Six mois après le lancement des premiers trains sur la ligne Paris – Bordeaux, Lisea, la compagnie privée concessionnaire du nouveau tronçon à grande vitesse Tours – Bordeaux (302 km), dresse un premier bilan. « Ces six mois montrent que la dynamique est au rendez-vous. Le bilan est positif sur toute la ligne », affirme Hervé Le Caignec, le président de Lisea.
Avec 2,7 millions de voyageurs acheminés en TGV ou en Ouigo (plus de 500 000 voyageurs sur le seul TGV à bas coûts) du 2 juillet (date du démarrage du service) au 31 décembre, « c’est un véritable succès commercial », ajoute-t-il. En période estivale, la hausse de trafic aurait atteint 75 % comparée à la même période de l’année précédente. Le nombre de voyages d’affaires a été multiplié par deux. « La relation Atlantique est devenue la troisième destination la plus fréquentée après Lyon et Lille », précise encore le patron de la filiale de Vinci.
Ce succès commercial est confirmé par la SNCF, qui reconnaît qu’il est supérieur à ses attentes. Mais il ne veut pas forcément dire rentabilité de la ligne. Avant le lancement de la LGV, SNCF Mobilités disait s’attendre à perdre de l’argent (200 millions d’euros en année pleine) du fait des péages élevés pratiqués par le concessionnaire privé. D’autant qu’il est prévu que les péages augmentent automatiquement de 3,5 % chaque année. Ce qui a déjà été fait en décembre dernier, comme le prévoit le contrat de concession signé en 2012 avec le gestionnaire des infrastructures ferroviaires qui s’appelait alors RFF.
Il serait intéressant de connaître les taux d’occupation des trains puisque les péages sont fixés en fonction de la capacité d’emport des TGV. Interrogé sur ce thème par VR&T, Voyages SNCF n’a pas donné de précisions. « La SNCF s’est engagé à continuer à assurer 18,5 allers-retours quotidiens. Pour le moment, elle maintient ses engagements, ce qui pourrait évoluer en cas de changement de contexte commercial », rappelle Hervé Le Caignec, qui affirme que les relations avec l’opérateur historique sont désormais apaisées.
La ponctualité reste toutefois à améliorer. Selon Lisea, ce taux est actuellement de 90 %. « Mais la ponctualité va continuer de progresser. Elle était plus basse au début, au cours des deux premiers mois car c’était la période de déverminage de la voie. Nous visons des chiffres plus proches de 100 % en 2018 et 2019 », indique Christophe Vanhove, le directeur général.
Reste aussi à réduire les nuisances sonores, dont les riverains se plaignent, même si, assure Hervé Le Caignec, « les mesures montrent qu’elles se situent jusqu’à présent dans le respect de la réglementation ». Les mesures conduites par le Cerema devraient s’achever vers septembre. « Nous discutons pour voir comment trouver des solutions répondant aux demandes des riverains. »
En période de pic, la ligne peut accueillir jusqu’à 90 circulations par jour. Mais il reste encore des réserves, puisque la ligne n’est utilisée qu’au tiers de ses capacités. Les dirigeants, qui sont allés prospecter en Europe, espèrent pouvoir annoncer dans quelques mois l’arrivée d’un opérateur étranger lorsque le marché sera ouvert à la concurrence en décembre 2020. Pour les inciter à venir, les nouveaux opérateurs auront droit un rabais d’environ 20 % pendant deux ans. Un rabais validé par le régulateur ferroviaire, précise Lisea.
Marie Hélène Poingt