Ce sera une première européenne, qui s’inscrit logiquement dans le processus de modernisation en cours du RER de Copenhague. Après un basculement intégral de ce réseau en CBTC en septembre 2022, les rames S-tog de la capitale danoise devraient se passer de conducteur à partir de 2030. À cette date, les seuls autres trains de banlieue du monde en conduite automatique intégrale devraient être ceux de la ligne Yamanote, la petite ceinture de Tokyo, dont la conversion des 35 km est attendue pour 2028.
À Copenhague, le basculement ne se fera pas en un jour, s’agissant du plus important projet d’automatisation d’un RER au monde. Depuis 1934, les lignes de S-tog, qui cumulent aujourd’hui 170 km électrifiés en 1,5 kV continu, forment un ensemble quasi-indépendant du réseau ferré national (exploité en traction électrique 25 kV 50 Hz ou en diesel). Mais les deux réseaux danois ont le même gestionnaire d’infrastructure, Banedanmark, qui a choisi Siemens, déjà fournisseur du CBTC Trainguard MT du réseau S-tog, pour mener à bien son automatisation, au niveau GoA4 (Grade of Automation 4, c’est-à-dire sans conducteur). Cette automatisation sera d’ailleurs réalisée dans le cadre d’un avenant (chiffré à quelque 270 millions d’euros) au contrat CBTC signé par Siemens en 2011.
Les buts recherchés avec l’automatisation de S-tog de Copenhague est d’augmenter encore la fréquence des passages (l’objectif est de passer de 30 à 40 trains par heure sur le tronc central) et de mieux adapter les dessertes à la demande ou lors d’éventuelles situations dégradées. Pour parvenir à ces résultats sans perturber l’exploitation, le passage au niveau GoA4 sera réalisé en cinq phases, la première se déroulant sur la ligne F. Sur cette rocade un peu isolée du reste du réseau de S-tog, les essais sont prévus à partir de la mi-2030, l’exploitation régulière étant attendue pour la fin 2030. La suite du projet sera mise en œuvre progressivement, avec cohabitation jusqu’en 2038 entre de nouvelles rames GoA4 sans conducteur (pour lesquelles un appel d’offres est en cours) et les rames GoA2 actuelles. Parallèlement, deux dépôts devront être équipés du CBTC.
Trois jours après avoir été inauguré, le prolongement du RER E (Eole) a accueilli ses premiers voyageurs sur le nouveau tronçon entre Haussmann-Saint-Lazare et Nanterre-la-Folie. Parmi les voyageurs du premier train, montés à Haussmann-Saint-Lazare, figuraient en particulier Valérie Pécresse, présidente la Région Île-de-France et d’Île-de-France Mobilités (IDFM), Laurent Probst, DG d’IDFM et Alain Ribat, directeur Transilien de SNCF Voyageurs. Partie de l’ancien terminus à 10 h 20, cette rame RER NG s’est élancée à 120 km/h maximum dans le nouveau tunnel, desservant les nouvelles gares souterraines de Neuilly Porte Maillot-Palais des Congrès (avec puits de lumière) et La Défense-Grande Arche, avant de remonter à la surface pour terminer son parcours en gare de Nanterre-la-Folie, nouveau terminus ouest du RER E en attendant la suite de son prolongement vers l’ouest, jusqu’à Mantes-la-Jolie.
Valérie Pécresse et Alain Ribat, directeur Transilien de SNCF Voyageurs, dans le premier train régulier du prolongement ouest du RER E.
Ce train était le premier à desservir le prolongement du RER E à raison de quatre navettes par heure et par sens entre Magenta, à Paris, et Nanterre-la-Folie, de 10 h à 16 h en semaine, voire jusqu’à 20 h les week-ends et jours fériés. Il était prévu que ces navettes soient assurées par des unités multiples de RER NG ; dans les faits, ce nouveau matériel roulant a d’emblée côtoyé sur le prolongement les deux autres types de rames déjà en service sur le RER E : le Francilien à un niveau (et à bonne hauteur par rapport aux quais des nouvelles gares) et le MI2N (dont le plancher est trop haut, d’une marche d’escalier).
Rame Francilien du RER E dans la nouvelle gare de Neuilly Porte Maillot-Palais des Congrès, avec puits de lumière.
Lancé en heure creuse au début d’une semaine comptant deux jours fériés, le prolongement du RER E a plus souvent eu, comme premiers voyageurs, des curieux ou passionnés de transports que ses futurs usagers de la vie quotidienne. Mais déjà, les premières heures d’exploitation ont eu leur lot d’alertes aux bagages abandonnés, voire d’annulations… Sans parler de l’atmosphère souterraine, rapidement rendue poussiéreuse par les premiers passages de trains !
Avant même la loi encadrant le développement des Services express régionaux métropolitains (Serm), qui a été définitivement adoptée par le Parlement le 18 décembre 2023, plusieurs projets étaient à l’étude. D’autres sont en cours de développement à Lille, Lyon, Grenoble, Marseille, Nantes, Rennes, Rouen, Strasbourg ou Bordeaux. Un an après la première conférence sur les RER métropolitains organisée au printemps 2023 à Paris, et qui avait réuni plus de 250 participants, VRT a organisé le 28 mars une deuxième édition pour faire le point sur les initiatives prises par les collectivités.
La mise en mouvement n’a pas tardé. Un an après la déclaration du président de la République en faveur de RER métropolitains, la loi encadrant leur développement (rebaptisés Services express régionaux métropolitains ou Serm) a été définitivement adoptée par le Parlement le 18 décembre 2023.
Les Serm ne sont pas calqués sur le modèle du RER francilien puisqu’ils pourront inclure, en plus d’un renforcement de l’offre ferroviaire, des cars express à haut niveau de service, des réseaux cyclables, du covoiturage ou encore du transport fluvial. L’objectif est de doter les grandes métropoles de notre pays de transports fréquents et cadencés. L’association Objectif RER Métropolitains a identifié 25 territoires susceptibles d’être concernés. Qui pourront profiter des nouvelles possibilités ouvertes par la loi. Il est maintenant possible de tirer les enseignements des premiers services mis en exploitation, avec le démarrage réussi du Léman Express entre la Suisse et la France et celui de Strasbourg. Se pose encore la question épineuse du financement de ces RER qui reposent sur une forte complémentarité entre les modes de transport, qu’il faut savoir anticiper au risque de se retrouver parfois débordé. Autant de pistes de réflexions sur lesquelles ont débattu les participants de l’édition 2024 de la conférence. Dans un message vidéo, Jean-Marc Zulesi, député Renaissance et rapporteur de la loi sur les Serm, en a rappelé les enjeux. « L’objectif reste de dynamiser l’ossature ferroviaire en n’oubliant aucun autre mode de transport, ce qui nécessite de simplifier les trajets et de faciliter, par exemple, le passage d’un train à une ligne de car express ou de covoiturage » a-t-il énoncé. Selon le député qui préside la commission du développement durable et de l’aménagement du territoire, l’arrivée de la Société des grands projets (anciennement Société du Grand Paris) va permettre à la fois de proposer des solutions de financements grâce à sa capacité d’endettement, mais aussi de profiter de son ingénierie dans la maîtrise d’ouvrage. Toujours selon lui, la montée en puissance de ce nouvel acteur n’entre pas en concurrence avec SNCF Réseau, mais doit permettre à ces deux entités de travailler « en complémentarité de compétences ».
