Les élus de Nouvelle-Aquitaine ont approuvé fin mars la création d’une société publique locale pour « piloter techniquement et financer les investissements relatifs au matériel roulant ferroviaire« . Baptisée Société Publique Interrégionale des Investissements en faveur des Transports (SPIIT), elle a été créée avec la région Occitanie, explique dans un communiqué la Nouvelle Aquitaine. Et doit permettre d’optimiser les coûts et de mutualiser les moyens d’ingénierie, d’autant que leurs parcs de matériel présentent des « caractéristiques proches« , souligne le communiqué.
« Constituer ainsi une ingénierie technique régionale dédiée permet notamment d’assurer pleinement son rôle de propriétaire et d’être force de propositions pour la maintenance courante, lisser les investissements dans le temps, et pourquoi pas aussi d’accueillir ultérieurement d’autres Régions » précise également Renaud Lagrave, le vice-président du Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine chargé des mobilités.
Rappelons qu’en séance plénière du 17 octobre 2022, la région avait approuvé la convention de transfert de propriété du matériel roulant ferroviaire, conformément aux dispositions de l’article 21 de la loi 2018-515 du 27 juin 2018 pour un nouveau pacte ferroviaire. Elle est donc devenue pleinement propriétaire des 148 rames du parc, qui représentent une valeur nette comptable de 375 M€.
En décembre dernier, elle a décidé d’acquérir 4 Rames Régio2N et 11 rames Régiolis pour un montant de 172 M€.
Carole Delga, la présidente de l’Occitanie, également présidente de Régions de France, veut montrer son engagement pour le ferroviaire. « Nous nous inscrivons dans un partenariat de longue durée avec la SNCF » , a-t-elle indiqué en présentant le 28 septembre, en présence de dirigeants de la SNCF, les grands chantiers régionaux dans ce domaine. D’autant que la région engrange des résultats : « Nous sommes la seule région française à enregistrer une augmentation de la fréquentation des trains régionaux : durant l’été 2020, le trafic dans les TER a augmenté de 13 % par rapport à l’été précédent », a rappelé l’élue. Son objectif est de passer de 67 000 voyageurs quotidiens aujourd’hui à 100 000 d’ici 2030. « Je crois au service public ferroviaire », a-t-elle souligné. « Nous partageons les mêmes valeurs », a répondu Jean-Pierre Farandou.
D’où plusieurs grands chantiers lancés dans la région. Après avoir approuvé il y a près d’un an un nouveau plan Rail pour lequel l’Occitanie s’est engagée à financer 800 millions d’euros, la région a demandé à SNCF Réseau de s’impliquer localement en installant une équipe dédiée à la réalisation de son plan. Dans un premier temps, 20 agents seront dédiés à ce plan Rail puis 50 autres seront notamment affectés à l’ingénierie et à la conduite de projets, aux termes d’un accord qui vient d’être passé avec le gestionnaire des infrastructures.
La région demande à l’Etat, comme le lui permet la loi, le transfert de la gestion de deux petites lignes fermées à la circulation depuis quelques années qu’elle souhaite relancer après travaux : elle annonce qu’elle veut consacrer 67 millions pour rouvrir en 2023 la ligne Montréjeau – Luchon (36 km) fermée en 2012 et qui permettra de desservir les hautes vallées du Comminges. Et elle consacrera 66 millions pour relancer la liaison Alès – Bessèges (31 km) fermée depuis 2014, afin de relier de nouveau en 2024 les terres cévenoles. Enfin, parmi d’autres projets, l’Occitanie veut avancer par phases dans la réouverture de la rive droite du Rhône. Première étape, elle prévoit d’ouvrir l’année prochaine le tronçon Pont-Saint-Esprit – Avignon Centre avec cinq allers-retours quotidiens. A terme, l’objectif est de proposer huit allers-retours pour relier en 1 h 20 les 80 km qui séparent Pont-Saint-Esprit de Nîmes.
M.-H. P.
Ce sera une première au niveau national : dans le cadre de la loi 4D qui devrait être discutée en première lecture au Parlement en juillet, le gouvernement va confier à l’Occitanie la gestion des routes nationales RN 116 et 20. Ce sera alors la première région à mettre en œuvre cette expérimentation qui devrait débuter à l’horizon 2022.
L’expérimentation portera sur ces deux axes en raison de leur interdépendance pour les flux transfrontaliers et de leur caractère essentiel pour le développement économique et touristique du territoire ainsi que pour les déplacements des habitants. Elle revêt un intérêt en termes de connexion entre les Pyrénées-Orientales, l’Ariège et l’agglomération toulousaine. Cette démarche expérimentale permettra notamment de travailler sur une connexion optimale entre les réseaux routiers et ferroviaires, affirme-t-on à la région.
