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Ewa

Montpellier fait le pari de la gratuité des transports publics pour ses habitants

Tramway Montpellier gratuité

Difficile d’avoir une approche laïque de la gratuité des transports publics, pour reprendre l’expression de Jean-Pierre Orfeuil, professeur émérite à l’Université Gustave Eiffel. Alors que Montpellier, septième ville de France, va basculer juste avant Noël, les transports gratuits font toujours débat.

A Montpellier, les élus ont décidé de plonger dans le grand bain de la gratuité. La promesse de campagne de Michaël Delafosse, maire et président socialiste de la métropole (500 000 habitants), finit par se réaliser : jeudi 21 décembre, l’ensemble des habitants monteront sans payer à bord des tramways, des bus et bientôt des bus à haut niveau de service. Un passe gratuité en poche. La mesure était en place pour les résidents, les week-end depuis 2020, puis tous les jours depuis 2021 pour les moins de 18 ans et les plus de 65 ans. « Nous osons maintenant la gratuité universelle », s’enorgueillit Julie Frêche, vice-présidente de la collectivité locale (lire son interview). Les non-métropolitains continueront d’acheter des billets ou un abonnement.

A gauche, à droite, le sujet de la gratuité a fini par s’imposer pour les transports publics et ne s’embarrasse plus des étiquettes politiques des élus locaux. La mesure est électoralement payante et immanquablement, il y a davantage de passagers dans les bus et les tramways quand ils sont gratuits. A Aubagne, la fréquentation a doublé. A Dunkerque, elle a bondi de 125 % en cinq ans. Il est vrai que la ville du Nord partait de loin.
Pour Arnaud Passalacqua, coprésident de l’Observatoire des villes du transport gratuit, « C’est clairement une marque politique. A Dunkerque, la différenciation par la gratuité a permis au maire de l’époque, Patrice Vergriete (nommé en juillet 2023 ministre du Logement, NDLR), de prendre la lumière. ça plaît à l’électeur alors que ce n’est pas vraiment une demande des usagers », avance-t-il. Quand Bruno Bernard, vice-président écologiste de la métropole de Lyon rejette la gratuité, estimant qu’elle mettrait en péril les investissements nécessaires au développement des transports (la billetterie rapporte 55 % des ressources du réseau), Joanna Rolland, maire et présidente socialiste de la métropole de Nantes s’interroge sur son extension au-delà des week-end, et n’ira finalement pas plus loin.  A Paris, Anne Hidalgo y avait pensé, Valérie Pécresse, présidente de région et d’Ile-de-France Mobilités, avait vite éteint l’étincelle avec une étude affirmant que le coût serait énorme pour les contribuables :  500 euros par an pour chaque ménage francilien. Un an avant les élections municipales de 2020, la maire de Paris s’était contentée de rendre les transports publics gratuits aux enfants de 4 à 11 ans ainsi qu’aux Parisiens handicapés de moins de 20 ans. Aujourd’hui, une quarantaine de villes ont fait le choix de la gratuité, à 100 % ou partiellement (voir la carte ci-dessous).

Objectiver le débat

Ses détracteurs affirment que la mesure est injouable si l’on veut préserver le fragile équilibre financier de ce service public déjà fortement subventionné. Elle serait même contre-productive car là où les villes ont opté pour des bus gratuits, ce sont les piétons et les cyclistes qui se sont rués à bord. Pas les automobilistes.
Une étude conduite en 2020 par Frédéric Héran, maître de conférence à l’université de Lille, sur les effets de la gratuité dunkerquoise, révélait que la voiture avait reculé de 3 % en un an dans la ville nordiste, la marche de 3 %, et les déplacements à vélo de 12 %. Bref, les transports gratuits auraient un impact sur le report modal, mais pas celui que l’on escomptait… « Pour avancer des vrais chiffres sur le report modal, il nous faut attendre la prochaine grande enquête ménage prévue en 2024.
Et dans tous les cas, les changements de comportement, c’est du temps long », rétorque Vanessa Delevoye, directrice de l’innovation à l’Agence d’urbanisme de Dunkerque. Insistant sur le motif avant tout social de la gratuité mise en place en 2018 : « On ne lui demandait pas de changer les comportements en faveur des transports publics, mais selon la dernière étude de l’Observatoire, en 2022, on s’aperçoit qu’il y a enfin des cadres dans nos bus : pas parce que c’est gratuit, mais parce que c’est plus simple », ajoute-t-elle. Wojciech Keblowski, chercheur en urbanisme à l’Université libre de Bruxelles et membre du comité scientifique de l’Observatoire des villes du transport gratuit, ose quant à lui des comparaisons extrêmes : après tout, les ascenseurs urbains, ou les parcs publics sont gratuits, peut-on lire dans ses articles.
De leur côté, les anti-gratuité craignent qu’elle ne tue les transports publics en les paupérisant, alors qu’un mur d’investissement et de dépenses de fonctionnement se dressent devant les autorités organisatrices de la mobilité. « Au final, si vous n’avez pas une vision complète, une stratégie et un programme d’investissement pour permettre d’augmenter la qualité des transports publics, alors introduire uniquement la gratuité n’est pas une bonne idée », affirmait mi-2023, François Bausch, ancien vice-premier ministre du Luxembourg. Le pays est passé en 2020 à la gratuité totale de tous les transports ! Il en a les moyens… En attendant, pour les Montpelliérains, le cadeau de Noël de leur maire, ce sont des transports 100% gratuits. 