La loi sur les Serm promulguée, aux acteurs du transport d’assurer « le service après-vente, dit-il. « Il faut absolument que nous arrivions dans les mois à labelliser ces services express régionaux métropolitains grâce à des propositions qui émanent du territoire vers le ministère des Transports » insiste-t-il, en précisant qu’il allait entamer un tour de France des projets, aller au contact des élus, des acteurs des transports et des citoyens. Reste le problème de leur financement auquel la conférence dédiée et attendue en juin prochain pourrait apporter un début de réponse. Près de 800 millions d’euros ont été prévus dans le cadre des contrats de plan État-Région (CPER) pour financer les Serm dans les territoires, et plusieurs mesures de financement sont actuellement à l’étude, « comme les quotas carbone ou la taxe Chirac sur l’aérien », rappelle le député.
S comme service
Anne-Céline Imbaud de Trogoff, directrice exécutive du développement des transports territoriaux à la SGP
Qu’est-ce qui distingue les Serm du projet initial de RER urbain ?« La notion de service, le S des Serm, montre la volonté de concrétiser l’intermodalité entre les différents services de transport et constitue de ce fait un projet plus qualitatif que celui du seul RER urbain », répond Jean-Luc Gibelin, vice-président en charge des mobilités en Occitanie. La région dirigée par la socialiste Carole Delga va se doter d’une « Halle des mobilités » à Toulouse située au cœur du pôle d’échanges multimodal Marengo pour connecter la gare historique Matabiau, deux stations de métro des lignes A et C, une grosse station de bus et des espaces publics. « Elle s’appuiera sur la brique ferroviaire tout en bénéficiant de l’apport des transports urbains et interurbains ainsi que celui des mobilités actives », illustre l’élu local.
Pour Anne-Céline Imbaud de Trogoff, directrice exécutive du développement des transports territoriaux à la SGP, il convient d’accompagner les collectivités pour qu’elles puissent concrétiser l’ambition de service en matière de transport, en proposant un schéma de transport tous modes confondus. « Il faut également ajouter d’autres couches de services, comme de la billettique intégrée, de la tarification, et améliorer les pôles d’échanges pour proposer des trajets sans couture ». Thomas Allary, directeur du programme Serm chez SNCF Réseau/Gares & Connexions, connaît bien le sujet puisque les nœuds de connexions se situent souvent dans les gares ou les pôles d’échanges multimodaux. « Nous proposerons à cet effet 65 000 places de vélo sécurisées dans les gares et ce chiffre montera à 90 000 en 2030. Nos gares vont devoir être repensées comme des supports de services où nous allons continuer à travailler sur l’accessibilité et la fluidité des parcours, en termes de signalétique intermodale, avec un sujet d’information voyageurs. Gares & Connexions sera aux côtés des collectivités, comme c’est déjà le cas à Lyon Part Dieu, où de nouveaux services sont proposés dans la gare et le quartier alentour. Celle de Libourne va faire office de Gare Lab, un laboratoire de nouveaux services pour le Serm de Bordeaux », ajoute le représentant de la SNCF.
Retours d’expériences
Eric Steil, directeur marketing et développement TER chez SNCF Voyageurs
Comment accompagner au mieux les collectivités qui mettront en place de nouveaux Serm ? A partir des premiers enseignements du Léman Express, de l’express Libourne-Arcachon en Nouvelle-Aquitaine et du réseau express métropolitain européen (Reme) de Strasbourg, Eric Steil, directeur marketing et développement TER chez SNCF Voyageurs a dressé un constat fort : la fréquentation est systématiquement au rendez-vous. « Les objectifs initiaux pour le Léman Express, fixés à 50 000 voyages par jour, ont été dépassés de 20 % la première année, qui était de surcroît une année Covid. L’année suivante la fréquentation est montée à 60 000 voyages par jour et elle devrait être de 80 000 cette année, soit +60 % par rapport aux prévisions de l’époque », calcule le transporteur. A Strasbourg, malgré un démarrage difficile, le Reme a très vite convaincu, surtout les habitants de l’intérieur de l’Eurométropole, avec une fréquentation en hausse de 27 % dès le démarrage du service. « Cela montre que les personnes qui ont déjà l’habitude d’utiliser les transports en commun sont les premières à les adopter ». Le succès ne se dément pas non plus pendant le week-end, dit-il.
Les Serm ne se résumeraient donc pas aux seuls voyages du quotidien mais permettraient de gagner une clientèle de loisirs ou occasionnelle. Cet engouement impacte les habitudes de mobilités. Pour preuve, avance Eric Steil, une baisse des passages en douane sur l’autoroute entre la France et la Suisse, avec – 36 % de passages au poste franco-suisse de Thônex- Vallard sur l’A411. Et l’analyse des images satellites des villes situées le long du Léman Express laisse apparaître une forte augmentation des places de parking vides près des gares, parfois le double qu’avant l’entrée en service du Léman Express. « Nous avons instauré un pass qui englobe quinze modes de transport différents (train, bateau, cars, etc.) et permet aux voyageurs occasionnels et abonnés de bénéficier d’une solution tarifaire intéressante et simplifiée », insiste Eric Steil. Enfin, pour mesurer l’impact environnemental des Serm, un système d’étiquette carbone a été mis en place, avec différents niveaux d’impact selon que l’on est seul à bord d’une voiture, d’un car ou d’un train.
Les écueils à éviter
La mise en place d’un Serm peut-elle entraîner des effets délétères, en favorisant les zones desservies au détriment des autres ? Martin Chourrout, directeur région Nord chez Systra, insiste sur la nécessité de lier le développement des services de transport à celui de l’aménagement des territoires. « L’ambition du Serm consiste à créer un choc d’offre pour impulser une révolution du transport public dans les métropoles. Mais il faut veiller à travailler sur la complémentarité du mode ferroviaire, au risque qu’une partie des territoires bénéficie d’un doublement des liaisons ferroviaires et que les territoires non desservis se retrouvent d’autant plus à la traîne s’ils ne bénéficient pas, eux aussi, d’une offre enrichie », énonce-t-il. La bonne performance du réseau de transport ne doit pas non plus donner prétexte à l’étalement urbain. « Il ne faudrait pas que les Serm contribuent à une plus forte périurbanisation. Les territoires en périphérie vont devenir plus accessibles et de nombreux ménages pourraient décider de s’installer de plus en plus loin des centres-villes », ajoute le représentant de la société d’ingénierie.
Une analyse partagée par Anne-Céline Imbaud de Trogoff même si, ajoute-t-elle, le but des Serm reste bien d’améliorer la mobilité des populations résidant autour des métropoles. « Il est donc primordial de penser le projet dans une approche territoriale, en regardant ce qu’il se passe autour des gares ou des pôles d’échanges dont l’accessibilité va s’améliorer, tout comme les zones concernées par le rabattement. Nous devons également faire preuve de sobriété foncière, en corrélation avec l’objectif de zéro artificialisation nette de sols », souligne la représentante de la SGP. Le projet de RER des Hauts-de-France doit par exemple permettre d’améliorer la liaison entre la métropole lilloise et le bassin minier, avec un double enjeu social de désenclavement et décarbonation, rappelle-t-elle.
