Le dernier rapport de Réseau Action Climat confirme un essor des trains de nuit et dresse des scénarios pour accélérer leur progression.
Après leur quasi-disparition, les trains de nuit jouissent d’un nouvel élan, chaque année depuis 2021. Mais leur succès reste freiné par le manque de trains disponibles et les travaux de nuit sur le réseau. Un changement d’échelle est possible selon le nouveau rapport de l’ONG Réseau Action Climat. La conférence de financement des infrastructures de transports, lancée le 5 mai dernier, constitue, selon elle, une opportunité pour que le train de nuit change d’échelle en France.
Avec plus d’un million de passagers transportés en France, l’année 2024 a permis d’établir un nouveau record de fréquentation, signe d’une forte demande pour ce mode de transport. La ligne entre Paris et Toulouse a attiré près de 100 000 passagers supplémentaires entre 2019 et 2024, soit une progression de 64 %. La clientèle des voyageurs professionnels a même enregistré une hausse de 30%.
Autre satisfaction : le taux de remplissage moyen des trains de nuit s’établit à 76% et même à plus de 80% sur les deux principales liaisons (Paris-Toulouse et Paris-Nice). Sur les deux seules lignes internationales (Paris-Vienne et Paris-Berlin), la fréquentation est également au rendez-vous, malgré de nombreux retards et une suppression de la circulation pendant trois mois en 2024.
Dépasser les 129 voitures actuelles
Réseau Action Climat relève que la relance des trains de nuit reste incomplète pour plusieurs raisons. Toutes les liaisons se font au départ de Paris et les connexions avec le reste de l’Europe sont quasi inexistantes. Surtout, des lignes sont saturées, par manque de voitures couchettes. Résultat : la commande de nouveau matériel, au-delà des 129 voitures actuelles, est indispensable.
Le rapport explore plusieurs « paliers d’expansion » afin de changer d’échelle. La mise en service de 340 voitures, permettrait de renouveler le matériel actuel et de rouvrir des lignes comme Paris-Barcelone ou Nice-Strasbourg. D’après ce scénario, transporter 3,6 millions de voyageurs et économiser 400 000 tonnes équivalent CO2 serait possible. Avec 600 voitures, le volume du parc suggéré par le rapport de référence du ministère des Transports, la relance de lignes comme Paris-Venise ou Bordeaux-Lyon serait envisageable. Ce scénario porterait le trafic à 5,8 millions de voyageurs pour une économise de 800 000 tonnes équivalent CO2.
Enfin, d’ici 2040, un troisième palier de 1200 voitures ouvrirait la voie à des lignes internationales sans passer par Paris (ex : Lyon-Rome, Nantes-Barcelone, Marseille-Londres). Le nombre de 12 millions de voyageurs pourrait être atteint et 2 millions de tonnes équivalent CO2 économisés.
« La conférence de financement des infrastructures de transports est une opportunité de sécuriser les financements pour construire un nouveau centre de maintenance, et pour porter le parc de nuit à 340 voitures au plus vite », note le rapport.
Eviter les correspondances à Paris
Enfin, l’ONG estime que le train de nuit est efficace pour desservir les zones enclavées comme Briançon et connecter les métropoles éloignées sans avoir à réaliser une correspondance à Paris (exemple avec le Bordeaux-Lyon). Sur les trajets internationaux, les six des dix principales liaisons aériennes vers l’Europe, pourraient se faire en train de nuit (Paris-Madrid, Paris-Barcelone, Paris-Milan, Paris-Rome, Nice-Londres, Paris-Venise) d’autant qu’en termes de pouvoir d’achat, les billets de train de nuit sont moins chers que leurs équivalents en TGV, sans compter les économies en nuit d’hôtel.