Nathalie Arensonas

Interview. « Devant l’urgence des crises, il faut oser la gratuité des transports »

Julie Frêche, vice-présidente de la métropole de Montpellier, chargée des transports et des mobilités actives.

Ville, Rail & Transports. Juste avant Noël, la 7e ville de France basculera vers la gratuité totale des transports publics. Ce n’est plus un épiphénomène réservé à quelques petites villes : comment l‘expliquez-vous ?
Julie Frêche. Le réchauffement climatique n’est plus une perspective mais une urgence et la question du pouvoir d’achat est la priorité numéro un des Français. Les politiques publiques doivent arriver à concilier la défense de l’environnement et la protection du pouvoir d’achat. La gratuité des transports répond à ces deux défis. Le XIXe siècle a été celui du combat pour l’école publique, laïque et gratuite. Le XXe, celui du combat pour la Sécurité sociale. Le XXIe doit être celui du droit à la mobilité, avec la gratuité des transports. Parce que nos déplacements ont un impact trop fort sur la qualité de l’air. Et si à Montpellier, nous défendons une gratuité universelle, c’est parce que la classe moyenne, cœur battant de notre pays, ne sera plus exclue des aides, comme elle pouvait l’être avec une tarification sociale et solidaire. C’est une mesure écologique non punitive et universelle.
Entre 1994 et 2019, les parts modales n’ont pas bougé  : il y a toujours 79 % de Français qui prennent la voiture pour se déplacer, 23  % qui marchent, 9 % qui prennent les transports collectifs et 2 % le vélo. Devant l’urgence des crises, économique, sociale, climatique, il faut oser des choix innovants. La gratuité des transports en est un.

VRT. Passé l’effet waouh de la gratuité, juste avant Noël, quelles sont vos attentes ? Une hausse importante de la fréquentation des trams, des bus ? Sur la durée ?
J. F. La gratuité n’est pas un acte isolé, elle est intégrée dans une stratégie mobilités qui actionne plusieurs leviers à la fois : plan de circulation anti-transit, voitures repoussées vers des axes de contournement, zone à faible émissions, site propre pour les bus à haut niveau de service, réseau express vélo, covoiturage gratuit, aide de 500 euros pour l’achat d’un vélo à assistance électrique.La gratuité n’aurait aucun sens si elle n’était pas corrélée à une augmentation du service de transport public. Avancer de chiffres de fréquentation post-gratuité serait hasardeux. Les réseaux n’ont toujours pas récupéré leur niveau de fréquentation d’avant Covid, et ceux qui s’en sortent le mieux sont ceux qui pratiquent la gratuité…

VRT. A Dunkerque, la gratuité a pris des parts de marché aux mobilités douces, marche, vélo, vous ne craignez pas le même écueil à Montpellier ?
J. F. L’Observatoire des villes du transport gratuit montre qu’un an après la gratuité, 48 % des Dunkerquois interrogés déclaraient prendre le bus pour certains des trajets qu’ils faisaient en voiture, et 8 % avaient complètement renoncé à la voiture. Un tiers envisageait de s’en passer dans les cinq à dix ans à venir. Cela montre qu’il y a progressivement un report modal de la voiture vers le transport collectif. Tallin, la ville estonienne qui pratique la gratuité depuis dix ans, n’a pas de problème de congestion automobile.