Un saut d’offre à gérer…
Se prêtant à nouveau à un exercice de sémantique, sur le « e » de Serm qui caractérise la notion « express », Jean-Luc Gibelin juge que la notion de qualité d’offre prime plus que celle de vitesse. « L’un des enjeux des Serm réside dans la fluidité des différents modes, avec un cadencement suffisamment élevé pour que l’usager ait simplement à se déplacer d’un point A à un point B avec plusieurs modes de transport sans avoir à gérer une série de petits déplacements, chacun relevant d’une compétence administrative particulière », commente l’élu d’Occitanie. Ce voyage sans couture, proche de la notion du titre unique de transport, ne peut être obtenu qu’après un travail préparatoire intense, insiste Eric Steil, en se basant sur le lancement des premiers Serm. « Le saut d’offre que nous créons doit être travaillé très en amont », note-t-il. Le système ferroviaire repose sur le temps long, il demande un travail d’anticipation et sur la robustesse de l’offre de transport, puis sur la mise en œuvre opérationnelle. Ce qui implique de nouveaux gestes métier, aussi bien pour l’opérateur que les agents en gare. La gare de Strasbourg peut accueillir un train toutes les 30 secondes, et le moindre grain de sable grippe tout l’engrenage ferroviaire.
Le bond de fréquentation peut aussi surprendre les élus communaux qui vont devoir gérer un afflux d’automobilistes voulant se garer un peu n’importe où avant de sauter dans le RER. Un phénomène à anticiper sur le plan urbanistique. Eric Steil conseille d’articuler les projets de mobilité autour du train et de proposer une réflexion complète autour de cette colonne vertébrale pour proposer des trajets de bout en bout. Il convient, dit-il, de « partir de l’usager », et de se poser les questions à sa place pour comprendre « comment il vit sa mobilité ». Pour exemple, la hausse de l’usage du vélo pour rejoindre les transports en commun (métro, tramways, trains) démontre que les déplacements ne sont pas pensés de bout en bout. « On trouve des locations de vélo en libre-service en agglomérations, ainsi que des vélos-stations, mais il manque un service complet grâce auquel le voyageur peut stationner un vélo dans une gare, effectuer son voyage et en trouver un autre à l’arrivée, avec une formule tarifaire complètement intégrée », estime le représentant de SNCF Voyageurs.
.. et des correspondances à articuler
Thomas Allary, directeur du programme Serm chez SNCF Réseau/Gares & Connexions
Un RER bien pensé et bien articulé sera efficace mais implique que les correspondances physiques soient bien réalisées en termes de fluidité du parcours, acquiesce Thomas Allary. Les infrastructures doivent aussi répondre à la qualité de service attendu. « Cela signifie que les correspondances horaires soient bien travaillées entre les trains ou les différents modes. Les nouveaux sillons pour les Serm doivent être à la fois réalisables et robustes afin de s’articuler de manière équitable, transparente et équilibrée avec les sillons TGV et des trains de fret. Cela aura des répercussions sur le réseau ferré puisqu’il faudra réaliser des travaux, y compris sur le réseau existant», prévient le représentant de la SNCF côté Réseau et Gares & Connexions. Pour gérer tous ces paramètres, l’anticipation entre tous les acteurs est cruciale. « Le projet doit être défini de manière à ce qu’il bouge le moins possible, qu’il s’agisse de l’expression des besoins émanant de l’autorité organisatrice ou bien la réponse industrielle proposée par le maître d’ouvrage ou encore la réponse capacitaire donnée par le gestionnaire d’infrastructure. Car il faut concevoir des Serm de façon industrielle afin d’être capable de réaliser des travaux de façon massive dans beaucoup de projets Serm en même temps. Il faudra que la filière ferroviaire puisse recruter et former du personnel afin qu’il soit opérationnel. Cela ne se fera pas en quelques mois mais en plusieurs années. Cette visibilité et cette stabilité ne peuvent s’obtenir qu’avec une véritable coordination entre acteurs », plaide-t-il.
Pour assurer cette coordination, son homologue de SNCF Voyageurs recommande une gouvernance des projets très large. « Plus la gouvernance intègre de partenaires et plus le projet est réussi. Ce qui implique d’intégrer les gestionnaires infrastructures, les opérateurs et les usagers qui connaissent leur ligne. Le Serm de Bordeaux dispose d’un plateau projet qui réunit tous les acteurs et valide chaque nouvelle étape avant son déploiement », décrit-il. Anne-Céline Imbaud de Trogoff ajoute que la loi prévoit la création d’une structure locale de coordination intégrant une coordination politique entre autorité organisatrice des mobilités (AOM) et financeurs, et une coordination opérationnelle avec les différents maîtres d’ouvrage. « Cela doit permettre de se mettre d’accord sur les objectifs prioritaires, tant au niveau industriel que du développement du territoire », estime-t-elle.
La coordination entre les différents intervenants relève de la mécanique de précision, ajoute Julien Bornet, directeur du développement ferroviaire France chez Egis. « « Il faut trouver un consensus pour concilier intérêts politiques et techniques afin de satisfaire les ambitions des métropoles, des régions et de toutes les collectivités. C’est la clé de voûte du succès d’un Serm. Lors de cette première phrase, la notion économique ne doit pas être oubliée au risque de prendre une douche froide à la fin », estime le représentant du cabinet d’ingénierie ferroviaire. Selon lui, il faut aborder un projet avec une vision très large « et surtout orientée par niveau de service, de façon à pouvoir avancer progressivement et de façon réaliste. » Pour Julien Bornet, cette démarche, phasée, « doit être visible par tous. »
Apprendre à dire non
Martin Chourrout, directeur région Nord chez Systra.
Les attentes d’un projet Serm, parfois disproportionnées par rapport aux capacités du réseau ferré, peuvent provoquer des frictions. En revenant sur le cas de Strasbourg, où sur les 1 000 trains quotidiens supplémentaires annoncés initialement, seuls 600 ont été effectifs, Martin Chourrout commente : « Systra a été missionnée par la région et SNCF Réseau qui souhaitaient se retrouver ensemble et avancer malgré leurs divergences, afin de jouer un rôle de tiers de confiance. Il s’agissait de concilier les intérêts des acteurs de la sphère politique, qui souhaitent que cela aille vite sous la pression de leurs administrés, et ceux des acteurs techniques, qui savent que les projets de transport relèvent du temps long, voire très long pour le ferroviaire ». La mission de conciliation a consisté à remettre à plat les contraintes et les ambitions de chaque partie prenante, pour qu’elles se rejoignent sur le long terme malgré un dialogue qui a parfois du mal à s’instaurer. « La dimension humaine n’est pas à négliger dans tout projet de gouvernance », souligne l’ingénieriste.
Thomas Allary est également revenu sur le démarrage raté du Reme strasbourgeois. « Ce cas-là était heureusement une exception. Il illustre le besoin d’une grande stabilité dans la réponse industrielle, ainsi que la difficulté à trouver le bon équilibre entre les trains de fret, les Intercités, les Serm et les TER. En fait, il faut savoir anticiper et privilégier la robustesse de l’exploitation et la régularité des trains, plutôt que leur nombre. Savoir dire non à certaines expressions de besoins. Nous allons apprendre à le dire encore plus ».
Une centaine d’actions ont ainsi été mises en place à Strasbourg pour retrouver une offre stabilisée à 640 trains par semaine. « Nous sommes à présent beaucoup plus sereins car nous avons retrouvé un équilibre. Cette fluidité est la clé car quand vous avez un train toutes les trente secondes, les échanges doivent être très rapides. Cela passe par une optimisation du temps à l’embarquement et au débarquement, avec du matériel adapté à ce type de dessertes : des portes plus larges et un meilleur espace à l’intérieur des rames. Il faut également que les mouvements en gare se passent très vite, grâce à la signalétique et l’information voyageurs. Nous indiquons le taux de remplissage d’un train avec des codes couleur afin que les voyageurs se répartissent mieux le long du quai », décrit Thomas Allary.
