© Patrick Laval
Le film The Navigators de Ken Loach (2001) a popularisé à travers le monde une image peu flatteuse du réseau privatisé, au sein duquel les responsabilités étaient désormais éclatées entre plusieurs entreprises, au premier rang desquelles figurait Railtrack, gestionnaire d’infrastructure à but lucratif.
La privatisation était-elle coupable des deux grandes collisions qu’a connues le réseau ferré britannique à la fin des années 1990 (Southall en 1997, Ladbroke Grove en 1999) et d’une série de déraillements au début de la décennie suivante (Hatfield en 2000, Potters Bar en 2002) ? Pour ses adversaires, oui. Et objectivement, la multiplication des acteurs n’a certainement pas simplifié la gestion du réseau ferré britannique à la fin des années 1990. Mais avec du recul, ce genre de catastrophes n’était pas nouveau sur les rails d’outre-Manche, l’une des plus terribles étant la collision entre trois trains à Clapham Junction en 1988 (35 morts, 484 blessés).
Si l’erreur humaine n’est jamais à exclure, la vétusté, l’inadaptation et la saturation du réseau ferré – en particulier autour de Londres – ont à chaque fois été mises en évidence. Pour autant, nombre d’accidents sont survenus après une intervention récente sur la voie, parmi lesquels « l’accident de trop » qui allait entraîner la renationalisation de Railtrack : le déraillement de Hatfield (quatre morts, plus de 70 blessés), en fait dû à un problème métallurgique sur un rail presque neuf… Mais l’idée qu’une entreprise s’enrichisse sur le dos d’un réseau potentiellement accidentogène était suffisamment choquante pour entraîner son remplacement par Network Rail, à but non lucratif.
P. L.
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Retrouvez le dossier Grande-Bretagne. Un réseau ferré qui revient de loin dans le magazine VR&T n°609