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Un vélo sans pédale proposé à Paris pour le prix d’un Navigo mensuel



Partant du constat que chaque année, entre juin et août, un billet de train sur cinq est payé en Chèques-Vacances dans les gares et dans ses boutiques, la SNCF a travaillé pour digitaliser ce moyen de paiement et l’intégrer à SNCF Connect : avec le Chèque-Vacances Connect, il est désormais possible d’acheter des billets pour les TGV Inoui, les TER et les Intercités sur le site et sur l’application.
Pour les détenteurs de « Chèques-Vacances Classic » qui souhaitent faire des réservations via l’agence de voyages en ligne de la SNCF, il est proposé de les échanger en « Chèques-Vacances Connect » sur le site Le Guide en ligne du Chèque-Vacances de l’ANCV.


Tirant les leçons du passé et de la longue grève qui a perturbé des réseaux de bus gagnés par Transdev, Ile-de-France Mobilités affirme vouloir renforcer les garanties sociales offertes aux salariés par les candidats à la reprise des lignes de bus ouvertes à la concurrence en grande et moyenne couronne francilienne. D’où un « cahier des exigences sociales » présenté le 17 mai par Valérie Pécresse et qui s’appliquera désormais, alors que l’autorité organisatrice des mobilités franciliennes s’apprête à dévoiler la semaine prochaine le nom du gagnant du 19ème lot (sur les 37 à attribuer).
« C’est vrai que la mise en concurrence peut conduire à de nouvelles conditions de travail », a reconnu la présidente de région. Se référant au conflit vécu par Transdev, l’élue a aussi admis que « dans certains cas, les nouvelles conditions de travail ont été jugées plus difficiles et parfois même ont été jugées, localement, inacceptables ». Et de poursuivre : « Nous avons souhaité que la mise en concurrence à laquelle nous sommes attachés ne soit pas instrumentalisée ».
5 points de plus pour le critère social
IDFM avait déjà fait évoluer les règles du jeu, à la fin de l’année dernière, pour mieux prendre en compte la dimension sociale dans les mises en concurrence des bus Optile. L’autorité organisatrice avait alors décidé de porter à 15 points le critère social pour les prochains appels d’offres (au lieu de 10 points). Et de faire passer le critère financier de 45 à 40 %, le critère technique représentant toujours 45 points.
Elle a aussi demandé à Jean-Paul Bailly et à Jean Grosset, les deux médiateurs qui avaient aidé à dénouer le conflit chez Transdev, d’aller plus loin en faisant des propositions pour renforcer les garanties sociale, notamment en matière de rémunération et de conditions de travail. L’ex-patron de la RATP et l’ancien délégué général adjoint de l’UNSA ont alors rencontré toutes les parties concernées, expliquent-ils. Les dispositions du cahier qu’ils ont rédigé représentent « un point d’équilibre entre les demandes des organisations syndicales, les prérogatives des entreprises et les enjeux pour IDFM« , commente Jean-Paul Bailly.
La RATP bientôt concernée
Précisant les points abordés dans ce document, Laurent Probst, le directeur général d’IDFM, indique qu’il demande « une information transparente et complète pour les salariés » qui seront transférés. Il impose aussi de ne pas « dégrader » les conditions de travail (amplitude, repos…) et de réaliser une « comparaison entre avant et après ». Enfin, il comporte une garantie de rémunération (« à travail égal, salaire égal« ). Les entreprises qui ne suivront pas ces principes seront pénalisées, la sanction pouvant aller jusqu’à la résiliation du contrat, précise le directeur général.
« Nous allons nouer un dialogue continu sur ces aspects et nous ferons du benchmarking pour voir si de bonnes pratiques existent ailleurs« , indique encore Valérie Pécresse qui veut rendre » les carrières attractives dans les transports pour l’ensemble des salariés« . Un enjeu majeur pour les entreprises qui subissent un marché du travail « tendu« .
La présidente d’IDFM demande désormais à Jean-Paul Bailly et à Jean Grosset d’entreprendre le même travail pour les bus exploités actuellement par la RATP à Paris et en petite couronne. Dès ce mois-ci, des appels d’offres vont être lancés sur quatre premiers lots de bus en petite couronne (sur les 12 lots prévus).
Marie Hélène Poingt