Catherine Stern
Plus on voyage, moins on paie. C’est l’idée portée par la région Occitanie pour que les jeunes prennent le TER. L’expérimentation « + = 0 », que lance la région à partir du 1er avril, cherche à prolonger le succès remporté cet été par les transports régionaux. La fréquentation des TER liO avait alors augmenté de 13 % au cours de l’été 2020 en Occitanie. « C’est la seule région française à avoir vu sa fréquentation augmenter. Au niveau national, la baisse a été de 25 % », rappelle Carole Delga, la présidente de la région.
Ces bons résultats ont été obtenus grâce à des tarifs à un euro le trajet : plus de 1,2 million de ces billets ont ainsi été vendus et plus de 60 % des bénéficiaires étaient des jeunes.
L’objectif du nouveau dispositif « + = 0 » offre la possibilité aux habitants de la région, âgés de 18 à 26 ans, de voyager gratuitement grâce à un contrat de fidélité sans engagement. Le voyageur s’inscrit sur le site des TER liO, et chacun de ses trajets est crédité sur son « compte mobilité : il paye 50 % du tarif pour les cinq premiers voyages, puis voyage gratuitement à partir du sixième. A partir de 10 voyages, son crédit se reporte sur le mois suivant ».
Dans un premier temps, un panel de 2 000 jeunes va tester l’application. Les inscriptions pour participer à l’expérimentation s’ouvrent à compter du 22 février sur le site www.ter.sncf.com/occitanie. Le test aura lieu du 1er avril au 31 août. Si elle est concluante, l’expérience sera généralisée à partir du 1er 2021.
La Région Occitanie a également décidé de plafonner ses abonnements à 90 €, contre 190 € jusque-là. « Cela représente une baisse tarifaire pour près d’un quart des abonnés (2 200 sur les 10 000 aux trains liO) et un gain de pouvoir d’achat d’en moyenne de 50 €. Cette nouvelle réduction s’inscrit dans une politique tarifaire globale des transports en commun et fait suite au plafonnement des trajets des cars liO à deux euros », souligne la région.
Y. G.
C’est une première pour l’entreprise Safra, installée à Albi, qui a remporté en septembre un appel d’offres de la SNCF et de l’Occitanie pour la rénovation d’AGC de cette région.
Présente sur le marché des bus électriques et plus récemment à hydrogène, mais aussi sur le marché de la rénovation de tramways (ceux de Nantes en 2016 et 2017 et de Bordeaux actuellement), Safra n’avait jusqu’à présent pas rénové de matériel ferroviaire. Son savoir-faire dans les autres modes de transport lui a néanmoins permis de remporter l’appel d’offres lancé en janvier 2020.
Le contrat concerne 19 rames AGC dont 12 tricaisses de Midi-Pyrénées et sept quadricaisses de Languedoc-Roussillon. Il prévoit une option pour 10 rames supplémentaires qui pourrait être éventuellement levée trois mois avant la fin du marché.
La rénovation concerne le changement des sièges, des revêtements de sols, le nettoyage des autres revêtements intérieurs, la suppression des poubelles, l’installation d’un système complet de comptage des voyageurs, le remplacement de l’ensemble des éclairages halogènes par des LED et la rénovation des plafonds. A l’extérieur, Safra refera la livrée complète, propre au matériel Occitanie, rouge et gris clair, avec une mise en peinture et la pose d’adhésifs.
Le travail se déroulera sur 26 mois pour l’ensemble de 19 rames, avec une équipe d’une trentaine de salariés de l’entreprise, ainsi que des sous-traitants pour la partie adhésive. Ils commenceront par une rame prototype, un AGC tricaisse de Midi-Pyrénées, ce qui devrait durer 41 jours le temps de mettre au point les procédures. Pour les rames suivantes, le temps de travail sera divisé par deux, soit 21 jours.
Pour réaliser ce contrat, Safra va devoir s’agrandir puisque les matériels TER sont beaucoup plus volumineux qu’un simple métro. Un atelier provisoire de 1 000 m2, embranché, comme le site, sera construit pour rénover la première rame. En attendant que l’actuel bâtiment en dur de 1 000 m2 ne soit agrandi de 6 000 m2 (livré fin 2021) pour les autres rames et les autres contrats de l’entreprise.
Le contrat commencera le 4 janvier, avec la rame prototype.
Yann Goubin
La région Occitanie a annoncé, aujourd’hui, qu’elle allait investir 800 millions d’euros pour l’amélioration des « lignes de desserte fine du territoire, qui représentent plus de la moitié du réseau ferroviaire d’Occitanie utilisé par les trains liO », a indiqué Carole Delga, la présidente de la région. Lors de la prochaine assemblée plénière, elle proposera d’allouer cette enveloppe de 800 M€, permettant une contractualisation sur un plan pluriannuel de 10 ans. « Ce montant représente le double du précédent Plan Rail 2007-2013 », précise l’élue. L’Occitanie espère que l’Etat complétera, à hauteur de 800 millions également, pour atteindre le montant de « 1,6 milliard d’investissement nécessaire pour pérenniser ces infrastructures vitales », ajoute-t-elle.