VRT. A Montpellier, une part importante des automobilistes vivent hors de la métropole, ils ne sont pas concernés par la gratuité.
J. F. Oui, c’est un problème. En 2005, le projet d’extension de ce qui était alors la communauté d’agglomération de Montpellier a été refusée par le Préfet, pour des raisons purement politiciennes. Le périmètre de la métropole ne correspond pas à l’aire urbaine et aux déplacements. Le temps n’est peut-être plus à l’extension des périmètres, mais nous proposons aujourd’hui de créer des coopérations renforcées avec les intercommunalités voisines, afin qu’elles participent et financent la gratuité des transports pour leurs habitants. Pourquoi pas une gratuité à la carte : parking + tram, gratuité pour les séniors, les moins de 18 ans, les étudiants ? Nous sommes prêts à engager des réunions techniques avec ces intercommunalités pour trouver des solutions pour les habitants qui effectivement, résident hors de la métropole, mais viennent y travailler en voiture.
Plus on est volontaristes, plus on nous reproche de creuser des inégalités avec des territoires dont on ne gère pas les gouvernances !

VRT. La gratuité n’est pas gratuite, comment la financer ?
J. F. Je retourne la question puisque personne ne nous la pose : comment finance-t-on l’entretien de la voirie qui coûte 42 millions d’euros à notre collectivité ? Je trouve que le débat est assez déraisonnable sur la question des transports gratuits. Soyons transparents : cela coûtera entre 30 à 35 millions d’euros de recettes commerciales auxquelles va renoncer la métropole, soit 5,7 % de son budget de fonctionnement. Il restera environ six millions d’euros de recettes issus de la vente des billets aux voyageurs non métropolitains puisque seuls les habitants de la métropole bénéficieront des transports gratuits. Chez nous, le versement mobilité (VM) est très dynamique : il va passer de 90 millions d’euros en 2020 à 120 millions d’euros en 2024, grâce au pouvoir d’attractivité de notre territoire.
Et la gratuité fait partie des atouts de la métropole pour faire venir des entreprises et de la matière grise. Ces 40 millions d’euros de VM supplémentaires suffisent à compenser le prix de la gratuité des transports.

VRT. Avec la gratuité, y a-t-il un risque d’insécurité ?
J. F. Dans le sondage qualitatif réalisé par la métropole, la peur de l’insécurité liée à la gratuité n’est pas anodine. A partir des chiffres des incivilités déjà constatées sur notre réseau, nous avons décidé de créer une police des transports, avec 42 agents à terme.
Mais le lien entre gratuité et insécurité n’a jamais été démontré. Plus il y a de voyageurs, plus les transports sont sûrs.

Propos recueillis par N.A

Ewa

La loi sur les RER métropolitains est votée

Fin 2022, Emmanuel Macron a pris tout le monde de court sur YouTube en annonçant des RER métropolitains dans plus de 10 métropoles.

La loi encadrant le développement des RER métropolitains, les Services express régionaux métropolitains (Serm), a été définitivement adoptée par le Parlement le 18 décembre. L’idée avait été relancée il y a tout juste un an par le président de la République, dans une séquence assez inattendue sur YouTube.

Plusieurs projets sont à l’étude ou en cours de développement à Lille, Lyon, Grenoble, Marseille, Nantes, Rennes, Rouen, Strasbourg ou Bordeaux. Les Serm ne seront pas calqués sur le modèle du RER francilien, lancé dans les années soixante.

Contrairement au RER parisien, auxquels les Serm sont souvent assimilés, ces projets comportent, en plus d’un renforcement de l’offre ferroviaire, des cars express à haut niveau de service et des réseaux cyclables. Certains peuvent également inclure des services de transport fluvial, de covoiturage, d’autopartage et des services de transports guidés (métros, tramways, téléphériques…). L’offre ferroviaire sera renforcée avec comme objectif des trains toutes les 10 à 15 minutes traversant chaque métropole concernée.

La loi garantit aussi un avenir à la Société du Grand Paris (SGP), qui au-delà de sa mission de réalisation du métro automatique Grand Paris Express, devient la Société des grands projets (sans changer d’acronyme), et va « permettre la mise en place rapide des futurs RER métropolitains partout sur le territoire national« , écrit le ministère de la Transition écologique dans un communiqué du 19 décembre. Jean-François Monteils, le patron de la SGP a réussi son pari.

N.A

Ewa

Le Parlement repousse jusqu’à fin 2026 la libéralisation des lignes de bus RATP

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La date butoir pour ouvrir les bus de la RATP à la concurrence est décalée de deux ans, à fin 2026. Au lieu de fin 2024. Après les députés, les sénateurs ont validé le 18 décembre à 242 voix contre 98 la proposition de loi soutenue par le gouvernement et qui fixe ce nouveau calendrier. Lequel permet d’enjamber les Jeux olympiques de l’été 2024, pour tenter d’éviter le risque de grèves pendant l’événement sportif international à Paris et en Ile-de-France.