Au-delà du cas de Strasbourg, un arsenal d’actions permet au réseau de transport de monter en puissance. C’est le cas avec l’open paiement – on paie avec sa carte bancaire – , qui simplifie l’acte d’achat, ou bien avec des mesures de nature à sécuriser les voyages. « Avec des modes de transport qui fonctionnent tôt le matin et tard le soir, nous devons proposer un mode de transport serein en nous appuyant sur de la vidéosurveillance à l’intérieur des trains et au niveau des quais, des équipes mobiles (la Suge) ou bien des équipes de contrôleurs qui peuvent intervenir en cas de problème ».
La question du financement
Quant à l’implication financière des métropoles pour le développement des RER, elle est très différente d’une région à l’autre. « Dans certaines situations, la métropole est engagée avec un financement à 50 % du fonctionnement mais c’est loin d’être le cas partout », fait remarquer Jean-Luc Gibelin. Il espère que cette question sera résolue lors de la conférence des financements, qui doit avoir lieu d’ici à fin juin. La réponse du ministère des Transports sera-t-elle à la hauteur des enjeux annoncés ?« Les métropoles et certaines agglomérations perçoivent le versement mobilité et disposent de recettes qui seront probablement sollicitées », ajoute l’élu régional communiste. Et il rappelle le récent plaidoyer des présidents de régions, dans une tribune commune publiée dans Le Monde, insistant pour que leurs collectivités bénéficient de recettes pérennes et dynamiques pour les mobilités.
Les régions n’ont pas attendu pour investir dans les systèmes ferroviaires, répond Éric Steil, chargé du développement des TER à la SNCF. Selon lui, un tiers des lignes régionales (160), est déjà cadencée à la demi-heure. « Ce socle peut servir de base pour compléter l’offre, le week-end, tard ou tôt le matin, par exemple. Ou de proposer des lignes diamétrales avec de nouvelles liaisons ».
Il n’empêche, les investissements ferroviaires peuvent s’avérer massifs et Anne-Céline Imbaud de Trogoff affirme que le modèle de financement mis en place sur le Grand Paris Express est applicable aux Serm. « La Société des grands projets peut intervenir et offrir une visibilité financière à moyen ou long terme, sur plusieurs années voire plusieurs dizaines d’années. Nous rendons ces projets possibles en supprimant l’aléa financier, ainsi que les questions d’arbitrage budgétaire annuelles. Nous levons de la dette sur les marchés obligataires en étalant les charges de remboursement sur une période longue. Dans le cas du métro du Grand Paris, le besoin de financement annuel est couvert par de la fiscalité locale affectée, et cela pourrait être aussi le cas pour les Serm, même si d’autres pistes restent ouvertes », explique la porte-parole de la SGP, tout en précisant que les projets de RER n’ont pas forcément besoin de ressources financières immédiates.
Les gros chantiers pourraient démarrer d’ici quelques années mais on peut, sans attendre, donner le coup d’envoi d’un service express métropolitain en améliorant les infrastructures ferroviaires existantes. « Ce qui permet de se projeter et d’être sûr que, d’ici quelques années, les Serm disposeront des ressources au moment où ils en auront besoin », poursuit Anne-Céline Imbaud de Trogoff.
Plus de 280 personnes ont assisté à la conférence organisée par VRT.
Rigueur budgétaire oblige, « inutile d’espérer de nouvelles infrastructures ferroviaires coûtant plusieurs milliards à très court terme, rappelle de son côté Thomas Allary. En revanche, nous savons augmenter la fréquence sur une infrastructure existante, et ce sera la première étape de ces augmentations de services. Il est également possible d’augmenter la capacité sur le réseau existant grâce à l’apport des nouvelles technologies, comme ce fut le cas à Rennes avec deux trains sur la même voie pour un coût de 15 millions d’euros et un gain de + 30 % de capacité. On peut aussi travailler la signalisation ERTMS ou les commandes décentralisées du réseau, ce qui permet de proposer des réponses plus rapides en attendant des investissements plus lourds sur le réseau comme de nouvelles voies ou leur doublement », poursuit-il.
Porté à trois milliards d’euros par an, le chantier de régénération du réseau ferroviaire structurant est un investissement « colossal » indispensable et sans lequel les Serm n’aurait aucun sens, insiste le représentant de SNCF Réseau.
Pour compléter l’addition, n’oublions pas les investissements nécessaires à l’exploitation, rappelle Julien Bornet, le représentant d’Egis : l’achat de trains supplémentaires, leur entretien, avec un outil de maintenance très performant pour réduire les temps d’immobilisation. Une équation à multiples facteurs.
Pour la Cour des comptes, qui s’est penchée sur les conditions de voyage des plus de 3 millions de passagers quotidiens des RER A, B, C, D et E, la qualité de service reste médiocre. « Il ne se passe pas de semaine, sans que des incidents de toute nature ne viennent détériorer le niveau de service », déplorent les magistrats de la Cour dans un rapport de 140 pages dévoilé le 18 octobre.
Les rapporteurs s’étonnent des enquêtes de satisfaction d’IDFM, auprès des voyageurs, qui déterminent les bonus-malus des opérateurs et «font état de retours toujours favorables pour les cinq lignes RER, de 74 % à 86 % de voyageurs se déclarant satisfaits ». Pour en avoir le coeur net, la Cour des comptes ont lancé sa propre enquête dont les résultats sont beaucoup plus sévères. Lancée entre le 26 juillet 2022 et le 20 août 2022, auprès de 4000 voyageurs réguliers titulaires d’un pass Navigo et complétée par des enquêtes en tête-à-tête, elle a révélé « des taux de satisfaction plus modestes » et une hiérarchisation différente des préoccupations. « Les leviers de la satisfaction des clients sont la régularité (20 %), l’information (26 %) la propreté (19 %), et la sécurité (16 %) ». Les « Sages » de la rue Cambon suggèrent à IDFM d’utiliser une nouvelle grille d’évaluation « qui augmente le poids relatif de la ponctualité à 50 % » et dans laquelle « l’information en situation perturbée doit également prendre une place plus importante, à hauteur de 22 % », les critères liés à l’accueil pouvant être, eux, abaissés dans l’indicateur global.
Les critères comme la propreté, l’information des voyageurs ou l’accessibilité, ont de ce fait pu générer, dans les contrats 2016 à 2019, des bonus financiers qui compensaient les malus au titre de la ponctualité, même si, dans les contrats suivants, « Ies plafonds ont de bonus-malus ont été quadruplés », note le rapport.
De plus, la ponctualité s’est améliorée depuis le début du nouveau contrat, du fait du recul de la fréquentation liée à la crise sanitaire. La contraction de l’offre a aussi conduit à l’amélioration des autres indicateurs de qualité de service, si bien, qu’« en 2021, les montants des bonus-malus de qualité de service n’ont jamais été aussi élevés depuis 2012 et les réfactions de rémunération pour kilomètres prévus non réalisés aussi faibles », indique le rapport.
Ses auteurs invitent donc l’autorité organisatrice de transport « à renforcer le contrôle des opérateurs, dans le cadre d’une véritable stratégie d’audit et de préparation des contrats ». Jugeant que les données sur la fréquentation sont faibles, ils recommandent la publication d’un « rapport annuel établissant les performances de chaque ligne au regard de ses enjeux propres, notamment, de sa fréquentation ».
