(mise à jour le 29 janvier)
En 2020, l’Etat qui subventionne les trains d’équilibre du territoire (TET) avait déclaré infructueux l’appel d’offres pour les deux premières lignes transversales mises en concurrence, Nantes-Bordeaux et Nantes-Lyon, exploitées par SNCF Voyageurs sous la marque commerciale Intercités. A l’époque, le début du contrat était projeté pour fin 2022, mais les challengers de la SNCF (Transdev, l’allemand Arriva et le belge Eurorail), avaient dû jeter l’éponge. « Ils avaient estimé que les conditions de l’appel d’offres ne recueillaient pas les conditions pour faire valoir la pertinence de leur offre. Le risque, c’était d’avoir une réponse dégradée par rapport à l’opérateur historique« , analyse un expert du secteur ferroviaire.
« Cette procédure n’avait pas pu aller à son terme en raison notamment du contexte économique lié à la crise sanitaire », justifie de son côté le ministère des transports dans un communiqué du 28 janvier dans lequel il annonce que cette fois, le choix est fait : la SNCF se succède à elle-même pour exploiter pendant dix nouvelles années ces deux axes ferroviaires. Devant deux autres concurrents : l’Espagnole Renfe et la compagnie française privée Le Train. « L’offre du candidat [SNCF Voyageurs, ndlr] présente une meilleure qualité de service, une plus forte ambition sur l’offre de transport et la fréquentation ; elle est aussi la plus compétitive au plan économique pour l’État, garant de l’équilibre financier de ces lignes », argumente le ministère dans son communiqué.
« C’est dommage pour les passagers, notre proposition commerciale était très différenciante avec plus de fréquences sur les deux liaisons, des services innovants, une présence du personnel renforcée à bord, des prix fixes jusqu’à six jours avant la date de départ, 20% moins chers qu’aujourd’hui. Nous estimions une hausse de fréquentation de +65 % sur Nantes-Bordeaux et +45 % sur Nantes-Lyon. C’est dommage aussi pour le niveau de subvention publique, avec un niveau de compensation inférieur à 50% pour l’autorité organisatrice des trains d’équilibre du territoire [l’Etat], contre plus de 60% aujourd’hui, réagit Alain Getraud, directeur général de la société Le Train. Ce n’était pas un appel d’offres facile, les contraintes, notamment la distribution des billets et la maintenance du matériel roulant très liée à la SNCF les premières années de la concession, demandait de la pugnacité. Choisir la concurrence aurait été un signal courageux de la part de l’Etat, mais pour le ferroviaire, la France résiste encore », commente le challenger de l’opérateur historique.
Entité dédiée chez SNCF Voyageurs
De son côté, Christophe Fanichet, le pdg de SNCF Voyageurs, se réjouit du « rythme des appels d’offres qui accélèrent (…) On en a fait 7 en 3 ans, on en a une vingtaine cette année, on va répondre à des dizaines d’ici 2030. Pour gagner on doit rapprocher les compétences de TER, Transilien, Intercités au sein d’une entité dédiée dont ce sera le métier : les délégations de service public« , indiquait-t-il la veille du résultat de l’appel d’offre Intercités, à l’occasion de la cérémonie des vœux de la SA qu’il dirige. La société en question s’appelle SNCF Voyageurs Océan.
Sur la ligne Nantes-Bordeaux, le nombre d’allers-retours quotidiens va passer de quatre à cinq, avec un aller-retour supplémentaire les vendredis et dimanches. Sur l’Intercité Nantes-Lyon, l’offre ne bouge pas avec trois allers-retours quotidiens mais avec plus plus de sièges proposés à la vente, une offre de restauration ambulante, et du « divertissement numérique ». Toujours à bord des mêmes rames, les Coradia Liner d’Alstom qui équipent la ligne depuis 2017, et seront donc réaménagées.
« L’État entend poursuivre l’ouverture à la concurrence des autres lots des trains d’équilibre du territoire qu’il organise, avec l’objectif d’obtenir des améliorations de même nature sur ces lots. Dès les prochains jours, nous publierons l’avis de pré-information relatif aux lignes Paris-Clermont Ferrand et Paris-Limoges-Toulouse, qui marque une étape préalable avant le lancement de l’appel d’offres », indique le ministre chargé des Transports, Philippe Tabarot.
La convention signée en 2022 entre l’Etat et SNCF Voyageurs prévoit l’ouverture progressive, en quatre lots conventionnés, des lignes Nantes-Bordeaux et Nantes-Marseille (fin 2026), des services de trains de nuit (fin 2027), des lignes Paris-Toulouse et Paris-Clermont-Ferrand (fin 2028) et enfin de la ligne Bordeaux-Marseille (fin 2029).