Thierry Guimbaud, président de l’autorité des régulations des transports, l’ART, s’est résigné à ne pas accueillir de ministre des Transports pour la célébration, le 15 septembre, du quinzième anniversaire de la création de l’institution. Il avait pourtant plusieurs messages à lui faire passer. L’ART a besoin de plus de moyens et que certaines de ses missions soient redéfinies. « L’ouverture à la concurrence est en marche mais la pression va encore s’intensifier et changer toute l’organisation du système. L’Etat et SNCF Réseau vont être amenés à se repositionner. Le régulateur aussi », avertit Thierry Guimbaud.
Avant d’entamer ce nouveau chapitre, l’exécutif de l’ART, qui compte un nouveau vice-président, l’ancien sénateur Charles Guené, a dressé le bilan des quinze années écoulées. Tour à tour régulateur, conseil, tiers de confiance, arbitre, voire même lanceur d’alerte, l’autorité accompagne une demi-douzaine de secteurs dont le ferroviaire, les autoroutes, les aéroports, les autocars. Sa mission principale consiste à assurer un accès équitable aux infrastructures de transports au moindre coût pour les usagers, qu’ils soient particuliers ou professionnels.
Des résultats « tangibles »
Dans le ferroviaire, elle estime pouvoir afficher « des résultats tangibles », avec l’arrivée récente sur le marché français de trois nouveaux acteurs, Trenitalia, Renfe, Trandev. De SNCF Réseau, qui pratique « les péages les plus élevés d’Europe », et qu’elle a clairement dans le collimateur, elle a obtenu, « par la contrainte » plus de transparence dans l’attribution des sillons, une révision des tarifs, de la durée des contrats.
Dans le transport par autocar longue distance, depuis 2015, elle a notifié 2279 intentions d’exploiter. Compétente en matière d’autoroutes depuis 2015, l’ART chiffre à 700 millions d‘euros le montant des économies pour les usagers lié à son intervention sur deux sujets : les péages et la distribution de carburant sur le réseau concédé. Conseil de l’Etat dans la négociation d’avenants aux contrats de concessions, elle a notamment obtenu que la concurrence permette à d’autres groupes de BTP que les filiales de concessionnaires, de pouvoir réaliser des travaux autoroutiers.
Dans l’attente d’une politique de transport cohérente
Les redevances aéroportuaires ont aussi été réduites de 76 millions depuis 2019 grâce à son refus d’homologation de certains contrats avec l’Etat. En matière de données numériques favorisant la mobilité, l’autorité estime que ses contrôles ont mené à l’augmentation de leur publication. « Pour le réseau de métro et de RER, notre action a permis de faire baisser de 3,5% le tarif horaire des prestations de sûreté de la RATP », ajoute le régulateur, qui monte en compétence avec les sujets liés au Grand Paris, dans la perspective de l’ouverture à la concurrence du réseau de métro « historique », à horizon 20240.
D’ici là, l’ART attend de l’Etat qu’il clarifie les missions qu’il souhaite lui confier et redéfinisse son périmètre de compétences. Ceux d’autres autorités de régulation, comme celle de l’énergie, la CRE, sont beaucoup plus « lisibles ». Selon les secteurs, autoroute, aéroportuaire, ferroviaire, le monde d’intervention de l’ART peut varier. « Il faut changer la granularité de notre intervention », insiste Thierry Guimbaud. Cela implique une politique générale des transports cohérente, de long terme, potentiellement orientée vers un objectif fort comme la transition écologique. Le message sera transmis au prochain ministre des Transports dès sa nomination.