Mettant de côté le RER A, qui a bénéficié d’investissements importants (tant pour le matériel que pour les infrastructures), Pierre Moscovici, le président de la Cour, juge particulièrement préoccupants « les RER B et D, qui cumulent un fort trafic, un taux de ponctualité médiocre et une hausse prévisible de la fréquentation ». Des lignes saturées et dont la « capacité plafonne alors que leur trafic augmente de 2 % par an depuis 2010« .
En particulier, la co-exploitation du RER B par la RATP (au sud) et la SNCF (au nord) est jugée « inadaptée», « trop complexe, voire illisible », et de ce fait « dilue les responsabilités ». D’où la nécessité de mettre en place sans attendre « une organisation nouvelle » et de lancer au plus vite un centre de commandement unique.
Reconnaissant toutefois l’importance des investissements à consentir en Ile-de-France, la Cour regrette notamment les retards dans l’installation de Nexteo pour les RER B et D, qui doit permettre d’accroître le débit dans le tunnel commun à ces deux lignes entre Châtelet et Gare du Nord et doit « remédier en partie à une source majeure de difficultés » sur ces lignes. Elle recommande aussi « d’associer contractuellement IDFM et SNCF Réseau ».
Réagissant aux critiques, IDFM « déplore » le fait qu’un « contrat avec SNCF Réseau ne puisse être établi« , ce qui serait « un moyen prépondérant pour accélérer les travaux de rénovation des infrastructures ferroviaires en Ile-de-France« . Et indique aussi souhaiter « négocier un contrat bilatéral avec SNCF Gares & Connexions« .
Les MI20 commandés par la région Île-de-France pour renouveler le matériel de la ligne B du RER ne seront pas livrés comme prévu fin 2025, mais début 2027, avec 13 mois de retard. C’est ce qu’a annoncé le 26 septembre la présidente d’IDFM, Valérie Pécresse, à l’issue d’une réunion avec le PDG d’Alstom Henri Poupard-Lafarge pour faire le point sur les livraisons de matériel.
Valérie Pécresse n’a pas caché son mécontentement, rappelant que la région est « un client majeur d’Alstom. Avec 17 milliards de contrats, la région représente 10 % de son carnet de commandes. Nous entendons être traités avec la plus grande vigilance et le soin qu’on doit apporter à son meilleur client ».
Les raisons de ce retard s’expliquent par « le défi technique que représente le développement d’un matériel totalement neuf qui doit accueillir 20 % de voyageurs en plus », a expliqué Henri Poupard-Lafarge. En effet, la région a commandé un matériel capable de répondre aux exigences de l’exploitation d’une des plus importantes lignes de la région. Les portes d’accès, par exemple, seront plus larges que dans le matériel actuel afin de permettre des échanges (montées et descentes) plus rapides en gares, et ainsi réduire les temps d’arrêt et permettre d’augmenter la fréquence.
Des portes élargies
L’objectif est de « faire passer 32 rames par heure dans le tunnel » entre Châtelet et Paris-Nord, a rappelé Henri Poupard-Lafarge. Or, élargir les portes a nécessité la conception d’un nouveau chaudron (la carcasse métallique du train), et par conséquent une nouvelle homologation du matériel impliquant notamment des crash-tests.
La configuration de la ligne à la fois urbaine et en grande couronne fait intervenir différents organismes, l’EPSF et le SRMTG. Le matériel doit aussi être conforme aux demandes des deux opérateurs qui l’exploiteront : la SNCF et la RATP. Ce qui a conduit la présidente d’IDFM à suggérer aux décideurs des prochains matériels de choisir un matériel « sur étagère » plutôt que partir d’une feuille blanche. « Du fait de ces délais de livraison qui n’en finissent pas, sur le RER NG et le MI20, j’ai demandé à la SNCF, puisque le prochain contrat c’est le RER C, de vraiment regarder s’il n’y avait pas la possibilité de trouver un matériel “sur étagère“», a indiqué l’élue.
Malgré ces retards, les deux parties se sont mises d’accord pour ne pas changer la date de livraison des dernières rames à livrer, en 2030. Alstom devra donc accélérer son rythme de production. L’entreprise envisage de réorganiser sa production à l’usine de Crespin qui assure 65 % de la fabrication des rames, le reste étant confié au constructeur basque espagnol CAF (les voitures d’extrémité et les premières voitures de chaque rame).
Alstom s’est engagé à fournir le nouveau schéma d’ici « douze mois », a annoncé Henri Poupard-Lafarge. « Nous travaillons avec nos partenaires pour accélérer la cadence afin de respecter la date finale de production des trains. »
Seule bonne nouvelle de la rencontre entre la région et le constructeur, le calendrier actuel de livraison des autres matériels, les MP14 (ligne 4, 14 et 11 du métro) et les RER NG, est respecté. Toutefois, il reste encore 12 rames MP14 à livrer pour la ligne 4 d’ici la fin de l’année, date annoncée par la RATP pour l’automatisation complète.
Alstom a annoncé le 26 avril avoir reçu une commande supplémentaire de près d’un milliard d’euros pour fournir 60 rames de RER supplémentaires destinées aux lignes D et E du réseau d’Ile-de-France. Ces rames constituent la première levée d’option du contrat-cadre signé en 2017 entre la SNCF (mandatée par l’autorité organisatrice des transports franciliens) et un groupement associant Alstom et Bombardier Transport (racheté début 2021 par le premier) et qui portait sur une première tranche ferme de de 71 trains.
Les premières rames pour la ligne E sont actuellement en « tests d’intégration« , indique le constructeur. Leur livraison, initialement prévue en 2021, a pris deux ans de retard, au grand dam de Valérie Pécresse.
Fervent défenseur depuis des années des RER métropolitains, Jean-Claude Degand a participé à la création, en début d’année, de l’association Objectif RER métropolitains, dont il est devenu l’un des porte-parole. Il explique les conditions de réussite de ces nouveaux services ferroviaires que le gouvernement souhaite soutenir.
Par Jean-Claude DEGAND, porte-parole de l’Association Objectif RER métropolitains
L’annonce présidentielle de l’objectif de mise en place de dix RER dans les grandes agglomérations a été reçue positivement mais n’en finit pas d’être commentée, avec parfois des interrogations, voire des interpellations.
L’ambition est de développer puissamment le transport public comme alternative à la voiture particulière qui s’essouffle en ce début de siècle, tentative attendue de penser la transition écologique à l’échelle des territoires.
Il va falloir penser sur le long terme les mobilités et l’aménagement des territoires périurbains, donner des prérogatives claires et des moyens financiers assurés à des autorités identifiées et responsabilisées. Une dimension est peu évoquée, c’est le retard français en ce domaine vis-à-vis de ses voisins européens, à commencer par son grand voisin allemand qui dispose de 14 réseaux RER (S-Bahn pour SchnellBahn) et d’une économie ferroviaire bien plus développée. Retard évidemment vis-à-vis de la Suisse, mais aussi de l’Espagne ou de la Scandinavie. Et ce n’est sûrement pas un hasard si le premier réseau de ce type s’est mis en place à la fin de l’année dernière à Strasbourg.
