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Ewa

La circulation alternée dans l’agglomération parisienne s’arrête le 18 mars, la gratuité des transports aussi

La circulation alternée des véhicules à Paris et en petite couronne n'a finalement été appliquée qu'une seule journée, le 17 mars … exactement comme cela avait été le cas en 1997, lorsqu’elle avait été appliquée pour la première fois, le 1er octobre, c'était aussi un jour impair et également un lundi.

Cette fois-ci, la décision de non-reconduction, a été prise « au vu des résultats » du 17 mars, qui montrent « une nette tendance à l'amélioration » de la pollution de l'air aux particules, a expliqué le ministre de l'Ecologie, Philippe Martin. Les niveaux de pollution aux particules devaient être le 18 mars « inférieurs au seuil d'information, a-t-il précisé. La circulation alternée pour Paris et les 22 communes de la petite couronne prend donc fin ce soir à minuit, ainsi bien sûr, à la fin du service, que la gratuité des transports publics communs », a ajouté le ministre.

Philippe Martin a par ailleurs salué « le civisme et la coopération des Franciliens », soulignant que « 90 % des véhicules en circulation dans la capitale avaient une plaque impaire ».

Loin des « craintes de pagaille et de blocage de Paris nés du souvenir de 1997 », les bouchons ont diminué « de 62 % par rapport à lundi dernier », a poursuivi le ministre de l’Ecologie qui a annoncé un bilan « plus complet et plus détaillé » dans les jours qui viennent.

La circulation alternée a eu des conséquences sur le covoiturage et la location de voiture. A l’image d’E-loue, qui se présente comme la première centrale de réservation entre particuliers. Son site enregistrait, dès le 16 mars, 30 fois plus de demandes pour des locations de voitures en Ile-de-France, l'important étant pour ces véhicules d'avoir une plaque d'immatriculation impaire, seule autorisée à circuler lundi, jour impair. « On s'est retrouvés rapidement à court de stock », reconnaît Alexandre Woog, le directeur du site. « On essaie de concilier l'offre et la demande, mais il y a beaucoup plus de demandes que d'offres » pour des voitures qui se louent entre 15 à 20 euros par jour, ajoute-t-il.

Blablacar, le site qui revendique 95 % des annonces de covoiturage en France, annonçait pour sa part une augmentation en Ile-de-France de 17 % des offres, tandis que les demandes bondissaient de 42 %.

« Il y a beaucoup de gens qui cherchent une solution (de transport), mais pas beaucoup qui trouvent », soulignait lundi Laure Wagner, porte-parole du site. Pour le covoiturage, « si c'est déjà compliqué de trouver un binôme, à trois ça devient quasi impossible ». Selon elle, la plupart des personnes intéressées par le covoiturage cherchaient lundi à se déplacer d'une banlieue vers une autre, plutôt que depuis ou vers Paris.

Paulin Dementhon, du site de location de voitures entre particuliers Drivy, a constaté « plusieurs dizaines de messages » supplémentaires sur son site dimanche et escomptait « 20 % de clients en plus » pour la journée du 17 mars. Son site, qui compte 200 000 inscrits, dont 40 % en Ile-de-France, a ajouté une mention spéciale sur son moteur de recherches pour que les clients puissent préciser s'ils proposent des voitures à l'immatriculation « paire ou impaire ».

Côté loueurs, certains comme Avis s’engageaient à rembourser les amendes (22 euros) de leurs clients qui auraient loué un véhicule immatriculé pair. Mais Europcar, a averti ses clients de la mesure, et prévenu qu’ils devraient payer leurs amendes.

Si les transports en communs ont probablement été plus empruntés, le 17 mars, il est impossible de comptabiliser cette hausse, comme l’a notamment regretté Pierre Mongin, le président de la RATP. En effet, les chiffres de fréquentation s’appuient essentiellement sur la validation effectuée pour accéder au réseau. Or, du fait de la gratuité appliquée depuis quelques jours, l’accès aux réseaux était libre.

Ewa

Un calculateur d’itinéraire pour toute la Lorraine

SimpliCim

Un calculateur d’itinéraire vraiment mulitmodal, puisqu’il agrège les données de 22 autorités organisatrices de transport, fonctionne depuis octobre dans toute la région Lorraine. Un calculateur d’itinéraire vraiment mulitmodal, puisqu’il agrège les données de 22 autorités organisatrices de transport, fonctionne depuis octobre dans toute la région Lorraine. SimpliCim, c’est son nom est accessible sur Internet (www.simplicim-lorraine.eu) et décliné en applications pour smartphone. Il permet de calculer son itinéraire via les transports en commun (bus, trains, trams) et les modes de transport écoresponsables (vélo, marche, covoiturage), en indiquant les lieux de départ et d’arrivée, ainsi que les horaires de départ et/ou d’arrivée souhaités. Fruit d’un projet débuté mi-2011 par la définition des besoins, la synthèse des systèmes existants puis l’élaboration des contours techniques, administratifs, juridiques et financiers du service souhaité, et enfin la signature, en février, d’une convention de partenariat entre la quasi-totalité des AO de la région, SimpliCim représente un investissement de 430 000 euros pour la région Lorraine, qui prend aussi à sa charge 50 % des frais de fonctionnement annuels.
La région étant transfrontalière, il est déjà prévu d’étendre, sous quelques mois, le service à la Grande Région, cet espace européen présidé par la Lorraine jusqu’à la fin de l’année, c’est-à-dire avec le Luxembourg, la Sarre, la Rhénanie-Palatinat, la Wallonie et Lorraine. Une interconnexion entre tous les systèmes d’information multimodaux existant sera réalisée via la plateforme EU-Spirit. SimpliCim s’inscrit dans la politique globale de développement durable et de préservation de l’environnement de la Lorraine. Ne serait-ce que parce qu’il offre la possibilité de calculer son trajet à vélo, ou encore en privilégiant la marche, et qu’il permet d’identifier les possibilités de covoiturage lorsque ce mode de transport est structuré. Enfin, il propose un calculateur d’émissions de CO2 de l’itinéraire choisi permettant à chacun de prendre conscience de l’impact environnemental de son trajet.    