L’Occitanie souhaite aussi se voir confier la gestion directe des chantiers de réhabilitation, comme la loi LOM le prévoit à titre expérimental. Cela concernerait les lignes Montréjeau-Luchon et Alès-Bessèges, actuellement fermées à la circulation et pour lesquelles SNCF Réseau a réalisé les études de faisabilité, mais dont « les montants de travaux et les délais annoncés ne satisfont en rien la Région ». L’Occitanie souhaite pouvoir mettre les moyens humains et techniques nécessaires à une avancée rapide des projets, notamment en installant localement des équipes SNCF, au moins le temps du contrat de plan. Jean-Pierre Farandou, venu à Montpellier, s’est montré favorable à l’implantation d’agents SNCF dans la région, précisant toutefois, que les modalités devaient encore être contractualisées.
Carole Delga a aussi renouvelé son attachement au fret, à travers le transfert à l’Occitanie, associée à la Nouvelle-Aquitaine, de la ligne de fret ferroviaire Auch – Agen fermée depuis 2016. La Région a aussi rappelé son opposition à la fermeture de la ligne Perpignan – Rungis, maintenant « la pression pour que l’Etat et SNCF Réseau acceptent l’aménagement des quais de Rungis qui permettraient l’accueil des trains combinés, embarquant directement les containers ».
Jugeant que « l’Occitanie compte aujourd’hui les villes les plus éloignées de Paris par le train, avec plus de 60 % des personnes habitant en Occitanie situées à plus de quatre heures de train de Paris », Carole Delga veut que « le raccordement de Toulouse et de Perpignan se concrétise, d’autant que toutes les études nécessaires ont été réalisées et que seul le feu vert de l’Etat manque sur ces deux projets ». La présidente a confirmé « la mise en enquête publique » du tronçon Béziers-Montpellier « en 2021 ». L’Occitanie est aussi engagée dans la protection environnementale et compte investir dans du matériel plus respectueux de l’environnement. Ainsi, elle souhaite, tester sur la ligne Montréjeau – Luchon, le futur train à hydrogène de l’usine Alstom installée à Tarbes. Elle veut aussi mener une étude sur le transport mixte qui achemine à la fois des voyageurs et de petites quantités de marchandises dans un même train. Cela permettrait, notamment, de mieux répondre à la démarche de circuit court souhaitée par de nombreux producteurs et consommateurs.
Yann Goubin
Depuis le 24 mars, l’opérateur liO TER Occitanie consulte, via un service téléphonique (0800 31 31 31) et un formulaire en ligne, les personnes qui doivent continuer à se rendre à leur travail. Son objectif est d’adapter au mieux le service de transports à leurs besoins, alors que l’offre TER a été réduite à 15 % du trafic normal et les bus liO entre 6 et 10 %.
« Celles et ceux qui ont l’obligation d’aller travailler quand les autres sont confinés doivent avoir des transports », affirme Jean-Luc Gibelin, le vice-président en charge des mobilités et des infrastructures transports de la région Occitanie. « C’est le rôle d’une collectivité et des transports en commun d’être à leur disposition. Mais plutôt que de faire de grandes annonces, nous avons voulu avoir une démarche pragmatique en demandant leur avis aux personnes concernées ».
Les solutions proposées seront décidées au cas par cas, selon les besoins qui auront été formulés, à partir du milieu de la semaine prochaine. Par ailleurs, la mensualité d’avril des personnes abonnées annuelles ne sera pas prélevée et des titres de transport gratuits (ou un remboursement) seront proposés aux personnes ayant l’obligation de se déplacer (personnels soignants et salariés des secteurs essentiels de l’économie).
Catherine Stern
En Occitanie, la circulation des TER est réduite comme dans les autres régions, conformément aux directives du gouvernement et évoluera progressivement selon les besoins, en lien avec la SNCF. Sur le réseau d’autocars liO, un service minimum est assuré avec un maintien partiel des lignes à raison de 1 à 3 allers-retours par jour. Pour soutenir les entreprises de transport, la Région a annoncé que « les services liO non exécutés seront tout de même rémunérés sur la base des charges fixes intégrant notamment les salaires ».
A Toulouse, Tisséo a annoncé la mise en place, à compter de vendredi 20 mars et jusqu’à la fin de la période de confinement, de la gratuité des transports en bus, tram et métro ainsi que sur les services Mobibus, « afin de faciliter les déplacements des personnes qui travaillent dans les services vitaux, le confinement étant la règle pour tous les autres voyageurs ». Tisséo a estimé le 18 mars la baisse de la fréquentation du métro, tram et bus entre 90 et 95 %.
Catherine Stern