Il importe dès lors de bien préciser les différentes dimensions de cette grande ambition nouvelle
1.Les territoires concernés sont les bassins de grandes agglomérations et leurs couronnes périurbaines qui peuvent justifier d’une offre ferroviaire lourde comme colonne vertébrale de leur mobilité quotidienne. Ces territoires sont en nombre limité : dix assurément comme le dit le Président, peut-être plus quand on voit l’empressement manifesté à Rouen, à Grenoble, à Rennes ou à Montpellier pour faire partie des agglomérations élues. La définition des aires d’attraction des villes de l’INSEE permet une première délimitation des périmètres desservis à compléter en fonction de la géographie physique, de la configuration des réseaux ferroviaires et des morphologies urbaines. Ainsi à des bassins d’urbanisation concentriques tels que Lyon, Nantes, Toulouse ou Bordeaux, s’ajoutent des métropoles côtières comme Marseille ou Nice, des nébuleuses urbaines comme Lille et le bassin minier Nord-Pas-de-Calais, le Bassin Lorrain ou des bassins traversés par une frontière comme Strasbourg, Genève ou Bâle. Les habitats conc
ernés recouvrent différentes formes, la ville centrale, la banlieue dense, le périurbain pavillonnaire et le rural périurbanisé.
2.Les réseaux de transports à aménager doivent permettre d’offrir une offre adaptée aux modes de vie urbain du quotidien. Les étoiles ferroviaires héritées du XIXe siècle sur lesquelles ces RER vont s’appuyer permettent une pénétration rapide dans le tissu urbain et au cœur des villes. Un haut niveau de cadencement est un prérequis pour que ces offres soient au niveau des attentes des voyageurs et qu’elles deviennent le métronome des territoires urbains desservis. Les déclarations du président de la SNCF sur l’objectif du cadencement au quart d’heure, durant les heures de pointe viennent à juste titre corriger une certaine frilosité observée dans ce domaine, notamment dans le rapport de SNCF Réseau de 2020. L’amplitude horaire de la desserte doit d’être vaste, de la première heure de la matinée à la dernière heure de la soirée.
3.La diamétralisation des offres permet au voyageur de traverser de part en part les territoires. Elle diminue le nombre de correspondances imposées au voyageur et elle contribue à désaturer les gares centrales en y évitant le stationnement prolongé des trains. L’interstation entre deux gares de l’ordre du kilomètre permet une desserte fine du territoire, directement en rabattement piéton ou en correspondance avec les autres modes.
4.Les trains qui circulent sur ces réseaux doivent être de grande capacité et adaptés à des montées-descentes rapides ; les performances cinématiques attendues portent plus sur l’accélération que sur la vitesse de pointe.
« Dans les métropoles françaises, les RER pourront servir de points d’appuipour contenir l’étalement urbain indifférencié et concourront à la limitation de l’artificialisation des sols »
5.L’infrastructure ferroviaire actuelle offre de grandes disponibilités pour la mise en place de ces lignes RER : les étoiles ferroviaires des agglomérations citées disposent de quatre branches radiales à Marseille, de dix branches à Lille ou à Lyon. Les trains grandes lignes utilisent les voies nouvelles et les perspectives de diamétralisation posent différemment la problématique de la saturation des nœuds ferroviaires urbains. Pour autant, l’offre RER appelle une infrastructure hautement capacitaire, qui va rapidement jusqu’à l’infrastructure dédiée, et une haute maitrise de l’exploitation. La stratégie de mise en place des RER peut se déployer suivant deux dimensions : soit les renforcements d’offre sont immédiatement possibles avec les ressources en infrastructures et en matériel disponibles, comme Strasbourg le fait depuis décembre dernier, avec un premier choc d’offre. Soit il faut définir de façon détaillée les différentes étapes de déploiement jusqu’à l’horizon 2030 avec les investissements nécessaires d’infrastructures, de gares et de pôles d’échanges et les dépenses d’acquisition de matériels. Les opérations seront, selon les cas, des investissements d’augmentation de capacité, de désimbrication des réseaux, mais aussi des segments nouveaux de réseaux pertinents au regard de la dynamique urbaine du territoire, des opérations conjointes avec les réseaux à grande vitesse comme cela s’esquisse à Marseille, Nice, Toulouse et Bordeaux.
6.L’articulation avec les autres modes de transports, que l’on appelle aussi l’intermodalité, est essentielle pour une bonne couverture des besoins de déplacements : Articulation physique avec les transports urbains de la zone dense, métros, tramways et autobus. Articulation physique avec les dessertes locales du périurbain. Et à chaque fois avec une problématique de pôles d’échanges multimodal.
Articulation spatiale avec les modes routiers et notamment les liaisons par bus et cars utilisant les voiries rapides d’agglomérations, là où l’infrastructure ferroviaire est absente, en rocade très souvent ou sur certains axes radiaux comme on le fait déjà en Ile-de-France ou dans la métropole Aix-Marseille ou celle de Nice-Côte d’Azur.
Articulation temporelle dans le déploiement des offres où la mise en place de cars express peut anticiper un déploiement ferroviaire plus performant mais plus long à mettre en place.
Articulation physique, spatiale et temporelle avec le dernier venu des grands modes de transports, le vélo. Souple d’emploi, le vélo est particulièrement adapté au premier ou au dernier kilomètre. Il peut aussi être une solution efficace pour un maillon manquant dans l’offre de transports. A deux conditions à mener de front : penser le stationnement sécurisé des vélos près des gares, penser également l’emport des vélos dans les trains comme à Copenhague ou à Berlin, ou encore sur nos TER.
7.Une fois posée la notion de RER, dans une France si sensible à tout ce qui peut s’apparenter à un déclassement territorial, apparait immédiatement la question de la desserte des territoires non éligibles aux RER métropolitains si prometteurs. Ne va-t-on pas sacrifier les ruraux au profit des urbains ? Un principe de réalité aisément partageable s’impose : une offre massive de transports ne peut que répondre à des besoins susceptibles d’être massifiés, et cela au nom de l’efficacité de l’usage des finances publiques. Quand la demande est plus diluée, les réponses ne sont pas les mêmes, ce qui ne veut pas dire que leur mise en place est moins importante. L’articulation des dessertes RER et TER doit être pensée soigneusement en fonction des potentiels desservis et des besoins : déplacements quotidiens ou occasionnels, nécessité de vitesse ou de fréquence, ventilation entre services express et services omnibus et articulation des cadencements. Le tout appuyé sur une répartition pertinente des rôles entre autorités organisatrices.
Autre risque : ne va-t-on pas avec ces RER imposer une vision parisienne à des agglomérations de province si différentes dans leurs attentes ? Nos voisins européens nous fournissent une réponse sans ambiguïté : les quelque 50 réseaux RER existants à ce jour en Allemagne, en Espagne, en Italie, en Suisse desservent d’abord des métropoles régionales, de plusieurs centaines de milliers d’habitants à quelques millions. Le réseau RER de la mégalopole francilienne fait figure d’exception par son ampleur.
8.La mise en place d’une tarification multimodale forfaitaire valable sur tous les réseaux empruntés consécutivement est un autre marqueur de ces projets : pass forfaitaires type Navigo francilien, tarifications zonales ou communautés tarifaires à l’allemande (systèmes en alvéole). L’usage consécutif de différents titres de transports n’a plus sa place ici. Simple d’usage, financièrement attractif, socialement redistributif, le titre de transport va structurer un territoire de mobilité facilitée qui va à son tour influer sur les stratégies résidentielles et d’implantation des activités.
9.Corollaire des points précédents, le financement de ces RER s’invite dans un débat financier plus global sur les transports publics en général, comme le pointent à juste titre les autorités organisatrices de transport et les associations d’élus. L’exploitation de ces réseaux relève logiquement des autorités organisatrices métropolitaines en liaison avec les régions, selon les configurations territoriales avec mise en concurrence des opérateurs selon les règles européennes.
