
Cohésion sociale et sécurité. Deux des thèmes forts des campagnes municipales qui démarrent, se sont invités aux rencontres nationales du transport public (RNTP). Elles s’étaient ouvertes le 4 novembre à Orléans et viennent de se terminer, laissant une partie des intervenants rejoindre Versailles pour le congrès de l’association Régions de France, autre temps de fort de cette fin d’année pour les acteurs du transport. L’an prochain, c’est à Paris que se retrouveront les acteurs du transport public, du 9 au 11 juin, pour la première édition de Mobco, nouveau nom commun aux RNTP et au salon européen EuMoExpo qui se tiendra du 9 au 11 juin Porte de Versailles à Paris.
La sûreté mise en avant
Le ton « sécuritaire » a été donné dès le discours inaugural du ministre des Transports, Philippe Tabarot. Habitué ces derniers temps à évoquer les sujets de financement devant les professionnels du secteur, il a changé de registre et regretté que six mois après la publication de la loi de sûreté ferroviaire, les décrets d’application ne soient toujours pas signés, pour cause de texte « coincé » à la Cnil. Ce « grand défi sécuritaire » pour les transports a également été au centre de plusieurs tables rondes et l’occasion de quelques prises de parole virulentes, comme celles du maire d’Orléans Serge Grouard, hôte de la manifestation qui a réuni environ 8000 visiteurs et exposants.
L’agglomération qu’il préside a re-signé avec Keolis, fin 2024, un nouveau contrat de six ans pour la maintenance et l’exploitation de son réseau de transport public baptisé TAO. Ce contrat, de près de 500 millions d’euros, inclus tram, bus, vélos et grande nouveauté : du transport à la demande. RésaNuit fonctionne depuis septembre 24/24 7j/7, partout sur la métropole. Les navettes, de 9 à 20 places, sont équipées de caméras de vidéoprotection.Un bouton « appel d’urgence » est également installé sur l’application du réseau orléanais. Aucun utilisateur ne l’a encore activé pour contacter le 17.
Thierry Mallet, PDG de Transdev et président de l’UTPF a profité de la tribune des RNTP pour insister sur le « grand malaise du secteur » : « 55% des arrêts de travail sont liés à des conséquences psychologiques causées par des agressions, des arrêts qui se traduisent par 84 jours d’incapacité totale de travail (ITT) en moyenne ». Le phénomène n’épargne pas la RATP : « On est passé en trois ans de un à deux incidents par semaine à 1 par jour », confiait Jean Castex. À la SNCF, le nombre d’arrêts maladie dus à des agressions ou à des outrages graves a augmenté de 43% en très peu de temps.
Plus d’offre, mais pas plus d’argent
Les acteurs du transport public sont aussi revenus sur l’importance de leur secteur pour assurer la cohésion du territoire. Cela passe par la nécessité d’un choc de l’offre, en dépit de problèmes de financement. L’ouverture à la concurrence, notamment dans le ferroviaire, affiche un bilan « globalement positif » selon Jean-Pierre Serrus, vice-président de la région Sud chargé des Transports. L’exploitation de la première ligne ferroviaire française privatisée, Marseille-Nice, par Transdev, a atteint son objectif en permettant un doublement du nombre de sièges offerts. Ces moyens supplémentaires ou innovants sont exactement ce que les collectivités attendent pour lutter contre l’isolement de territoires ruraux, le sentiment d’exclusion de leurs habitants et le besoin de reconnecter les territoires oubliés.
Pour les professionnels, cette augmentation de l’offre doit s’opérer à moindre coût. Une stratégie bien intégrée par RATP Dev opérateur récemment pressenti pour l’Etoile de Caen et qui lui a aussi permis de remporter la délégation de service public relatif au réseau Txik Txak du Pays Basque Adour, face au sortant, Keolis. La filiale de la SNCF, qui attend le remplacement de Marie-Ange Debon, a profité de la tenue de l’événement à Orléans pour proposer aux visiteurs du salon un tour de ses activités locales. Comme ses concurrents, Keolis s’attend à 18 mois d’atonie, entre les élections municipales, l’installation d’un nouvel exécutif et le lancement de futurs appels d’offres.
Un appel aux idées neuves
« Chaque appel d’offres nécessite des idées neuves, mais impose aussi de nouvelles contraintes budgétaires », a rappelé Annelise Avril qui a accueilli sur son stand Jean Castex. Le premier déplacement à Orléans du nouveau PDG du groupe SNCF, et son tour des stands des RNTP, a pris des allures de visite ministérielle. Il s’est arrêté longtemps saluer les équipes de SNCF Voyageurs. Elles sont embarquées, elles aussi, dans un vaste projet de réorganisation. Les directions régionales, qui concernent 40 000 collaborateurs vont être restructurées en unité de gestion de délégation de service public avec une forte composante commerciale. Ce plan a été présenté après le gain par l’opérateur historique de deux des trois lots ouverts sur la région Sud. Il sera effectif à partir du printemps prochain, espère Christophe Fanichet, PDG de SNCF Voyageurs.