C. N.
 

Ewa

Des Régio Duplex et des travaux de voie pour désembouteiller Genève – Lausanne

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Pour répondre à la hausse croissante de passagers sur la ligne Genève – Lausanne, les CFF ont présenté la semaine dernière le premier des treize trains Régio Duplex commandés à Stadler. Et prévu d’engager des travaux sur l’infra pour soulager un trafic souvent tendu. Les CFF ont présenté, la semaine dernière, la première d’une série de treize automotrices à deux étages qui rouleront sur l’axe Genève – Lausanne. Puissants et spacieux, les trains Régio Duplex sont construits par Stadler. Ils sont une réponse des CFF à la hausse croissante du nombre de passagers sur cette ligne très sollicitée. Chaque jour, 360 trains roulent sur ce tronçon majeur de la mobilité lémanique, avec un intervalle de quelques minutes à certaines heures. Plus de 50 000 voyageurs les utilisent quotidiennement. Et ce chiffre va doubler d’ici 2030 ! Les capacités actuelles sont saturées, surtout aux heures de pointe ! Ces trains à deux niveaux vont progressivement entrer en service à partir de cet été. Au changement d’horaire de décembre 2012, leur flotte sera au complet. L’atout principal de ces automotrices réside dans leur capacité : 337 places assises seront disponibles dans une rame de quatre voitures. Mais, aux heures de pointe, elles seront assemblées en composition double pour offrir 674 sièges aux passagers romands. Cela représente un gain de 33 % de places assises par rapport aux trains Régio actuels. Ces nouvelles rames de 100 m de long vont offrir plus de places, plus de confort et une accessibilité accrue pour les voyageurs à mobilité réduite. Elles sont adaptées aux principales gares de la côte lémanique et du pays fribourgeois. Mais cette croissance du trafic bute sur un obstacle : celui de l’infrastructure. Une seule double voie doit absorber tout le trafic entre Lausanne et Genève. En attendant une troisième voie complète pour relier les deux capitales lémaniques, quelques améliorations sont prévues pour soulager un trafic souvent tendu. D’ici 2020, deux points de croisement seront construits à Mies et à Pregny-Chambésy. Les finances vaudoises et genevoises en avanceront le budget nécessaire aux CFF. Une voie de dépassement fret sera réalisée entre Coppet et Nyon, deux villes de la côte vaudoise. Les études pour réaliser un tronçon à quatre voies entre Nyon et Allaman seront financées par les cantons de Vaud et de Genève. De même pour un segment à trois voies d’Allaman à Renens, aux portes de Lausanne. Sur le secteur lausannois, une quatrième voie et un saut-de-mouton devraient permettre au RER vaudois d’atteindre la cadence au quart d’heure. Le même objectif est fixé pour les trains régionaux circulant dans l’agglomération genevoise, de Coppet à Lancy-Pont-Rouge. Dès 2018, les Duplex Régio rouleront jusqu’à Annemasse (74) sur le réseau Ceva. Le bouclage du financement de la partie française de cette infrastructure transfrontalière a fait l’objet d’une réunion entre les partenaires institutionnels français. Le 27 avril, les représentants de l’Etat, de la région Rhône-Alpes, de RFF, de la Haute-Savoie et des communes du Chablais se sont engagés à augmenter leur participation à ce projet majeur pour le bassin lémanique. RFF en a chiffré le montant total à 321,55 millions d’euros. Cette voie sera sous tension suisse (15 kV) jusqu’à Annemasse. Enfin, les CFF ont exprimé la nécessité d’agrandir, d’ici 2030, la gare de Genève-Cornavin. Ils doivent pour cela raser près de 350 logements dans le secteur nord de la gare. De dures batailles juridiques sont à prévoir. La métropole lémanique a déjà les trains, en attendant l’infrastructure.
    

Thierry-Pierre Graindorge
 

Ewa

Homologation des trains en Allemagne : l’industrie ferroviaire dénonce le manque de transparence

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Le torchon brûle entre les constructeurs et l’EBA, l’agence qui délivre l’agrément de circulation en Allemagne. Les procédures sont jugées trop longues et aléatoires. Il y a six mois, Bombardier pensait sûrement avoir fait le plus dur en produisant dans les délais impartis 60 automotrices commandées par la Bahn. C’était oublier l’EBA, l’agence chargée d’homologuer les matériels avant leur mise en service. Car les fonctionnaires estiment que le cahier des charges n’est pas rempli : les automotrices ne répondraient pas aux normes en vigueur, ce que conteste le constructeur. Et pendant que chacun se renvoie la balle, les matériels sont immobilisés, au grand dam de la DB, qui perd patience. « Nous et nos usagers sommes les victimes de ce différend », déplore Rüdiger Grube.

Loin d’être un cas isolé, ce différend illustre les tensions croissantes entre l’industrie ferroviaire et l’Eisenbahn-Bundesamt autour de la question des normes de sécurité. Les procédures de l’EBA sont jugées trop longues et, surtout, aléatoires.

Selon les constructeurs, l’office ferait preuve d’une précaution exagérée, multipliant les contrôles et les exigences dont l’utilité ne serait pas toujours prouvée. Parfois, l’EBA changerait même brutalement ses prescriptions au beau milieu du processus d’homologation. Conséquence : des délais de livraison « retardés de plusieurs mois », dénonce la VDB, la fédération des industries ferroviaires. « Cela ternit notre image de marque et implique des coûts supplémentaires qui se chiffrent en dizaine de millions d’euros. » Sans compter les conséquences en cascade pour les opérateurs. Keolis en sait quelque chose : fin 2009, la reprise d’une franchise dans la Ruhr avait tourné au cauchemar, faute de trains ayant reçu l’agrément de circulation.

