Il a bien conscience que ce n’est pas dans l’air du temps, mais il s’inscrit en faux contre la honte de prendre l’avion. Surtout entre deux villes où il n’y a pas d’alternative en train. « Les grandes transversales aériennes, de point à point sans passer par Paris, c’est une nécessité pour les territoires quand il n’y a pas de dessertes ferroviaires rapides », défend Martin Meyrier, directeur général Concessions chez Edeis qui gère une vingtaine d’aéroports régionaux en France et en Europe, des ports (et le train touristique de la Mure en Isère).
Associée à la petite compagnie aérienne Jet Airlines qui opère des vols vers les DOM-TOM et a opéré temporairement une liaison d’aménagement du territoire entre Lyon et Poitiers en 2023, le duo annonce pour mai 2025 le lancement, sous la marque commerciale L’Odissey, de sept vols réguliers au départ de Nîmes et de Tours. Vers Nice, Ajaccio, Bastia, Barcelone, Genève, Milan (via Nice) et Vérone (via Genève). Des lignes non subventionnées car elles n’entrent pas dans le cadre de l’aménagement du territoire, à raison d’un ou deux vols hebdomadaires. Les ventes démarrent le 21 novembre, avec une offre de lancement à 69 euros l’aller simple. Le transporteur aérien vise entre 15 000 et 20 000 passagers au départ de l’aéroport gardois, jusqu’ici exclusivement dépendant de la compagnie irlandaise Ryanair.
Les vols seront assurés à bord d’ATR 72 de 70 sièges, des appareils à turbopropulseurs « dont l’empreinte carbone est raisonnable », assure Clément Pellistrandi, co-fondateur de Jet Airlines.
L’Odyssey prévoit de nouvelles dessertes à partir du printemps 2027 vers Nantes, Rome, Strasbourg et Zurich. Sans déroger à la règle prohibant les vols intérieurs en cas d’alternative par une liaison ferroviaire d’une durée inférieure à deux heures et demi. « Nous nous insérons dans une brèche, la desserte de point à point sur la grande transversale Est-Ouest, que les grands opérateurs historiques veulent arrêter [Air France a récemment décidé de stopper ses liaisons depuis Strasbourg, ndlr] et que les compagnies low cost délaissent aussi en se recentrant sur quelques bases fortes », décrit le dirigeant de Jet Airlines. Avec Edeis, il compte s’attaquer à la diagonale du vide. Celle-là même que la concurrence ferroviaire ne cible pas. Pour un Nîmes-Nice, il faut compter un peu plus de quatre heures en train, avec une correspondance au moins. Contre 40 minutes de temps de vol en avion.
N.A