
C’est le collectif Oui au train de nuit qui, le premier, a sonné l’alerte le 25 septembre sur les menaces pesant sur les lignes de nuit Paris-Berlin et Paris-Vienne,. Dans un communiqué , il révélé que l’Etat envisageait « de supprimer la subvention à la SNCF pour ces trains « Nightjet » qu’elle gère en coopération avec ses homologues ÖBB en Autriche et DB en Allemagne« . L’association a organisé dans la foulée, le 26 septembre, une manifestation de protestation à la gare de l’Est et lancé une nouvelle pétition pour le maintien de ces deux seuls trains de nuit internationaux desservant toute l’année la France.
Fin des subventions
Trois jours plus tard, le ministère des Transports reconnaissait la fin des subventions pour ces lignes. « Cette décision s’inscrivait dans le cadre de la préparation du budget souhaité par François Bayrou (objectif de -44 milliards d’euros). Le cadrage transports a contraint le ministère à faire des choix budgétaires difficiles. Le budget des transports étant déjà très contraint, la priorité a été donnée au maintien des lignes intérieures nationales« , a-t-il expliqué. Cette année, le budget alloué à ces deux trains de nuit s’élevait à 8 millions d’euros.
De son côté, SNCF Voyageurs rappelle que l’exploitation de ces trains n’est possible qu’avec des subventions publiques « afin d’assurer sa viabilité économique« . Bien que ces liaisons suscitent l’engouement, « leur équilibre économique n’est pas atteignable compte tenu notamment du niveau des coûts de production », affirme la compagnie. Par ailleurs, les places des trains ne peuvent être vendues qu’une fois par jour et l’accès aux infrastructures dans plusieurs pays et changements de matériels et de personnels aux frontières sont particulièrement onéreux, explique-t–elle encore.
Faible fréquence
En cause aussi, selon le collectif Oui au train de nuit, la faiblesse de la desserte quotidienne (le train ne circule que trois jours par semaine). « Par ailleurs, la SNCF ne vend pas les billets sur sa plateforme SNCF Connect, et n’informe même pas sur l’existence de ces trains qu’elle opère pourtant, limitant ainsi les recettes de la ligne« , écrit-il dans le communiqué. Réponse de SNCF Voyageurs : ce niveau de service s’explique par les travaux importants sur le réseau en France et en Allemagne. Quant à la vente de billets, la situation est provisoire. Mais à partir de 2026, promet la compagnie, un nouveau système de réservation devrait proposer « à nouveau les trains vendus par des entreprises étrangères avec des offres et des gammes de services étendues« .
Reste que l’association fustige l’attitude de SNCF, Voyageurs, jugée peu motivée par les trains de nuit qu’elle considère comme un marché de niche et déficitaire. « Les chemins de fer autrichiens et allemands sont placés au pied du mur. Ils ne sont pas capables de reprendre le relais de la SNCF du jour au lendemain« , regrette Quentin Marsal, membre du collectif.
L’arrivée de Jean Castex à la tête du groupe SNCF sera–t-elle de nature à considérer l’équation autrement? Lorsqu’il était Premier ministre, Jean Castex avait relancé, en mai 2021, le train de nuit Paris-Nice et en avait souhaité « plein d’autres » en affirmant sa passion pour le transport ferroviaire.
L’association dénonce aussi l’incapacité de l’Union européenne de réguler la concurrence entre les modes de transport en ne mettant pas fin aux niches fiscales en faveur de l’avion principal concurrent du train de nuit. Elle estime que l’aérien bénéficie ainsi d’une « subvention cachée » de 30 à 40 euros par billet d’avion.