Le 10 juillet prochain signera la fin d’Izy, le service des trains à bas coûts de Thalys, qui utilise la ligne classique pour relier en 2 heures 08 au mieux Paris à Bruxelles (au lieu d’1h20 en TGV), ce qui permet d’amoindrir les frais et de proposer de petits prix. Une disparition dévoilée dans la presse belge et confirmée à VRT par la maison-mère de la filiale low cost.
La raison officielle avancée est la décision « d’intégrer » le service Izy au sein de Thalys « pour donner plus de clarté à notre clientèle » avec une marque unique explique à VRT une porte-parole, pointant au passage les points négatifs d’Izy, qui représentaient pourtant la spécificité de ce service à bas coûts lancé il y a six ans : un temps de parcours plus long qu’en TGV, pas de services ni d’échanges ou de remboursements possibles…
Il n’y avait pas de problème de modèle économique ni de rentabilité, « le concept a fait ses preuves« , affirme-t-elle également. Pourtant, les circulations des trains Izy ont déjà été progressivement réduites au cours des derniers mois, et la crise sanitaire est passée par là impactant durement Thalys.
Des prix attractifs seront proposés sur Thalys, indique encore la compagnie qui relie Paris à Bruxelles et, au-delà à l’Allemagne et aux Pays-Bas. Le prix d’appel est à 29 euros, rappelle Thalys qui vient de lancer sa promotion d’été dédiée aux jeunes, qui représentaient l’une des cibles de son produit Izy.
Il n’y aura aucune conséquence sociale puisque le personnel n’était pas dédié à Izy mais relevait de Thalys, indique-t-on encore. Mais le moment est sans doute venu de repartir sur de bonnes bases alors que compagnie exploitée par THI Factory (dont le capital est détenu par Eurostar Group) doit se concentrer sur son mariage avec Eurostar.
Marie Hélène Poingt

