Quand l’A13 se ferme, les comportements s’ouvrent : évaporation de trafic et report modal
Léa Wester, directrice associée de 6t ; Nicolas Louvet, fondateur et directeur de 6t ; Mathieu Chassignet, Ingénieur mobilités durables à l’ADEME
Une perturbation exceptionnelle
Le vendredi 19 avril 2024, une fissure dans la chaussée a entraîné la fermeture soudaine de l’autoroute A13 entre Vaucresson et Saint-Cloud, à l’ouest de Paris. Survenant à la veille d’un week-end de trois jours, et en fin de vacances scolaires, cet incident a brutalement perturbé les déplacements de milliers d’automobilistes. Restée totalement inaccessible pendant trois semaines, l’autoroute n’a rouvert que partiellement, sur une seule voie et dans un seul sens, avant un retour complet à la normale le 24 juin. Pendant plus de deux mois, la circulation a donc été fortement restreinte sur un axe qui supporte habituellement entre 100 000 et 120 000 véhicules par jour. Comment les usagers se sont-ils adaptés à cette situation inédite ? Quels enseignements tirer de cette mise à l’épreuve des comportements de mobilité ?
La fermeture de l’A13 constitue une situation rare et structurante, offrant une opportunité unique d’observer en conditions réelles les capacités d’adaptation des automobilistes. Ce type d’événement, bien qu’indésirable, agit comme un révélateur puissant des comportements de mobilité face à une contrainte soudaine. Il met en lumière les dynamiques de réorganisation, de renoncement et de changement de pratiques modales qui ne se manifestent que difficilement en période ordinaire.
Dans ce contexte, l’ADEME a souhaité approfondir la compréhension de ces mécanismes en mandatant 6t-bureau de recherche pour conduire une analyse des effets de cette fermeture sur les comportements de déplacement (ADEME, 2025). L’objectif : aller au-delà du simple constat de baisse de trafic pour identifier, qualifier et quantifier les logiques qui sous-tendent l’évaporation du trafic.
Historiquement, ce phénomène a déjà été observé dans d’autres contextes exceptionnels, comme l’incendie du pont Mathilde à Rouen en 2012, qui avait entraîné une diminution de 20 % du trafic automobile en centre-ville. D’autres événements – travaux, accidents, éboulements – ont également montré la possibilité d’une réduction effective du trafic (Hosotte, 2022).
Ce travail s’est distingué par la mobilisation d’une méthode originale et complémentaire, articulant :
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une analyse de données GPS, réalisée par Hove, permettant de mesurer finement les volumes, les temporalités et la redistribution spatiale des flux ;
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une enquête quantitative menée auprès de 500 usagers de l’A13, apportant un éclairage qualitatif sur les arbitrages effectués, les motifs de renoncement ou les changements modaux observés.
Face à une fermeture d’infrastructure comme celle de l’A13, plusieurs stratégies sont possibles : maintenir ses déplacements en adaptant son itinéraire ou sa destination ; ou bien changer de mode de transport, voire renoncer au déplacement. Ces deux dernières stratégi
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Publié le 12/05/2025 - Valérie Chrzavzez