Outre l’étalement jusqu’à la fin 2026 des appels d’offres pour les 308 lignes de bus concernées, la loi précise les modalités de transfert des salariés de la RATP à leur nouvel employeur, en cas de transfert. En maintenant leurs garanties sociales. 19 000 agents sont concernés, dont environ 15 000 conducteurs de bus, sur 308 lignes et 4 500 bus. Les transferts des ex-agents de la Régie se feront selon le critère des centre-bus (dépôts) et non des lignes de bus, pour éviter de les éloigner de leur lieu de travail. Mais, pour résoudre le problème de pénurie de conducteurs, ces derniers devront renoncer pendant quinze mois à la réduction du temps de travail de 13 heures à 11 heures pour les journées « en double service » . Une demande d’Ile-de-France Mobilités.

Ewa

L’Ile-de-France va lancer des lignes de covoiturage et choisir un seul opérateur

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Blablacar-Klaxit, Ynstant, Karos… Terminée l’armée mexicaine de plateformes de covoiturage en Ile-de-France. Et la possibilité pour les automobilistes de frauder en déclarant de faux trajets sur chaque plateforme pour espérer toucher jusqu’à 600 euros par mois, selon les calculs de Valérie Pécresse.

En ouverture des assises du covoiturage jeudi 14 décembre au conseil régional, la présidente de la région a annoncé la reprise en main par Ile-de-France Mobilités (IDFM) de l’outil de mise en relation des conducteurs et des covoiturés pour les trajets de courte distance subventionnés par son autorité en charge des transports. Avec une seule plateforme (sous la marque IDFM) et un opérateur unique de covoiturage en 2025, à l’issue d’un appel d’offres qui doit être lancé début 2024.

Autre annonce, la création de 12 lignes de covoiturage en 2025, physiquement matérialisées par des arrêts, et dotées de parkings-relais. Une fois mis en relation, le conducteur le plus proche qui accepte la « course », va chercher le ou les passagers au point d’arrêt. Trois lignes doivent être expérimentées en 2024 dans les départements de l’Essonne et des Yvelines pour relier les petites communes au plateau de Saclay, là où il n’y a pas d’offre de transport public régulier. Ce système d’autostop organisé, appelé « covoiturage instantané » existe déjà à Grenoble, à Lyon et en Lozère.

« En Ile-de-France, on pourrait créer plus d’une centaine de lignes de covoiturage, estime François Durovray, président du conseil départemental de l’Essonne. Le coût d’ingénierie est élevé au départ, mais ensuite, le coût de fonctionnement est très faible, IDFM ne financera que la part du conducteur », affirme l’élu. A savoir, entre 1,50 et 3 euros (selon la distance) par passager et par trajet.

Pour les 12 lignes dores et déjà prévues, IDFM prévoit de débloquer 26 millions d’euros entre 2024 et 2027. Et 100 millions d’euros pour les voies réservées aux lignes d’autocars express défendues par le même François Duyrovray. Et qui pourront aussi être empruntées par les covoitureurs.

N.A

Ewa

Covoiturage : la prime de 100 euros prolongée en 2024 pour les trajets courte distance

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Un an après le lancement de son plan pour accélérer la pratique du covoiturage sur les trajets du quotidien, et alors que les premières amendes sur les voies réservées aux covoitureurs sont tombées sur l’A1 près de Lille, le gouvernement dresse le bilan. Et utilise les mêmes recettes, ou presque, pour 2024. Tout d’abord, il renouvelle la prime de 100 euros versée aux nouveaux automobilistes inscrits sur les plateformes de court-voiturage, type Karos, Ecov, Ynstant, Covoit, BlaBlaCar Daily(qui a racheté Klaxit). Pour la toucher, il faut réaliser au moins dix trajets partagés sur l’année.

En revanche, la prime disparait pour les covoitureurs de la longue distance. Pour rappel, ce bonus est financé dans le cadre du dispositif des certificats d’économies d’énergie.

« Le bilan est encourageant avec 400 000 trajets court-distance réalisés en covoiturage intermédiés [via une plateforme internet] en 2023 : deux fois plus en un an. Et 200 000 nouveaux conducteurs inscrits sur un site de covoiturage« , se félicite-t-on au cabinet du ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu. Deux fois plus en un an, mais encore loin des trois millions de trajets espérés pour 2027. En ciblant tout particulièrement les salariés des entreprises, et les grands événements sportifs ou culturels.

Quant au cofinancement des projets de covoiturage portés par les collectivités locales, il est lui aussi reconduit en 2024 pour les aider à payer les aires de covoiturage, les arrêts d’auto-stop pour les services qui reposent sur des lignes régulières de covoiturage comme le propose l’opérateur Ecov. Ces fonds proviennent des 2,5 milliards d’euros mobilisés dans le Fonds vert des ministères de la Transition écologique et énergétique.