De fait, certains reprochent aux fonctionnaires de chercher avant tout « à se couvrir » : l’EBA vivrait dans la crainte des poursuites judiciaires qui pourraient être engagées à son encontre si elle autorisait la mise en circulation de trains à la sécurité défaillante.
 
Alors que le torchon brûle, le ministère des Transports a mis sur pied un groupe de travail. Objectif : publier une liste détaillée et exhaustive des normes exigées. Une façon de couper court aux contestations et d’accélérer ainsi la mise en service des matériels. Une décision saluée par la Bahn : 163 automotrices, dont celles produites par Bombardier, devraient recevoir le précieux sésame avant la fin de l’année, après de long mois d’attente.

Ewa

Woojin lance son monorail Smart

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Le monorail de Woojin est petit, léger, modulable, peu coûteux, et convient parfaitement aux villes petites et moyennes, ainsi qu’aux parcs de loisirs et de tourisme. Visite en Corée. Le 25 novembre dernier, le Coréen Woojin a officiellement présenté au public et aux autorités du pays son Smart, un monorail de petite taille circulant sur un rail de type straddle-beam (steel box), à motorisation par induction en cage d’écureuil, capable d’emporter, selon la configuration, de deux à six voitures, avec conducteur ou entièrement automatisé, soit entre 58 et 206 passagers par rame, à une vitesse de 40 km/h.

« Le Smart cible deux marchés potentiels : les parcs de loisirs et les zones touristiques d’une part, les villes petites et moyennes souhaitant se doter d’un système de transport léger d’autre part », explique Sang Hoon Hwang, directeur général de l’entreprise.

Sur le premier segment, en développement dans la région, et notamment en Asie du Sud-Est, Woojin s’inspire du précédent du parc de l’île de Wolmido, à Incheon, qui s’est doté d’un monorail desservant ses attractions, conçu et réalisé par l’Américain Urbanaut. Sur le second, il s’agit de proposer aux municipalités intéressées une alternative moins coûteuse aux systèmes de transport léger sur rail (LRT), fournis jusqu’à présent par Siemens, Bombardier, Hitachi, Hyundai-Rotem et… Woojin lui-même, qui fabrique avec succès le K-AGT, un métro léger qui circulera notamment sur trois lignes en cours de construction dans le pays : la Bansong line à Busan, et les lignes Sillim et Dongbuk à Séoul. Dans un contexte de raréfaction des financements disponibles pour ces projets, pour lesquels il existe cependant une forte demande en Corée, l’offre d’un monorail léger peut se révéler pertinente.

Woojin a, en tout cas, tout fait pour réduire les coûts du sien, insistant en particulier sur la réduction de la distance entre les bogies du Smart, spécialement conçu à cette fin, et le rail, ce qui permet à ce dernier d’être plus léger et de taille réduite : 0,8 m contre 1,80 au monorail Hitachi de grande capacité qui roulera sur la ligne 3 du métro de Daegu. Ce monorail Hitachi confère d’ailleurs à Woojin une légitimité et une expertise pour se lancer dans l’aventure du Smart, puisque, par une obligation contractuelle d’assembler sur place le matériel roulant, imposée par la ville de Daegu, c’est le Coréen qui assemble, en sous-traitance, les véhicules du Japonais, dans son usine d’Ochang, au sud de Séoul, et lui fournit les équipements électriques embarqués.

Sur le plan commercial, Woojin table sur un premier contrat pour son monorail d’ici la fin 2011.

Ewa

L’Allemagne va tester les trains de marchandises XL

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Pour faire face à l’explosion attendue du trafic de fret, le gouvernement va autoriser les convois de 834 mètres de long. Une décision accueillie avec scepticisme par le secteur ferroviaire qui dénonce un projet « gadget ». Comment absorber l’explosion du trafic de fret en Allemagne ? Voici, LA grande question qui agite Peter Ramsauer. Le ministre des Transports est confronté à des prévisions spectaculaires : d’ici 2025, le transport de marchandises doit progresser de 70 %.

Problème : dans le contexte actuel de rigueur budgétaire, l’heure n’est pas aux grands travaux. Alors que les infrastructures sont déjà passablement engorgées, il faut trouver d’autres solutions pour éviter l’asphyxie.

Pour le ministre, la parade tient dans cette formule : « faire mieux, avec les mêmes moyens ». Par exemple, en autorisant la circulation de trains de fret plus longs : 834 mètres, contre les 740 maximum acceptés aujourd’hui. L’idée est simple : chaque convoi pourra transporter davantage de biens, limitant ainsi la circulation et l’encombrement des voies.

Dès l’année prochaine, ces trains XL devraient circuler régulièrement entre Padborg au Danemark et Maschen, près de Hambourg. Une première « très importante » pour la DB qui opérera sur cette ligne : « cette solution nous permet d’augmenter rapidement nos capacités », commente un porte-parole.

Pour autant, il faudra attendre encore longtemps, avant que se généralisent ces convois sur l’ensemble du réseau. Au-delà des questions de sécurité, il convient d’adapter les infrastructures. « Il faut notamment prévoir des voies d’évitement, car sur la plupart des lignes, les trains de voyageurs ont la priorité », rappelle Heidi Tischmann du Verkehrsclub Deutschland, l’un des principaux lobbies du rail. Autrement dit, d’importants investissements sont nécessaires pour transformer l’essai à grande échelle.

De fait, beaucoup considèrent que le petit feu vert donné aux trains « grand format » n’est qu’une maladroite compensation à une autre initiative de Peter Ramsauer, plus ambitieuse celle-là : l’arrivée sur les routes du pays de camions géants, de 25 mètres de long. Pas moins de 500 entreprises de transport devraient participer à un projet pilote dès l’an prochain.

Une décision très contestée par le secteur ferroviaire qui redoute de voir sa part de marché s’effriter encore davantage, après le net recul subi en 2009 sous l’effet de la crise. De quoi aussi douter de la sincérité des objectifs affichés par le gouvernement d’Angela Merkel qui entend faire passer à 25 % la part modale du rail, contre 16 % aujourd’hui.

