Après les concertations menées l’année dernière, c’est l’heure des propositions pour imaginer la région Ile-de-France à l’horizon 2040. En présentant cette semaine les orientations du futur Sdrif (Schéma directeur pour l’Ile-de-France), Valérie Pécresse a expliqué vouloir une région plus équilibrée, moins centralisée autour de Paris et sa proche couronne. La présidente de région a esquissé 27 centralités où pourraient être concentrés les efforts d’aménagements avec des commerces, des services publics, des logements et bien sûr des transports. Il faut bâtir, a-t-elle notamment souligné, « une ville multi-services, multi-usages pour mettre fin aux banlieues dortoirs« . « Une région des 20 minutes« , a-t-elle résumé.
656 km de lignes
Côté transports publics, cela se traduit par 656 kilomètres de lignes. Une liste à la Prévert mais dont bon nombre de lignes sont déjà dans les tuyaux. C’est le cas du métro du Grand Paris Express, de CDG Express ou encore des extensions des tramways T11 et T13.
« Certaines propositions vont dans le bon sens, comme par exemple le prolongement de la ligne 15 ou les prolongements des lignes du métro historique. Il y a aussi la reprise d’une demande d’associations du sud de la ligne du RER D qui souhaitent être de nouveau directement reliées à Paris« , commente Marc Pélissier, le président de la Fnaut-Ile-de-France.
La ligne 19 comme sortie du chapeau
La grande nouveauté -mais aussi la grande surprise selon lui-, c’est la ligne de métro 19, qui relierait Nanterre (Hauts-de-Seine)-Argenteuil (Val d’Oise) -Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Et dont le tracé, qui vise surtout à mieux desservir le Val d’Oise, reste très imprécis. « Nous avons du mal à comprendre en quoi elle répond à un besoin des usagers. La liaison Nanterre-Saint Denis va déjà être assurée par la ligne 15 Ouest. Et pour Argenteuil, la priorité, c’est de faire aboutir l’extension du T11. Ca laisse perplexe…« , s’étonne-t-il. « Cela donne l’impression d’un projet ajouté à la dernière minute« , poursuit-il.
Autre « perplexité » du représentant des usagers, la ligne de téléphérique envisagée par Valérie Pécresse entre Vélizy (Yvelines) et Boulogne (Hauts-de-Seine). « On a l’impression que ce document cherche à faire plaisir aux élus locaux« , conclut Marc Pélissier.
C’est aussi le sentiment d’Arnaud Bertrand, le président de Plus de trains. « C’est une liste du père Noël. Elle semble avoir été faite pour que chaque département ait son projet« , souligne-t-il, en pointant un document à la mise en forme « un peu bâclée« .
En attendant les CPER
Les deux présidents d’association regrettent l’absence de toute allusion à l’avenir d’Orlyval qui pourrait pourtant, selon eux, jouer un rôle important dans la desserte locale lorsque la ligne 14 desservira Orly. Mais pour lequel IDFM estime qu’il faudrait investir 300 millions d’euros, soit bien plus que les 80 millions d’euros évoqués par la RATP pour redonner une seconde vie à Orlyval. D’où le souhait qu’il vaut mieux attendre…
Enfin, Marc Pélissier remarque que les propositions de la Fnaut militant pour la fusion des lignes 3 et 3 bis n’ont pas été reprises alors que cette opération pourrait attirer davantage de voyageurs et décharger en partie la ligne 11. Et surtout que la question du doublement du tunnel entre Châtelet et Gare du Nord, point noir dans la gestion des RER B et D, n’est pas abordée alors qu’elle l’était dans de précédents Sdrif. Mais le projet effraye tant il est gigantesque, complexe et onéreux.
Reste à savoir comment tous les projets évoqués par le Sdrif pourraient être financés alors qu’Ile-de-France Mobilités a déjà indiqué ne pas avoir les moyens de payer le fonctionnement des futures lignes (14, 11, Eole…) qui seront lancées l’année prochaine. « Les projets du SDRIF représentent 30 à 40 milliards d’euros de dépenses en plus d’ici une quinzaine d’années, alors qu’il manque 5 à 10 milliards pour tous les projets déjà engagés et que le gouvernement ne veut pas augmenter les recettes », souligne Jacques Baudrier, adjoint communiste à la maire de Paris et membre du CA d’IDFM.
Le ministre des Transports a promis de « partager » des solutions en avril. C’est aussi ce mois-ci que les préfets devraient recevoir mandat de l’Etat pour lancer les CPER qui détermineront les projets à lancer et à financer. Une échéance attendue par toutes les régions.
MH P