Le gouvernement annonce le lancement d’une « grande enquête annuelle » afin, entre autres, de ne pas passer à côté de tous les covoitureurs informels qui échappent aux intermédiaires, les plateformes numériques. Ce qui vaut dès demain au site de l’Observatoire national du covoiturage une refonte totale pour mieux appréhender, promet-on au cabinet de Clément Beaune, la réalité du covoiturage du quotidien.

Outre la voie réservée au covoitureurs sur l’autoroute A1 près de Lille, huit nouveaux kilomètres de voies dédiées devraient voir le jour en 2024 sur l’A7, selon le ministère des Transports. Elles seront équipées de système de contrôle automatique du nombre de passagers à bord.

N.A

Ewa

Vente de billets de train : les plateformes indépendantes invoquent une distorsion de concurrence

Voyageurs Gare de Lyon Part-Dieu

Imaginons que vous vouliez faire un trajet Paris-Lyon en train, en milieu d’après-midi, le 19 décembre. Sur le site de Trainline, vous avez le choix : 29 euros en Ouigo (départ de Marne-la-Vallée), 35 euros en Frecciarossa (Trenitalia) depuis Paris gare de Lyon, 65,60 euros en TER depuis la gare de Paris-Bercy, 72 euros en TGV Inoui, 16 euros en Ouigo train classique (Corail à mini-prix). Mêmes offres, à quelques euros près, sur les sites de Kombo ou Omio, deux autres plateformes indépendantes de vente de billets en ligne.

Sur l’appli SNCF Connect, mêmes tarifs que chez les distributeurs indépendants pour les TGV Inoui, Ouigo, le TER ou le train classique Ouigo de la SNCF. Tous des trains maison qui captent 85 % du marché ferroviaire français longue distance. Mais aucune offre du concurrent italien Trenitalia, à 35 euros, qui opère pourtant un Paris-Lyon depuis deux ans. Et pour cause, les rivaux de l’opérateur historique ne sont pas répertoriés sur la billetterie de la filiale de SNCF Voyageurs. Faisant dire à Michel Quidort, vice-président de la Fédération nationale des associations d’usagers du transport que sur SNCF Connect « l’offre est orientée, partielle et partiale ».

Au cours d’une table ronde organisée le 5 décembre par trois plateformes indépendantes de vente de billets de train, d’autocar et d’avion – Trainline, Kombo et Omio – le défenseur des intérêts des passagers a plaidé pour « des critères de sélection choisis par le voyageur » et pour « une distribution indépendante afin de simplifier le parcours voyageur, de bout en bout ». A condition d’avoir les informations indispensables. « On a besoin d’avoir accès aux données de la SNCF en temps réel, le calendrier des billets les moins chers, les indemnisations en cas de retard , par exemple», s’est plaint Alexander Ernert, le directeur des relations gouvernementales chez Trainline. L’agence britannique de vente de billets en ligne, née avec la libéralisation du rail outre-Manche à la fin des années 90 (et qui a racheté le Français Captain Train en 2016), se plait à jouer les petits Poucet face à la grosse machine SNCF. Avec les deux autres plateformes, Kombo et Omio, de loin plus modestes, Trainline dénonce régulièrement les barrières commerciales de nature, selon son porte-parole, à entraver l’essor des challengers de la SNCF. Et donc, la baisse du prix des billets de train en France.

SNCF Connect ne ferait donc pas bon accueil aux concurrents du groupe ferroviaire public sur son site de vente de billets ?  « Trenitalia ne nous en pas fait la demande », s’est défendue un peu maladroitement Anne Pruvot, la directrice générale de SNCF Connect & Tech, lors d’une rencontre le 7 décembre avec l’Association des journalistes des transports et la mobilité (AJTM). En 2022, il s’est vendu 190 millions de billets sur l’application, 22 millions rien qu’à l’été 2023. On comprend que la SNCF n’ait pas très envie de mettre en vitrine, sur son site, l’offre de ses concurrents Trenitalia ou Renfe. Et demain Transdev qui a remporté des contrats d’exploitation de lignes TER en région Sud ? « SNCF Connect va bien les distribuer pour l’axe Marseille-Nice« , nous a précisé la filiale distribution de la SNCF.