Ewa

Train ou autocar, un problème mal posé : « Il est plus rationnel de moderniser la voie ferrée et son exploitation »

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Le car est souvent irremplaçable, particulièrement pour desservir des territoires périurbains et ruraux dépourvus de voies ferrées, mais il ne peut pas tout faire. Mais dès lors qu’il s’agit de dessertes régionales ou interrégionales, il faut donner toutes ses chances au train et ne réduire son rôle que là où son manque de pertinence économique est incontestable. Car vouloir transférer du trafic du train sur le car revient en réalité à en reporter sur la voiture L’autocar est évidemment irremplaçable pour la desserte des territoires périurbains et ruraux dépourvus de voies ferrées en activité, ce qui est le cas le plus fréquent. Régulier ou à la demande, le transport par car offre la seule possibilité d’assurer un véritable service public, dont le covoiturage ne sera jamais qu’un palliatif très imparfait.

Les départements du Calvados et de l’Isère, par exemple, ont beaucoup investi depuis une quinzaine d’années pour améliorer et étendre les services de car. Mais on est encore loin de l’optimum « suisse » où chaque commune serait desservie à une fréquence élevée.?Les autocaristes ont donc devant eux un vaste champ de développement de leurs activités car les dessertes de bien des départements sont encore médiocres.

Le cas des territoires riverains d’une voie ferrée est bien différent. Si cette voie relie typiquement une ville moyenne à une ville de moindre importance en traversant une zone périurbaine puis rurale, la faible densité de la population desservie est une cause de fragilité des services existants. Faut-il pour autant en déduire sommairement, comme le recommande la Cour des comptes, qu’il faut supprimer 7 800 km de lignes peu utilisées, soit le tiers du réseau TER, ou, comme le proclame la FNTV (Ville, Rail & Transports du 28 juillet 2010), que « le train ne peut pas tout faire » et que l’autocar doit le remplacer ?

Bien entendu, la Fnaut ne réclame pas qu’on en revienne au réseau ferré Freycinet d’avant 1914, constitué pour une part de lignes « électorales » qui, dès l’origine, n’avaient aucune pertinence économique. Mais les lignes qui ont subsisté, malgré l’acharnement de la SNCF à les faire disparaître, jouent aujourd’hui un rôle structurant important, et plusieurs régions ont même des projets de réouvertures, en particulier la région Paca à la suite de celle, très réussie, de la ligne Cannes – Grasse dont l’emprise avait été judicieusement préservée.
Avant de transférer sur route des dessertes TER ou, ce qui est plus difficilement réversible, de fermer des lignes, il faut poser correctement le problème.

 

 

 

1 – Il faut d’abord s’interroger sur les causes d’une trop faible fréquentation et tenter de maximiser la clientèle. Or :

• bien des lignes à faible trafic ne bénéficient d’aucune promotion commerciale et sont pénalisées par des fréquences squelettiques, des horaires inadaptés et des correspondances dissuasives ;

• il n’est pas rare que des dessertes TER soient asséchées par un service de cars parallèle, bénéficiant de surcroît d’une tarification très basse. Dans les Alpes-Maritimes, les cars à 1 euro ont un succès commercial incontestable, mais détournent une partie de la clientèle des TER, en particulier sur la ligne Nice – Digne ;

• les retards répétitifs et les ralentissements liés à la dégradation de la voie découragent la clientèle du TER ;

• des investissements modestes sur la voie ou le matériel roulant permettraient souvent de rendre une desserte TER plus fiable et plus attractive (relèvement ponctuel de la vitesse, création d’un point d’évitement sur une ligne à voie unique, déplacement d’une gare mal située, introduction d’un matériel mieux adapté au profil de la ligne) ;

• les régions, qui n’ont pas de compétence routière obligatoire, pourraient prendre en charge plus aisément ces investissements si elles réduisaient leurs dépenses routières, lesquelles contribuent d’ailleurs à rendre le TER moins attractif que la route.

Un exemple affligeant est celui de la ligne du Blanc-Argent, en Sologne, qui assure un trafic annuel de l’ordre de 400 000 voyageurs : depuis juin 2010, la vitesse est ramenée de 70 à 40 km/h sur l’ensemble du parcours, d’où des ruptures de correspondances avec les lignes Orléans – Vierzon et Tours – Vierzon. Dix millions d’euros seulement seraient nécessaires pour supprimer le ralentissement…

 

 

 

2 – Il faut aussi s’interroger sur les coûts d’exploitation du TER par la SNCF.

Comme la Fnaut l’affirme depuis longtemps, c’est précisément sur les lignes à faible trafic que l’ouverture du TER à la concurrence pourrait permettre de réduire fortement ces coûts, d’améliorer la qualité de service, d’élargir la clientèle et d’augmenter les recettes. Au lieu de freiner stérilement cette perspective, l’Etat et les régions devraient l’accélérer : le succès déjà ancien, trop peu médiatisé, de la CFTA sur la ligne Carhaix – Guingamp – Paimpol devrait les y inciter (trafic +30 %, coûts -30 %). La réintroduction d’une desserte fret peut par ailleurs soulager le TER d’une partie des charges d’infrastructure.

 

 

 

3 – Une erreur fréquente consiste à admettre que le train et le car rendent le même service.

Le car est évidemment mieux adapté aux dessertes fines du territoire (et des centres-villes quand les gares sont très excentrées) et aux trafics de faibles volumes. Inversement, en raison de sa faible capacité, il n’a pas l’aptitude du train à encaisser les pointes de trafic, et des doublements sont souvent nécessaires, par exemple, entre Agen et Auch ou Villeneuve-sur-Lot.