La CGT Cheminots déjà « à l’offensive »
Pour la CGT Cheminots, « l’anti services publics entre en gare de Matignon!» Le ton est donné dans ce communiqué publié le 17 mai par la fédération qui dresse une liste d’actions menées à l’encontre des agents SNCF par Elisabeth Borne quand elle était à la SNCF puis au gouvernement : « En 2002, Elisabeth Borne est directrice de la Stratégie à la SNCF sous l’ère Pepy. Elle sera celle qui participera au découpage de l’entreprise publique, de sa mise en silos, au pilotage par activités, au dépeçage et au rabougrissent du transport de marchandises par le fer ».
Plus tard, au cabinet de Ségolène Royal, elle accordera aux gestionnaires d’autoroutes « un allongement allant jusqu’à six ans de leurs concessions ». Devenue ministre des Transports, elle met en oeuvre le Pacte ferroviaire, avec « transformation du statut juridique et découpe de la SNCF en 5 sociétés anonymes, fin du recrutement au statut, ouverture à la concurrence du transport de voyageurs… ». Le syndicat cheminot pointe aussi son action en tant que ministre du Travail : » Elle sera l’instigatrice de la réforme de l’assurance chômage qui abaisse les droits de nos concitoyens les plus touchés et les plus fragilisés par une situation sociale déjà fortement dégradée ».
La Fédération CGT des Cheminots assure qu’elle « sera très attentive et déjà à l’offensive quant aux politiques qui seront menées, tant sur les sujets interprofessionnels que sur ceux touchant au domaine ferroviaire ».
Pour Sud Rail, la SNCF paie aujourd’hui la fin du statut
« Pour être franc, je ne l’ai pas connue lorsqu’elle était directrice de la Stratégie », indique Fabien Villedieu que nous avons contacté. Le délégué SUD Rail rappelle qu’à ce poste « entre 2002 et 2007, elle a porté le choix du « tout TGV ». Pourtant, dix ans plus tard, changement de direction, lorsqu’elle devient ministre des Transports. Elle prône alors la priorité aux trains du quotidien, sous la pression des élus locaux qui veulent tous que leur ville soit desservie par le TGV. Probablement, une sorte de realpolitik du chemin de fer ! ».
Le syndicaliste revient aussi sur la fin du statut pour les nouveaux embauchés. « Ce statut était attractif. Aujourd’hui, la SNCF paie cet abandon et a du mal à recruter. De plus, il n’y a jamais eu autant de démissions : 1186 en 2021, soit une augmentation de 2,3 % par rapport à 2020. C’est vraiment une conséquence de la politique d’Élisabeth Borne, qui aura des effets à long terme« .
L’UNSA-Ferroviaire se souvient de discussions « difficiles » avec la ministre
Didier Mathis, le secrétaire général de l’UNSA-Ferroviaire raconte :« Lorsqu’Elisabeth Borne était présidente de la RATP, elle était plutôt appréciée par les organisations syndicales de la Régie d’après les échos que nous en avions. Du point de vue des cheminots, c’est très différent. Lorsqu’elle était ministre des Transports, elle a notamment mis en place en 2018 la réforme ferroviaire qui a entériné entre autres la fin de l’embauche au statut cheminot ‑ cela entraîne des difficultés pour recruter de nouveaux personnels – et la transformation de la SNCF en cinq sociétés anonymes. Cette période, qui a été marquée par trois mois de grève des cheminots au printemps, nous l’avons vécue très difficilement. Lorsque nous nous rendions au ministère des Transports pour mener des négociations, la ministre parlait, elle, de « réunions de concertation ». Au-delà de la sémantique, il y avait un réel décalage. Difficile de négocier et d’obtenir des avancées dans un tel contexte… Aujourd’hui, on ignore qui sera le futur ministre des Transports du gouvernement que doit former la Première ministre (l’interview a été réalisée le 17 mai, ndlr), mais ce qui est certain, c’est qu’il lui faudra décider d’investir massivement dans le réseau ferré et aussi trouver le moyen de compenser les pertes financières dues à la baisse de fréquentation des trains – et donc des péages collectés – qu’a entraîné la pandémie de Covid. Reste que cette future nomination est suspendue aux résultats des élections législatives en juin prochain… »
Pour la CFDT Cheminots, priorité maintenant aux questions sociales
Pour Thomas Cavel, le précédent quinquennat a été avant tout marqué par la réforme ferroviaire de 2018, « Une mauvaise réforme engagée par le gouvernement sans consultation préalable des corps intermédiaires et parmi eux, les syndicats« . Et le secrétaire général de la CFDT Cheminots de poursuivre : « C’était vraiment une période “zéro dialogue”. Elisabeth Borne, alors ministre des Transports, annonçait des concertations avec les organisations syndicales, mais au final, la mise en œuvre de la réforme s’est faite à coup d’ordonnances… Aucune disposition sociale ne figurant dans les textes en question, cela a donné lieu à un mouvement social totalement inédit à la SNCF, aussi bien dans sa forme que dans sa durée. Outre l’ouverture à la concurrence, les cheminots se sont mobilisés contre la suppression de l’embauche au statut, qui, on l’a rapidement constaté, a entraîné de grandes difficultés de recrutements alors que les besoins sont réels… Plutôt que le projet de réforme des retraites, qui a été repoussé en raison de la pandémie, nous estimons qu’aujourd’hui, la priorité doit être accordée sans délai à d’autres questions sociales : le pouvoir d’achat, les modalités de transfert des cheminots vers un autre opérateur, la fidélisation des salariés actuels – le nombre de démissions est particulièrement élevé –, les salaires, l’emploi. Nous attendons du futur gouvernement qu’il ait pleinement conscience de l’absolue nécessité de développer le service public ferroviaire, a fortiori à l’heure de la transition écologique. Dès le début de la crise sanitaire, les cheminots se sont mobilisés de manière exemplaire pour que les trains continuent de circuler et de transporter les Français. Nous attendons une reconnaissance de l’engagement constant des salariés de la SNCF depuis que la pandémie a commencé. »
Yann Goubin et Anne Jeantet