Taux de commission

Mais le principal grief des plateformes de vente de billets en ligne, c’est la commission que leur reverse l’opérateur ferroviaire public. La convention de distribution signée début 2023 entre les Entreprises du voyage (EDV) et la SNCF fixe à 2,9% le taux de commission que le transporteur doit payer aux agences de voyages, physiques ou en ligne. Mais en réalité, elles peuvent négocier en direct, en bilatéral. Selon les start-up rencontrées le 5 décembre, les taux obtenus à l’issue de ces négociations sont insuffisants pour couvrir les coûts de distribution : frais techniques, frais marketing, frais de paiements en carte bancaire, frais d’après-vente. « Ces taux de commission ne sont pas viables face à ces coûts », a estimé Mathieu Marquenet, PDG de Kombo. « On ne gagne pas assez d’argent pour pourvoir investir afin d’innover dans nos outils numériques », a repris le représentant de Trainline qui emploie un millier de salariés en Europe, l’équivalent de SNCF Connect en France.

Les plateformes de vente de billets de train indépendantes demandent une « instance externe » pour réguler le montant des commissions. Une demande que la dirigeante de SNCF Connect dit ne pas comprendre. « Réguler quoi ? Le taux de la commission de distribution est fixé par contrat, pour cinq ans », balaie-t-elle. Oui, mais renégociables.

La question n’est pas si incongrue. L’Autorité de la concurrence enquête depuis plusieurs mois sur le fonctionnement du secteur de la distribution de billets de trains en France, et a procédé en mai à «des opérations de visite et saisie inopinées auprès d’entreprises suspectées d’avoir mis en œuvre des pratiques anticoncurrentielles dans les secteurs du transport ferroviaire de voyageurs», selon un communiqué publié alors par le gendarme de la concurrence. Il se refuse à tout commentaire avant la fin de l’instruction.

Nathalie Arensonas

Ewa

Ile-de-France : Transdev s’arroge près de la moitié des contrats de bus Optile

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C’est au groupement Lacroix Savac que revient le dernier lot de lignes de bus attribué en grande couronne francilienne, à l’issue d’un appel d’offres. Il s’agit des lignes de l’agglomération de Val Parisis (15 communes, environ 286 000 habitants), dans le Val d’Oise. Le contrat doit démarrer le 1er août 2024 pour une durée de six ans. Les élus d’Ile-de-France Mobilités (IDFM) ont ainsi bouclé le 6 décembre le processus d’ouverture à la concurrence  du réseau Optile amorcé en 2021.

Au total, 36 lots de lignes de bus ont été attribués, et il y en a pour tout le monde : Transdev est le grand gagnant avec près de la moitié de parts de marché, suivi de Keolis (30%), de RATP Dev (10%) et de Lacroix-Savac (10%), selon les chiffres donnés par IDFM lors d’un point presse à l’issue du conseil d’administration de l’autorité organisatrice des mobilités de la région, le 7 décembre. Il portait essentiellement sur la tarification des transports lors des JO de l’été 2024 : lire ici.

La date et les modalités d’ouverture à la concurrence des lignes de bus de la RATP à Paris et en proche banlieue est en cours d’examen à l’Assemblée nationale. Elle devait intervenir le 1er janvier 2025 mais sera probablement étalée jusqu’à fin 2026 comme l’envisage une proposition de loi.

Le marché du réseau Optile en chiffres

  • 900 millions chiffre d’affaires
  • 135 contrats
  • 1 200 lignes de bus, 36 lots
  • 10 000 conducteurs
  • 5 000 véhicules
  • Environ 370 millions de voyages annuels
  • Plus de 200 millions de km parcourus par an

Ewa

Thierry Guimbaud en passe de prendre les commandes de l’Autorité de régulation des transports

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Il a réussi son grand oral. Auditionné ce matin par les commissions parlementaires du Sénat puis de l’Assemblée nationale, Thierry Guimbaud, le candidat proposé par Emmanuel Macron pour présider (enfin) l’Autorité de régulation des transports (ART) a reçu le feu vert du Parlement. Sa nomination officielle devrait intervenir dans les prochaines semaines, soit un an et demi après le départ de Bernard Roman dont le mandat s’était achevé en août 2022. L’intérim était assuré par l’un des deux vice-présidents de l’autorité, Philippe Richert.

Jusqu’à présent, la fonction avait échu à des élus, l’ancien maire centriste de Chanteloup-les-Vignes (Yvelines) Pierre Cardo, de 2010 à 2016, puis le député socialiste Bernard Roman les six années suivantes.

A 66 ans, Thierry Guimbaud, énarque, affiche une carrière 100% transports, ou presque. Après avoir œuvré sur les questions de concurrence au ministère de l’Economie, il a travaillé sur la question du financement des autoroutes et les concessions autoroutières au ministère de l’Equipement (le sujet va le rattraper s’il prend les commandes de l’ART), avant de rejoindre Aéroports de Paris. Pour se tourner ensuite vers le transport urbain, au Syndicat des transports d’Ile-de-France (ex-Ile-de-France Mobilités). En 2011, il avait pris la direction des services de transports à la DGITM au ministère de l’Environnement, de l’Energie et de la Mer et piloté la réforme ferroviaire d’août 2014, qui avait d’ailleurs élargi les compétences de l’autorité de régulation ferroviaire (alors Araf) au secteur des autocars longue distance et aux autoroutes. Depuis 2017, il dirigeait Voies navigables de France.