Son confort est limité par les virages et les cahots. Les sièges sont très serrés, le port de la ceinture est obligatoire, on ne peut pas se déplacer pour se dégourdir les jambes. L’accessibilité est médiocre (plancher haut, couloir étroit), et le transport des bagages encombrants, voitures d’enfants et fauteuils roulants est difficile. Les toilettes sont absentes ou fermées, et il est interdit de se restaurer pour éviter au chauffeur la corvée du nettoyage. Les gares routières sont moins confortables que les gares ferroviaires. Le confort, c’est aussi la possibilité de valoriser la durée du trajet : comment déployer un journal, étaler des dossiers ou utiliser un ordinateur dans un car ? Par temps sombre, l’éclairage intérieur est insuffisant.

 

 

 

4 – Sauf cas très particuliers mis en avant avec complaisance,

les temps de parcours sont sensiblement plus longs qu’en train – et pas seulement dans les zones montagneuses –, tel par exemple entre Tours, Châteauroux et Montluçon. Il fallait même 2 heures 30 pour un trajet de 100 km entre Bordeaux et la pointe de Grave avant le retour du train. La vitesse du car est limitée par la congestion aux entrées et sorties de ville et, à la traversée des villages, par les ralentisseurs. Les horaires sont toujours aléatoires, les correspondances jamais acquises.

Les dessertes routières de l’Ardèche sont parmi les meilleures, mais l’horaire du car Aubenas – Montélimar qui assure la correspondance avec le TGV intègre une marge de l’ordre de 15 mn.

C’est bien là une faiblesse de l’autocar : compte tenu des aléas du climat et de la circulation routière et de la longueur variable des arrêts, fonction du nombre de voyageurs et du temps de délivrance des billets, seule une marge de sécurité importante permet de garantir la correspondance avec les trains.

 

 

 

5 – Ceux qui ne le prennent jamais (ministres, grands élus…)

vantent volontiers l’autocar, mais passer du train au car implique, inévitablement, une régression de la qualité de service. Georges Frêche le reconnaissaitt implicitement quand il déclarait : « Les lignes qui ne sont pas rentables, il faudra bien les fermer ; les gens prendront le car, ils n’en mourront pas… »

Et, logiquement, tout transfert sur route se traduit par une évasion de clientèle, de l’ordre de 30 % selon la Cour des comptes : il faudrait en tenir compte quand on compare les performances environnementales du train et du car, le report sur la voiture augmentant la consommation de pétrole, les nuisances, la congestion et les risques d’accident.

Dans son ouvrage très documenté Des Omnibus aux TER (éditions La Vie du Rail, 2002), Pierre-Henri Emangard cite un taux moyen de perte de trafic de 37 % lors des nombreux transferts intervenus dans les années 1970. Un taux de 50 % aujourd’hui est vraisemblable. En effet, depuis 30 ans, le taux de motorisation des ménages est passé de 60 % à plus de 80 % ; le confort et la fiabilité des voitures se sont améliorés ; le réseau routier a été modernisé ; le prix des carburants, rapporté au salaire moyen, a été divisé par 3. Enfin, les dessertes ferroviaires étaient très mauvaises en 1970.

Des données précises sont connues pour le cas inverse d’un transfert sur rail. Sur la relation Nantes – Pornic, assurée par car en 1990, des trains ont été introduits en été, puis la desserte a été entièrement basculée sur rail en 2001-2002. La hausse du trafic a été spectaculaire : entre 2000 et 2005, le nombre de voyageurs a été multiplié par 3,5.

Il faut aussi admettre que le réseau ferré forme un tout et que, pour les voyageurs comme pour le fret, il est dangereux d’en élaguer les branches les moins fréquentées. Supprime-t-on les lignes de bus peu fréquentées d’un réseau urbain ? Ce qui compte, c’est la fréquentation globale du réseau TER, la fréquentation d’une ligne donnée est moins significative.

Remplacer les trains par des cars aux heures creuses ? La Fnaut ne s’y oppose pas par principe, mais elle s’interroge sur la réalité des économies ainsi réalisées (le matériel et le personnel ferroviaires sont alors inutilisés), et elle observe que le panachage train-car désoriente les voyageurs et les dissuade d’utiliser le TER. Bien d’autres mesures peuvent être prises avant d’en arriver là.

Il est irrationnel de condamner prématurément le train et de fermer des lignes peu utilisées parce que mal équipées et mal exploitées. Il faut au contraire essayer de les valoriser après des années de défaitisme et de dogmatisme antiferroviaire, car une hausse du prix du pétrole est inévitable à moyen terme et susceptible de provoquer une forte hausse de leur fréquentation (la SNCF envisage un quadruplement du trafic TER).

 

 

 

Les relations intercités

La FNTV et le député Hervé Mariton réclament que les autocaristes soient autorisés à exploiter des services express à moyenne et longue distances sur autoroute, « en complémentarité avec le train ». Il est normal, et souhaitable, qu’une telle autorisation leur soit déjà accordée pour les relations sur lesquelles, faute de voie ferrée directe, le train n’est pas compétitif par rapport au car express, par exemple Nice – Aix-en-Provence ou Nantes – Poitiers. Mais, hors de ces cas très particuliers, le train et le car sont inévitablement en concurrence sur les liaisons intercités : la FNTV parle d’ailleurs d’offre « alternative ou complémentaire au rail » et imagine que « des lignes d’autocars pourraient utilement remplacer les lignes ferroviaires en grande difficulté ».

Exploiter les deux modes en parallèle ne pourrait en effet qu’affaiblir le train, en le privant d’une partie de sa clientèle – au moment même où l’Etat cherche à maintenir et à développer les trains dits « d’équilibre du territoire ». Le voyageur serait perdant car les services ferroviaires les plus fragiles disparaîtraient (Caen – Rennes, Lyon – Bordeaux), la circulation automobile augmenterait et les autocaristes ne capteraient qu’une clientèle limitée attirée par une offre « low-cost » : quel intérêt pour la collectivité ?

Sur les axes plus importants, on peut se demander si le car aurait du succès, car le public préfère le train. Selon une étude récente commandée par la SNCF, les usagers des trains Intercités réclament (avant même la ponctualité ou un bar) des prises de courant pour faire fonctionner les appareils permettant de valoriser leur trajet : ordinateurs, lecteurs DVD, smartphones, téléphones, lecteurs MP3… Aucun car n’offre ce type de service.

