’y a plus d’argent !
On ferait mieux d’avoir des recettes fiscales claires et précises et de ne pas se servir de la SGP comme d’un cheval de Troie. Financer des LGV, dont la plupart des gens n’ont pas besoin dans des territoires qui sont en déficit de transports collectifs, par de la fiscalité locale impalpable mais qui a vocation a augmenter, c’est une bombe à retardement. Une fabrique de gilets jaunes ou de bonnets rouges, au choix… Exactement comme pour l’écotaxe ou la taxe carbone. Il aurait donc été bien plus judicieux de garder ces ressources pour les RER métropolitains.

Dans ces conditions, la SGP ne pourrait mettre qu’un pied dans la porte…
G. S : Elle construira peut-être des RER métropolitains si les élus mettent carte sur table et instaurent une taxe juste, pas en catimini, pour combler le déficit de transports collectifs. La SGP construira aussi peut-être des pôles d’échanges multimodaux, des gares. Mais par corporatisme, Gares & Connexions n’a pas très envie de voir débouler un nouveau maître d’ouvrage sur ce marché.

Propos recueillis par Nathalie Arensonas

La Ville inaccessible. Essai sur une fabrique des gilets jaunes. Ed. le Bord de l’eau, 290 p., 18 euros.

Ewa

L’enquête publique sur la ligne nouvelle Provence Côte d’Azur prévue à partir du 17 janvier

GareMarseille Saint-Charles

L’enquête publique sur les deux premières phases de la future liaison ferroviaire entre Marseille et Nice, préalable à leur déclaration d’utilité publique, sera ouverte du 17 janvier au 28 février, a indiqué Matignon le 28 décembre.

La première phase de la Ligne nouvelle Provence Côte d’Azur (LNPCA) comprend la construction d’une gare près de l’aéroport de Nice, l’ouverture d’un RER toulonnais et des aménagements à Marseille, qui doivent être mis en chantier dès 2023 pour une mise en service d’ici 2030. La deuxième phase concerne des aménagements entre Cannes et Nice et le percement d’un tunnel sous Marseille, dont l’ouverture est envisagée « d’ici l’horizon 2035 », a précisé Matignon dans un communiqué.

Le financement de ces deux phases, estimées à 3,5 milliards d’euros, avait fait en avril l’objet d’un accord entre le gouvernement et des collectivités locales de Provence-Alpes-Côte d’Azur: 40% de la somme doivent être apportés par l’Etat et 40% par les collectivités, les 20% restants devant être demandés à l’Europe.

Un établissement public local appelé « Société de la Ligne nouvelle Provence Côte d’Azur » va être créé à la demande des collectivités afin de percevoir une fiscalité locale dédiée au financement du projet.

A plus long terme, lors d’une troisième phase, il est prévu de construire une ligne nouvelle entre Nice et Cannes, tandis que dans une quatrième phase 4, des sections sont envisagées entre Aubagne (Bouches-du-Rhône) et Toulon et entre Cannes et Le Muy (Var). Aucune échéance n’est encore avancée pour leur réalisation.

Ewa

Projet LNPCA. Feu vert à l’enquête publique sur deux phases

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Le gouvernement a donné fin février son feu vert au lancement en 2021 d’une enquête d’utilité publique concernant deux phases du projet de nouvelle ligne ferroviaire entre Vintimille et Marseille, qui doit notamment permettre de désengorger la gare Saint-Charles dans la ville phocéenne.

La Ligne nouvelle Provence-Côte d’Azur (LNPCA) « vise à désaturer les noeuds ferroviaires de Marseille, Toulon, Nice et la Côte d’Azur pour répondre aux besoins de transports du quotidien de ces aires métropolitaines et à améliorer la régularité du réseau existant« , expliquent ses promoteurs.