L’ART « menacée » ?

Interrogé par les parlementaires sur les défis qui attendent le gendarme des transports, Thierry Guimbaud considère que l’ART est « menacée car elle commence à manquer de façon préoccupante de moyens budgétaires ». Dans le projet de loi de Finances pour 2024, les dotations allouées à l’autorité administrative indépendante s’élèvent à 15 millions d’euros. Pour le candidat pressenti, il en faudrait 18.

Une autorité menacée, mais aussi « inaboutie », selon les termes de celui qui devrait en prendre les commandes pour Noël ou le début 2024. Inaboutie parce que l’extension progressive et « en tâches de léopard » de ses compétences (ferroviaire, aéroports, autoroutes, autocars longue distance, RATP, données), font que « son périmètre d’intervention n’est pas toujours très clair », estime Thierry Guimbaud. Sans refonder l’ART, il recommande de compléter et préciser son champ d’intervention. Et surtout, « de mettre très rapidement au cœur de ses missions la question de la transition écologique ». En régulant le tarif des péages ferroviaires « pour qu’ils soient le plus modérés possible », le gendarme du rail œuvre, selon son futur président, à ce qu’il y ait plus de trains et donc, à la décarbonation des transports.  « Ça doit être dit, pensé et écrit », a insisté Thierry Guimbaud. Devant les parlementaires, il a plaidé pour une proposition de loi en ce sens.

Début 2023, un autre haut fonctionnaire, Marc Papinutti, avait renoncé au poste « pour des raisons personnelles », après que sa candidature eut été très critiquée pour son manque d’indépendance en raison de ses précédentes fonctions. Il est depuis devenu président de la Commission nationale du débat public (CNDP). Sauf coup de théâtre, cette fois, ce devrait être la bonne.

Nathalie Arensonas

Ewa

Pas de grande vitesse au nord de l’Angleterre, mais des travaux d’électrification de la voie ferrée

Projet de ligne à grande vitesse High Speed 2  entre Londres et Birrmingham. Le Nord de l'Angleterre devra se contenter de la modernisation et de l'électrification des voies ferrées.

Le gouvernement britannique, qui a récemment taillé dans le tracé de la ligne à grande vitesse en construction HS2 pour faire des économies, a annoncé le 4 décembre 2023 investir 3,9 milliards de livres sterling (environ 4,6 milliards d’euros) pour améliorer les liaisons ferroviaires dans le nord de l’Angleterre. « Une injection de 3,9 milliards de livres dans la modernisation » de la voie ferrée reliant les villes de York et de Manchester « contribuera à offrir des liaisons plus rapides, plus fréquentes et plus fiables« , grâce notamment à l’électrification de la ligne, a fait valoir le gouvernement britannique dans un communiqué.

Début octobre, le Premier ministre britannique, Rishi Sunak, avait nettement réduit l’ambitieux projet de ligne à grande vitesse au Royaume-Uni, la HS2, qui a vu ses coûts exploser à 100 milliards de livres, 60 milliards de plus en dix ans. La branche vers Manchester a été sacrifiée, celle vers Leeds avait connu le même sort dès 2021. Le locataire de Downing Street avait alors indiqué vouloir réinvestir ailleurs les 36 milliards de livres économisés, en particulier dans les transports des régions défavorisées du nord de l’Angleterre. Promesse tenue… jusqu’aux prochaines élections législatives en 2024 pour lesquelles le parti conservateur est donné perdant.

L’annonce de cette fin 2023 s’ajoute à un financement de trois milliards de livres octroyé précédemment par le gouvernement britannique pour ce projet de modernisation. En outre, « un financement supplémentaire sera confirmé par le ministère » des Transports pour « soutenir un coût global qui pourra atteindre 11,5 milliards de livres« , ajoute le gouvernement dans son communiqué.

Ewa

Angleterre : visite sur l’un des chantiers de la controversée ligne à grande vitesse HS2

Vue de drône du portail sud du double tunnel HS2 dans la région des Chilterns, nord-ouest de Londres

Quelques semaines après l’annonce de l’abandon définitif de la section nord de la ligne High Speed 2 (HS2) entre Birmingham et Manchester par le Premier ministre britannique Rishi Sunak, à cause de la dérive des coûts passés en une décennie de 40 à 100 milliards de livres sterling, Bouygues Construction ouvrait les portes du chantier qu’il réalise au nord-ouest de Londres, dans les Chilterns.