Anecdote significative : en janvier 2010, un train Granville – Paris est resté arrêté une heure à Argentan. « Il y a eu une surcharge, et les voyageurs n’ont pas souhaité emprunter les cars mis à leur disposition », a expliqué la SNCF. Le car de substitution n’est accepté par les usagers qu’en cas de grève, faute d’alternative.

A cette réticence naturelle du public s’ajouterait la perte de temps. Le meilleur temps par rail entre Lyon et Turin (TER + Artesia) est actuellement de 4 heures 36 avec 50 mn de correspondance à Chambéry. Le même trajet en car direct TER Rhône-Alpes SNCF avec arrêt de 1 mn seulement à Chambéry se fait en 4 heures 25. Avec le rétablissement des trains directs, le rail pourrait donc être bien plus performant que la route. Ce constat est d’autant plus significatif que l’exemple choisi est favorable à l’autocar (qui circule sur autoroute de bout en bout), alors que les voies ferrées concernées sont anciennes, partiellement à voie unique, à vitesses limitées et très fréquentées.

Les trains Corail Intercités Nantes – Bordeaux ont un temps de parcours identique depuis 30 ans : 4 heures 05 pour 376 km. Par autoroute, le trajet (340 km) dure environ 3 heures 30 en voiture, arrêts non compris. Si des dessertes routières coordonnées avec le rail étaient créées, les pointes de trafic ne pourraient être assurées par le car, d’où une desserte panachée selon les jours et heures, une baisse de productivité du matériel ferroviaire, des horaires très complexes et peu lisibles, et la quasi-impossibilité d’organiser des dessertes ferroviaires sur les parcours « débordant » le tronçon Nantes – Bordeaux.

A terme, la concurrence du car fragiliserait le train. Si celui-ci disparaissait, le voyageur se reporterait sur la voiture. Avec une vitesse limitée à 90 km/h sur autoroute et de nombreux parcours hors autoroute pour desservir les villes intermédiaires, la vitesse commerciale du car ne pourrait être en effet que très inférieure à celle du train, même dans le cas défavorable au rail analysé ici. Il est donc plus rationnel de moderniser la voie ferrée et son exploitation.

En conclusion – et c’est aussi le point de vue des associations d’usagers de Grande-Bretagne, d’Allemagne ou de Suisse –, il faut entièrement repenser les relations entre train et autocar pour tirer le maximum de chaque technique, afin d’attirer les automobilistes. Le car a un large créneau de pertinence mais ne peut pas tout faire : ce n’est pas parce que le rail présente des lacunes sur certaines liaisons que la route y est forcément mieux adaptée.

Qu’il s’agisse de dessertes régionales ou interrégionales, il faut donner toutes ses chances au train, et ne réduire son rôle que là où son manque de pertinence économique est incontestable. Cette démarche de bon sens implique de coordonner train et car de manière rationnelle, de ne pas disperser l’offre sur deux modes concurrents mais de massifier le trafic sur l’ossature ferroviaire, le car assurant des rabattements ou des dessertes plus fines sur les itinéraires non desservis par le rail. Vouloir transférer du trafic du train sur le car revient en réalité à en reporter sur la voiture, à l’inverse des objectifs du Grenelle de l’environnement.
 

 

Par Jean SIVARDIERE, président de la Fnaut (Fédération nationale des associations d’usagers des transports).

Ewa

La bataille Eurostar se poursuit en justice

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Alstom UK versus Eurostar PLC. Les filiales anglaises des deux groupes s’affrontent en justice, suite à l’attribution à Siemens du contrat de « TGV » de l’opérateur transmanche. Après le grand déballage public, « l’affaire Eurostar » se joue maintenant dans les prétoires.

Ulcéré par le résultat de l’appel d’offres Eurostar, mais aussi par la manière dont a été conduit le premier appel d’offres de TGV passé de manière autonome par l’exploitant ferroviaire Transmanche, Alstom poursuit ses actions en justice sur deux fronts. Devant la Haute cour de Londres, le jugement en référé a, certes, établit qu’Alstom n’a pas pris l’appel d’offres Eurostar suffisamment au sérieux, en se référant notamment à un audit interne d’Alstom. Mais le groupe français à bien montré à travers son recours que certaines irrégularités avaient émaillées la procédure d’appel d’offres. « Contrairement à ce qui a pu être écrit, notre action devant la Haute cour de justice de Londres se poursuit. Le juge a souligné que les offres ont dû se faire sur une cible mouvante et que les véritables critères d’évaluation n’ont pas été communiqués. Nous avons d’excellentes raisons de poursuivre notre action sur le fond » explique le directeur général d’Alstom Transport France Jérôme Wallut. Autre point soulevé durant l’audience, le fait que Siemens a eu pour consultant « Interfleet », celui-là même qui a préparé l’appel d’offres pour le compte d’Eurostar. La défense devra apporter la preuve qu’Interfleet a bien érigé des « Chinese wall » entre ses deux clients, faute de quoi, il y aura clairement un problème de conflit d’intérêt. La mention vantant la mission d’Interfleet auprès d’Eurostar a d’ailleurs bizarrement disparu du site internet du consultant britannique, et à l’heure ou nous écrivions ces lignes Interfleet n’avait pas apporté la preuve que des consultants différents aient travaillé pour Eurostar et Siemens. Sur le front bruxellois, la plainte d’Alstom devant la DG market a entraîné l’ouverture d’une enquête par la Commission européenne. Les autorités britanniques doivent répondre aux questions posées par la Commission sur le respect des procédures sous 4 semaines, soit avant le 23 novembre. La Commission pourra se satisfaire de ces réponses ou poursuivre ses investigations, ce qui peut prendre des mois, voire des années. Mais les poursuites d’Alstom seront-elles maintenues jusqu’à ce terme ?