« Elisabeth Borne est une personne de grande qualité, intelligente avec une grande capacité de travail », a souligné le 17 mai Valérie Pécresse, en marge d’une conférence de presse sur l’ouverture à la concurrence dans les bus. Mais, a-t-elle ajouté, « je pense qu’elle aura une difficulté : c’est qu’elle n’est pas élue… »
Interrogée sur ses principales demandes dans le domaine des transports, la présidente d’Ile-de-France, candidate LR malheureuse à la présidentielle, a indiqué porter principalement quatre revendications : la première, est également régulièrement réclamée par la profession : c’est la TVA à 5,5 % pour les transports du quotidien. « Une mesure importante pour la transition énergétique et dans un contexte inflationniste. Cela permettrait de ne pas augmenter les tarifs et de financer les transports publics » , commente Valérie Pécresse.
Deuxième demande, celle qui est aussi présidente d’IDFM attend « une priorité claire » en faveur des transports du quotidien. « Je crois que c’était la conviction d’Elisabeth Borne. Il faut qu’elle la garde. Je pense avant tout aux RER B et D. C’est une priorité absolue en Ile-de-France ».
Troisièmement, édicte Valérie Pécresse, « il faut que l’Etat actionnaire joue son rôle auprès de SNCF Réseau. Il n’est pas normal que tous les trois mois, SNCF Réseau augmente ses tarifs et fasse un chantage au calendrier. Ce n’est plus possible ! »
Enfin, l’élue demande à l’Etat de faire voter une loi « pour qu’enfin des recettes financent le fonctionnement du Grand Paris Express, sans avoir besoin d’augmenter les tarifs ». Il y a urgence, rappelle Valérie Pécresse, la première ligne du Grand Paris Express devant être mise en service dans deux ans. « Il y a trois ans, Edouard Philippe, alors Premier ministre, m’avait dit qu’on allait voter une loi ». Depuis, elle attend toujours…
Une dernière question sur la proximité d’Elisabeth Borne et de Catherine Guillouard qui lui a succédé à la tête de la RATP et qui s’est réjouie hier soir de sa nomination à Matignon? « J’espère que cela ne donnera pas lieu à un ralentissement de l’ouverture à la concurrence concernant la RATP… », tacle la présidente de région.
Marie Hélène Poingt

Avant même Elisabeth Borne nommée à Matignon, l’arrivée de Jean-Baptiste Djebbari en tant qu’administrateur était annoncé chez le constructeur de voitures à hydrogène Hopium. La nomination à ce poste de l’ancien ministre des Transports sera soumise au prochain conseil d’administration le 20 juin, a indiqué la start-up. Olivier Lombard, ancien pilote automobile français et fondateur de l’entreprise s’est dit « fier d’accueillir Jean-Baptiste Djebbari dans cette formidable aventure industrielle française et de compter sur son dynamisme et son expertise largement reconnus dans les domaines de l’énergie et des transports« .
Mais l’annonce a aussi suscité son flot de critiques sur un possible conflit d’intérêt lié au soutien du ministre à la voiture à hydrogène. Interrogé sur RMC, l’ancien pilote de ligne a indiqué « n’avoir aucun aucun état d’âme » sur son arrivée chez Hopium. Et d’ajouter : « Ca ne me met pas du tout mal à l’aise, c’est normal de retrouver une activité normale après la politique. Il y a des règles, il faut les respecter« .
Saisie dès le 31 janvier sur le projet du ministre, qui préparait alors sa reconversion, la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) a donné un avis de « compatibilité », indiquant que « la société Hopium n’a bénéficié d’aucune subvention publique. Dans ces conditions et en l’état des informations dont dispose la Haute Autorité, aucun élément n’est de nature à faire douter de la manière dont Monsieur Djebbari a exercé ses fonctions à l’égard de cette société« . Toutefois, ajoute l’institution, « il convient d’encadrer les futures relations professionnelles de l’intéressé afin d’éviter tout risque de mise en cause du fonctionnement indépendant et impartial de l’administration« . D’où la demande formulée à Jean-Baptiste d’éviter toute démarche auprès des membres du gouvernement, des cabinets ministériels et des services Transports qu’il a côtoyés au cours de ces presque trois années à l’Hôtel de Roquelaure.


Marie-Hélène Poingt