La région se trouve au tout début du tracé de la nouvelle ligne à grande vitesse. La première depuis celle construite il y a 20 ans pour amener l’Eurostar du tunnel sous la Manche vers Londres. Mais HS2 n’ira pas désenclaver les villes du Nord de l’Angleterre, vocation initiale du projet ferroviaire. Au grand dam des maires de Leeds et de Manchester. Le gouvernement britannique a toutefois annoncé début décembre qu’il allait investir près de quatre milliards de livres pour améliorer les liaisons ferroviaires dans le nord de l’Angleterre.

Section sensible

VRT a visité l’une des sections les plus « touchy » de la ligne qui a bien failli devenir une ZAD. Elle traverse un parc naturel, la vallée de la Colne couverte de lacs et de forêts. Et de nombreuses circonscriptions tenues par des députés conservateurs qui ont relayé, avec succès, les oppositions de leurs concitoyens à la Chambre des députés où les Tories sont encore majoritaires. Ils ont pesé dans la configuration du tracé et surtout, dans sa réalisation puisque les élus des Chilterns ont réussi à imposer de coûteux tunnels pour ne pas balafrer la belle campagne du Buckinghamshire. Au final, la moitié du tracé jusqu’à Birmingham sera en souterrain. Le chantier dont le montant s’élevait à 1,7 milliard de livres sterling en 2020, atteint aujourd’hui deux milliards, « sous l’effet de l’inflation et de l’impact du Covid« , selon Daniel Altier, directeur du projet chez Align, la joint-venture formée par Bouygues Travaux Publics (60%), l’Anglais Sir Robert McAlpine (20%) et le Suédois Volker Fitzpatrick (20%).

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Futur viaduc ferroviaire dans la vallée de Colne, dessiné par le cabinet d’architectes Grimshaw. ©Grimshaw Architects

Un chantier titanesque, pas tant par le nombre de kilomètres que par la complexité des travaux qui consistent donc à construire un tunnel double de 16 km et un viaduc de 3,4 km, très architecturé. Le plus long jamais construit au Royaume-Uni. « Les piles du viaduc ricocheront tel un caillou sur l’eau des lacs » a voulu le cabinet d’architecture Grimshaw. Depuis avril 2020, 2 700 compagnons et deux tunneliers de 2 000 tonnes conçus spécifiquement pour le sous-sol crayeux des Chilterns, œuvrent sans relâche. Fin novembre, ils avaient creusé 80% des tunnels. Et excavé trois millions de mètres cubes de déblais qui ont fait jaillir une colline de 25 mètres de haut, faite de béton concassé et de terre végétale, vouée à redessiner le paysage. Maigre compensation pour les opposants à la HS2 qui n’ont pas réussi à contrer le déboisement. Pour limiter les dommages sur les routes locales, « nous avons construit une route parallèle temporaire » pour les camions et engins de chantier et l’impressionnant lanceur qui assemble le viaduc, décrit Daniel Altier.

Cette portion de la future LGV est censée entrer en service à partir de 2029 avec des TGV Zefiro (le groupement franco-japonais Alstom-Hitachi a remporté le contrat en 2021 pour fournir 54 trains). Pensé à l’origine comme « un métro à grande vitesse », pour permettre aux voyageurs, notamment d’affaires, de rallier la capitale britannique en moins d’une heure depuis Birmingham, Leeds ou Manchester, HS2 connu moult revirements. Les voyages d’affaires ont diminué, et il ne reste plus du projet ferroviaire du siècle que les 225 km de LGV entre Londres et Birmingham. Fin 2021 déjà, le tronçon qui devait relier Birmingham à Leeds était passé à la trappe. A Londres, la ligne débouchera bien à la gare de Euston, comme prévu initialement, mais dans une version plus modeste.

En officialisant l’abandon de certains tronçons, fin octobre, Rishi Sunak, a promis en échange des investissements massifs dans les réseaux ferrés existants du centre et du nord de l’Angleterre. Une promesse peu engageante moins d’un an avant les élections législatives où son parti, les Tories, est en mauvaise posture.

Trois groupements ont été retenus pour construire la HS2

  • Vinci (avec Balfour Beatty) va construire 85 kilomètres de ligne

  • Bouygues (avec VolkerFitzpatrick et Sir Robert McAlpine) s’est vu attribuer un lot pour des tunnels et des viaducs

  • Eiffage (avec Kier, BAM Nuttall et Ferrovial Agroman) doit réaliser un tunnel et 80 kilomètres de voies.

 

Nathalie Arensonas