« Un haut niveau de cadencement est un prérequis pour que ces offres soient au niveau des attentes des voyageurs et qu’elles deviennent le métronome des territoires urbains desservis »
10.Les investissements nécessaires sont significatifs et ne peuvent être absorbés dans les enveloppes financières habituelles. Les procédures actuelles sont insuffisantes (contrat de plan Etat-Régions) ou inadaptées (dotations d’Etat à l’infrastructure ferroviaire). Les ressources financières souhaitées sont à la main de l’Etat (extension du versement mobilités, instauration d’une taxe sur les bureaux analogue à celle perçue pour le métro du Grand Paris) et dans le cas des agglomérations de la façade Sud, il y a des interfaces à éclaircir avec les projets de ligne à grande vitesse Bordeaux-Toulouse et Marseille-Toulon-Nice. L’expérience allemande où l’Etat Fédéral a financé au moins 70 % de l’infrastructure des S-Bahn pourrait être source d’inspiration.
11.La gouvernance des projets est également une question majeure comme l’Ile-de-France le démontre avec ses succès (le métro du Grand Paris avec une réalisation opérationnelle maîtrisée en délais et en coûts), mais aussi ses échecs (difficulté à moderniser les RER B et D, surcoûts d’EOLE). Les projets d’infrastructure doivent être définis conjointement entre l’Etat et les grandes collectivités concernées, leur mise en œuvre pilotée par l’Etat et leur réalisation confiée à des équipes ad hoc, sinon des structures dédiées.
12.Vecteur des mobilités au quotidien, les systèmes RER partout où ils se sont développés ont orienté l’aménagement urbain et structuré un développement territorial multipolaire articulé autour des quartiers-gares qui deviennent des lieux privilégiés pour l’implantation des activités et la densification de l’habitat. A plus grande échelle, des corridors se dessinent qui deviennent des axes forts de développement.
Dans les métropoles françaises, les RER pourront servir de points d’appui pour contenir l’étalement urbain indifférencié et concourront à la limitation de l’artificialisation des sols.
Aux collectivités territoriales concernées, communes, intercommunalités, de prendre le relais, dans les orientations dessinées dans les documents d’urbanisme, pour monter des opérations urbaines à haute performance écologique et aménager des écoquartiers.
Projets à moyen terme, la mise en place des RER métropolitains appelle une continuité de l’action publique au-delà des échéances électorales prochaines, qu’il s’agisse des échéances nationales, régionales ou municipales. C’est une nécessité pour des projets qui demandent du temps pour les études, pour la concertation et pour les travaux.
Au niveau local, l’esprit de cohabitation qui caractérise le fonctionnement des exécutifs métropolitains peut faciliter l’émergence des projets. Au niveau national, les débats de la campagne présidentiels ont montré une large convergence sur ces projets de transports de la part des partis de l’arc républicain. Aux uns et aux autres maintenant de faire émerger et vivre ces projets dans un esprit transpartisan.
C’est un prérequis pour mettre en œuvre de façon pérenne une ambition au cœur de la planification écologique.
Suite aux récentes promesses d’Emmanuel Macron sur les RER métropolitains, et à deux semaines de la remise du rapport du Conseil d’orientation des infrastructures (COI), son président, David Valence (député apparenté Renaissance) et vice-président de la région Grand Est, répond aux questions de VRT.
VRT : Emmanuel Macron a promis 10 RER, puis plus, dans les métropoles françaises pour améliorer et décarboner les transports du quotidien. Sans préciser quelles villes étaient ciblées. Le COI y travaille ? David Valence : Dans le rapport du COI que nous allons remettre le 15 décembre au gouvernement, nous allons émettre un avis sur l’état de maturité des projets de RER. Au gouvernement de décider ensuite ceux sur lesquels la mobilisation de l’Etat doit être la plus marquée. Les projets ne sont pas tous au même état d’avancement, certains sont à cinq ans – ils sont rares – d’autres à dix ans, d’autres à quinze ans ou vingt ans. Strasbourg démarre la première étape de son RER le 12 décembre prochain. Lille, Bordeaux et Metz sont assez bien partis. Et puis, y compris dans de très grandes métropoles très congestionnées, il existe des projets moins avancés, pour des raisons techniques, financières ou politiques. La mobilisation sincère des collectivités n’est pas partout absolument égale…
Comment seront financés ces RER ? Sur les investissements, les collectivités seront sollicitées, souvent dans le cadre des contrats de plan Etat-Région et/ou de sociétés de projet, comme la Société du Grand Paris pour la construction du métro automatique, s’il existe la possibilité de lever de la fiscalité avec la valorisation du foncier. Sur le fonctionnement des RER, ce sont les régions qui paieront, éventuellement dans le cadre d’accords avec les métropoles comme c’est le cas à Strasbourg.
Le rapport du COI dressera la liste des métropoles concernées ? La mobilité du quotidien fait partie des priorités du gouvernement, et dans sa lettre de mission, le ministre des Transports nous demandait explicitement de travailler sur le sujet. Mais il n’occupera que 20% du rapport du COI, et nous ne dressons pas de liste. On y parle aussi de l’avenir de la route, des concessions autoroutières, des investissements fluviaux, du temps qu’il va falloir à SNCF Réseau pour reconstituer les moyens en ingénierie et les entreprises sous-traitantes afin d’accélérer la régénération du réseau ferré.
A 15 jours de la remise de vos conclusions au gouvernement, vous n’avez pas été pris de court par les annonces d’Emmanuel Macron ? C’est un objet politique qui permet de mettre en avant le volontarisme ferroviaire. Au milieu d’un propos sur le ferroviaire où il a parlé des petites lignes, des trains de nuit, le président de la République a aussi parlé des RER métropolitains, en disant que c’est un projet stratégique. Il s’est mis dans la position qui était celle de Nicolas Sarkozy pour le Grand Paris : celui qui aura lancé le projet.
Les RER, partout en France, ce sera l’héritage Macron ? Si l’État s’engage sur dix projets et que ça permet d’améliorer les déplacements du quotidien dans dix, quinze ans, ça fera partie de son bilan, oui.
En 2020, SNCF Réseau avait travaillé sur le sujet et pointé le manque de capacités du réseau ferré pour accueillir ces RER Je ne m’inscrirai pas en faux contre ce que dit SNCF Réseau, je veux juste nuancer. Selon le cas, il y a des sauts d’offres déjà possibles aujourd’hui, car tous les nœuds ferroviaires en France ne sont pas saturés de la même façon.
Où par exemple ? Je ne veux pas les citer. Le rapport du COI insistera sur le fait que les RER, ce ne sont pas que de l’investissement. Ce sont aussi des améliorations qui dans un certain nombre des cas peuvent être faites assez vite. Ce sont aussi des investissements perlés. Prenons Strasbourg par exemple : une forte augmentation de l’offre de transports avec 800 trains de plus par semaine à partir du 12 décembre, cadencés au quart d’heure, un investissement de 117 millions d’euros (41 millions d’euros État, 41 millions Région, le reste : Europe et autres collectivités), pour une voie supplémentaire au nord de la ville. C’est un investissement contenu. Pour les étapes d’après, oui, il faudra investir environ 500 millions d’euros.
Jean-Pierre Farandou, le président de la SNCF, parle de 13 milliards d’euros pour 13 RER Oui, mais tout confondu. Ce coût n’est pas que sur le réseau ferroviaire.