Plusieurs sources estiment qu’à ce stade, l’industriel français peut tirer un trait sur cette commande, mais que son action vise à obtenir des compensations financières à la hauteur du préjudice subi, sur la base des irrégularités qu’il a pointé. Dans cette histoire, Alstom s’est senti floué, utilisé comme un lièvre par un donneur d’ordre qui avait, selon lui, fait son choix dès le départ : « Ce qui a été mal vécu chez nous est que depuis le 14 septembre 2009, Eurostar nous a toujours dit qu’il n’achèterait pas tant que les règles de la CIG ne seraient pas modifiées. Qu’Eurostar ait eu depuis le début une préférence pour Siemens, pourquoi pas, mais il ne peut pas l’avantager en tordant les aiguilles. On veut bien jouer et l’on accepte de perdre, mais il faut que les procédures soient claires. Au bout du compte, notre constat amer est qu’Eurostar a tout fait pour que l’on reste dans la course, sans être en mesure de gagner. Acheter des trains est un réel métier. Ce n’est pas de l’arrogance, que de dire cela. C’est du business, on ne peut pas laisser passer cela » explique Jérôme Wallut. Si l’on se réfère à ses auditions lors de l’examen du référé par la Haute cour de Londres, Eurostar – qui ne souhaite plus s’exprimer publiquement sur cette affaire –, estime pour son compte qu’il a convenablement et équitablement informé Alstom sur ses intentions et la procédure et que le problème vient surtout de l’insuffisante implication de l’industriel français dans cet appel d’offres auquel il a répondu au départ « a minima ». En juin 2009 faute de visibilité sur le référentiel technique, Alstom a, en effet, arrêté de travailler sur l’offre et n’a repris qu’en septembre à la demande d’Eurostar. La justice tranchera sur les questions formelles, mais sur le fond de cette affaire, deux questions risquent de rester ouvertes. La première pour Eurostar : comment un opérateur aussi averti a-t-il pu mener sa consultation en laissant planer à ce point le doute sur ses intentions réelles de passer à l’acte d’achat, avec toutes les conséquences que cela peut avoir pour ses fournisseurs ? La deuxième pour Alstom : comment un industriel ayant une telle expérience des appels d’offres a-t-il pu à un tel point se méprendre sur les réelles intentions d’un client qu’il est censé connaître si bien ?

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Un convoi nucléaire sous haute surveillance

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« Jamais un transport de déchets nucléaires n’aura duré aussi longtemps », a souligné le réseau Sortir du nucléaire dans un communiqué du 9 novembre, après l’arrivée en Allemagne d’un train de déchets radioactifs qui avaient été retraités par Areva à l’usine française de La Hague dans la Manche. Le convoi, composé de wagons spécialement conçus, transportait 11 emballages de déchets nucléaires vitrifiés dans 308 conteneurs représentant un poids total de 154 tonnes.

Il était parti de la gare de Valognes le 5 novembre vers 14h20. Il est arrivé le 9 novembre à 9h25 à son terminus ferroviaire de Dannenberg après un périple de quelque 1 500 kilomètres, fortement perturbé par des militants antinucléaires venus en nombre. Le chargement a ensuite été transbordé sur 11 camions pour effectuer les 20 derniers kilomètres jusqu’au site de stockage de Gorleben, dans le nord de l’Allemagne, en Basse-Saxe.

Il s’agissait du onzième convoi depuis 1996 rapatriant outre-Rhin des déchets nucléaires allemands retraités en France, ce qui porte à 2 716 le nombre de conteneurs retournés en Allemagne, soit 90 % du total des conteneurs.

Jamais la mobilisation n’a été aussi forte dans les rangs des opposants. Le convoi a mis deux fois plus de temps que prévu pour atteindre sa destination et a nécessité une mobilisation énorme de moyens de police. Moins de deux heures après son départ, il a été bloqué une première fois juste avant la gare de Caen par cinq militants qui s’étaient enchaînés aux rails. « Trois d’entre eux ont été très sérieusement blessés lors de leur désincarcération par la police », raconte une porte-parole de Sortir du nucléaire. À Sotteville-lès-Rouen, poursuit-elle, « la direction de la SNCF est intervenue pour interdire des mesures du taux de radioactivité au passage du train alors qu’un militant du réseau Sortir du nucléaire, une personne de Sud-Rail et quatre membres d’Acro, une association de contrôle de la radioactivité, avaient négocié ces mesures avec les autorités publiques. Ces personnes ont tout de même réalisé les mesures en se plaçant au niveau d’un pont à 6 mètres du convoi et ont observé un taux 20 fois supérieur au taux de radioactivité naturelle enregistrée quelques minutes avant le passage du train. Or, ce train passait à grande vitesse, ce qui a minimisé la mesure ». Selon elle, Greenpeace Allemagne a également réalisé des mesures à Gorleben, qui ont révélé un taux 480 fois supérieur.
Dans la nuit de dimanche à lundi, le convoi est encore resté bloqué à environ 25 km de Dannenberg, les militants occupant les rails et les abords de la voie ferrée.

Pour Areva, « il est pour le moins paradoxal que ceux-là mêmes qui prétendent dénoncer la dangerosité du transport s’évertuent à affaiblir les mesures de sécurité qui l’entourent en menant des actions ou en divulguant des informations destinées à entraver sa bonne marche ». Les conditions de transport des déchets nucléaires sont en effet strictement encadrées par la réglementation nationale et internationale et l’entreprise ne communique pas sur le trajet du train à l’avance pour éviter les actes malveillants. Areva travaille évidemment en coordination étroite avec les autorités publiques, notamment celles chargées de la sécurité. Les convois sont suivis grâce aux réseaux de satellites GPS et Inmarsat. Il existe différents types de colis en fonction des caractéristiques des matières à transporter. Le transport doit être sécurisé par la robustesse des emballages, qui l’est d’autant plus que la radioactivité est élevée. « Le convoi est une forteresse roulante. Le dispositif mis en place assure une sécurité maximale du transport. La radioactivité des déchets est piégée dans du verre inaltérable et les emballages sont conçus pour résister à des agressions ou accidents extrêmes tels qu’une collision avec un train à grande vitesse ou la chute d’un avion », précise Areva.

Les opposants répondent qu’ils cherchent à faire entendre leur « message sur les risques du nucléaire et le problème de la gestion des déchets ». Objectif atteint.

Ewa

La grande vitesse et les autoroutes paieront les trains interrégionaux

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Un contrat de trois ou quatre ans entre la SNCF et l’État devrait assurer le proche avenir des trains interrégionaux et Lunéa, qui ont atteint un seuil de déficit intenable. Grâce à une rémunération de l’État via une taxe sur les autoroutes. Et surtout grâce à la SNCF elle-même, grâce à la suppression de la taxe professionnelle. En échange, elle pourra fixer librement les tarifs des trains à grande vitesse. Au bout du compte, c’est le voyageur qui paiera. Le Président de la République a souhaité se mettre en première ligne pour pérenniser les trains d’aménagement du territoire. Il y a plusieurs mois, Nicolas Sarkozy avait demandé au secrétariat d’État aux Transports de trouver une solution pour les trains Corail dont le déficit pèse lourdement sur les comptes de la SNCF. Le dispositif bouclé, il devrait le dévoiler lui-même ce mois-ci.

Une convention concernant une quarantaine de lignes pourra bientôt être signée entre l’entreprise et l’État. Ce contrat, qui devrait courir sur trois, voire quatre ans, devrait être approuvé lors du conseil d’administration de la SNCF le 27 octobre, afin de pouvoir être appliqué à partir de janvier prochain. Les lignes concernées englobent les Corail, Téoz, Intercités et les trains de nuit Lunéa, rebaptisés « trains d’équilibre du territoire ». Jusqu’à présent, la SNCF organisait une péréquation interne entre ses liaisons rentables et déficitaires. Mais depuis des années, elle réclamait une autre solution, expliquant que le système ne serait plus tenable à l’avenir : d’une part, les recettes de ses TGV s’amoindrissent, d’autre part, le déficit de la plupart des Intercités est tel qu’il ne permet pas de renouveler le matériel qui arrive en fin de vie.

En signant cette nouvelle convention, l’État va devenir l’autorité organisatrice de ces transports interrégionaux. Le gouvernement va définir un niveau de dessertes et rémunérer la SNCF pour ce service. Les pertes de ces lignes sont évaluées à 200 millions d’euros environ. Pour la période 2011-2013, les pouvoirs publics ont donc prévu 210 millions d’euros annuels.

Plusieurs ressources viendront alimenter ce budget spécifique : 35 millions viendront d’une taxe sur les autoroutes (via la taxe d’aménagement du territoire), et les 175 millions restants, soit la plus grande partie de la somme, seront issus de la SNCF elle-même.
Les billets des trains non conventionnés seront taxés et devront rapporter 75 millions d’euros (les TER et les trains d’équilibre du territoire en sont donc exclus). L’article 33 du projet de loi de finances 2011 crée en effet une « contribution de solidarité territoriale » (CST) sur les produits du trafic ferroviaire de voyageurs non conventionnés, c’est-à-dire essentiellement sur les TGV de la SNCF et de ses filiales, comme Eurostar ou Thalys. Les TGV nationaux et internationaux seront plus fortement taxés (entre 3 et 5 % du chiffre d’affaires de ces TGV selon l’AFP) que les trains ne circulant pas à grande vitesse (entre 1 et 3 %). Si d’autres opérateurs arrivent sur le réseau, ils seront évidemment également soumis à ces taxes.

Les 100 millions d’euros restants doivent provenir, pour 60 millions, du gain réalisé par la SNCF grâce à la suppression de la taxe professionnelle et, pour 40 millions, d’efforts de productivité de la société nationale.

En contrepartie, la SNCF va pouvoir fixer plus librement ses prix autour du tarif de référence fixé par le gouvernement. « On va mettre un peu plus de souplesse dans le cadre actuel, mais on va garder un cadre. L’objectif est d’avoir un yield management (tarification des capacités en fonction de la demande) plus efficace », a expliqué l’entourage du secrétariat d’État aux Transports Dominique Bussereau, en confirmant une information des Échos du 30 septembre. « On aura donc des billets plus chers pour des déplacements d’affaires, mais aussi davantage de Prem’s (les prix les plus bas pour ceux qui réservent tôt), et de tarifs réduits. Mais globalement, le prix moyen du billet n’augmentera pas forcément. »

Que la compagnie ferroviaire publique « ait une liberté là où elle est en concurrence, je le conçois tout à fait, encore plus en première classe où c’est une clientèle d’affaires », a précisé pour sa part Dominique Bussereau le 1er octobre sur RTL. En contrepartie d’une augmentation des billets de première classe, « on va demander à la SNCF de mettre beaucoup de billets Prem’s qui sont ces billets pas chers et qu’on prend très à l’avance », a-t-il poursuivi. La SNCF devra toutefois augmenter ses tarifs dans « la limite du bon sens, parce que si on augmente trop il n’y a plus de clients ».

En revanche, le gouvernement n’a, semble-t-il, pas réglé la question du renouvellement du matériel qui arrive à bout de souffle. Il a simplement prévu que sur la durée de trois ans de la convention, plus de 300 millions d’euros soient affectés à la modernisation du matériel roulant. Et 400 millions si la convention est étendue un an de plus.
 
Les pouvoirs publics renvoient ce problème à plus tard, tout comme la question d’une ouverture à la concurrence : dans trois ou quatre ans, un nouveau contrat devrait être conclu. De nouveaux postulants pourraient alors se présenter au côté de la SNCF. C’est exactement ce que réclamaient les concurrents potentiels – à commencer par l’opérateur Veolia Transport – qui aimeraient voir la compagnie nationale perdre son monopole sur ces liaisons.