Dans quelle proportion, le COI va-t-il appeler l’État à augmenter l’enveloppe consacrée aux transports terrestres ? Nous rendons notre rapport le 15 décembre… Dans la lettre de cadrage que nous a donné Clément Beaune le 7 octobre, il y a le scénario de référence qui est celui de la loi mobilités (LOM) , augmenté de 3,2 milliards. La Première ministre reconnait qu’il faut aller plus loin, sur le ferroviaire notamment. Il y aura un scénario 2 avec plus de crédits mobilisés mais aussi des très marqué par la priorité à la régénération et la modernisation du réseau ferré, la priorité à la voie d’eau et à la transition de la route, et moins marqué par les projets nouveaux. Et puis vous aurez un scénario 3, dans lequel le gouvernement pourra venir piocher pour enrichir le 2 ou le 1, qui lui donnera la priorité aux infrastructures, dans lequel on retrouvera beaucoup de projets nouveaux.
Quel scénario a votre préférence ? Je dis juste ce qu’il serait idéal de faire, ce qui est très ambitieux, et ce qui n’est pas absolument pas suffisant. Le COI est une instance collective, avec des membres qui vont de Karima Delli (EELV) à François Durovray (LR)… Il faut trouver un consensus.
Vous arrivez à vous mettre d’accord sur le cadrage budgétaire ? Il sera de quel ordre ? Je n’ai pas envie de lâcher un chiffre. Les crédits nécessaires seront inscrits dans la durée, cinq, dix, quinze ans.
Philippe Tabarot, sénateur des Alpes-Maritimes, rapporteur du budget transport au Sénat, a livré sa réaction à VRT suite à l’annonce d’Emmanuel Macron sur YouTube, de lancer des RER dans les métropoles françaises.
« Est-ce que les annonces d’Emmanuel Macron sur YouTube qui ont fait beaucoup de bruit seront suivies d’effet ? Tous les signaux donnés ces derniers temps par le gouvernement me laissent très dubitatif. On est en pleine discussion budgétaire au Sénat, or quoi de mieux que le document budgétaire pour appliquer une politique ? Au mieux, on obtiendra une augmentation de 150 millions d’euros pour les transports alors que les enjeux sont beaucoup plus importants. A ce stade, pour le réseau ferroviaire, on a un contrat de sous-performance avec un milliard en moins chaque année pour pouvoir garder le réseau dans l’état où il est, sans même permettre sa modernisation et encore moins des RER métropolitains ! Derrière les annonces, il faut maintenant des actes concrets. Or, pour la première partie du budget 2023, je n’ai reçu que des fins de non-recevoir : sur le versement mobilité, la TVA à 5,5% etc. Alors, comment donner du crédit à ce qu’a dit le président de la République ? Dommage, car il n’y a jamais eu autant d’appétence pour les trains en France ».
Joli coup de com’, s’il en fallait encore un. Quand Emmanuel Macron répond sur YouTube aux questions des internautes sur l’écologie et le transport ferroviaire, un dimanche après-midi de novembre (voir la vidéo plus bas), il rappelle qu’il est petit-fils de cheminot, et promet des RER dans les métropoles. A commencer par les dix plus grandes dont la liste sera arrêtée au premier semestre 2023, au plus haut niveau du gouvernement.
Certaines métropoles n’ont pas attendu le chef de l’État pour mettre des projets de RER sur les rails, comme il en existe en Ile-de-France depuis 1969 pour connecter Paris à ses banlieues. La métropole de Strasbourg et la région Grand Est démarrent la mise en place d’un « Réseau express métropolitain européen » à partir du 11 décembre. Et le présentent à la presse le 7 décembre à la Maison de la Région Grand Est, à deux pas du ministère des Transports, à Paris. Pia Imbs, présidente de la métropole, promet un train toutes les quinze minutes aux heures de pointe dans les 13 gares situées dans et autour de l’Eurométropole strasbourgeoise, et toutes les demi-heures, aux heures normales.
La métropole de Bordeaux tient aussi son projet de RER avec des lignes pénétrantes vers Bordeaux et des lignes transversales de périphérie à périphérie. Le partenariat avec la région Nouvelle-Aquitaine et l’État justement, a dores et déjà permis de lancer en 2021 une première desserte entre Libourne et Arcachon en 1h30, via Bordeaux, à raison d’un train toutes les demi-heures en heure de pointe.
« Des engagements à la hauteur des annonces »
Carole Delga, présidente de l’Occitanie et de l’association Régions de France a immédiatement réagi à l’annonce du chef de l’État estimant que c’est une « réponse à l’appel des 15 présidents des régions à un New Deal ferroviaire » lancé dans une tribune publiée par Le Monde. Dans un communiqué du 28 novembre, les patrons des régions demandent « rapidement des engagements à la hauteur des annonces ».
Le train est censé être l’une des pierres angulaires de la « radicalité écologique » défendue par la Première ministre à qui Régions de France demande un rendez-vous pour connaitre les chiffres d’investissements qui se cachent derrière les annonces du président de la République dans la vidéo postée par l’Elysée sur les réseaux sociaux.
Car, aux promesses d’Emmanuel Macron et au New deal ferroviaire passant par un investissement massif de l’État en faveur du réseau ferré, s’oppose le diktat de Bercy qui impose une politique malthusienne à SNCF Réseau. Comme le montre le contrat de performance discrètement signé par les deux parties à la veille du premier tour de la présidentielle, en avril 2022.
Pour faire circuler des RER autour des métropoles, « avoir une stratégie nationale pour les transports urbains », comme le clame Emmanuel Macron, ou encore faciliter et décarboner les déplacements du quotidien, il va falloir faire de la place sur les rails. Et désaturer les nœuds ferroviaires autour des métropoles pour faire passer des RER fréquents et cadencés.
Chiche !
Le sujet sera au cœur du volet mobilité des contrats de plans État-Région (CPER), attendus de pied ferme par les présidents de régions qui ont la charge des TER et demain, des nouveaux services express métropolitains. Elus régionaux ou métropolitains eux n’ont d’ailleurs pas manqué de réagir sur les réseaux sociaux après la sortie inespérée d’Emmanuel Macron. Tout en s’interrogeant à juste titre sur le financement de ces RER puisque le budget de SNCF Réseau n’augmente pas en conséquence. Le programme du Conseil d’orientation des infrastructures promis avant la fin de l’année devra tenir compte des annonces surprises du chef de l’Etat sur YouTube.
Dans les Hauts-de-France, Xavier Bertrand a rappelé que le projet du Réseau Express Grand Lille est déjà lancé, mais en attente de financements de l’Etat. « A Rennes Métropole, nous sommes prêts depuis longtemps pour accueillir un tel projet », a tweeté Matthieu Theurier, vice-président Europe Ecologie-Les Verts (EELV) à la métropole de Rennes. « Nous sommes prêts à Lyon, a aussi écrit le maire EELV Grégory Doucet. De Grenoble à Marseille, les élus disent disent « Chiche ! ».
Quant aux usagers des transports, représentés par la Fnaut, ils proposent un nouvel appel à projets de transports collectifs, cette fois sur la thématique RER, et d’en définir le financement. Le patron de la SNCF Jean-Pierre Farandou avait estimé à un milliard le coût d’un RER métropolitain.
Nathalie Arensonas
Lire la réaction de Philippe Tabarot, sénateur des Alpes-Maritimes et rapporteur du budget transport au Sénat : ici
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