Des annulations inédites de trains Intercités ont perturbé le trafic ferroviaire pendant la semaine du 15 août. En prévision d’un nouvel épisode de canicule, et pour éviter les suppressions d’urgence qui ont émaillé l’été, la SNCF a pris la décision de revoir son plan de transport du 11 au 18 août. Dès le lundi 11 août, trois aller-retour Bordeaux-Marseille et deux aller-retour Paris-Clermont Ferrand ont été supprimés quotidiennement jusqu’à un retour à la normale le 18 août. La ligne Paris-Limoges-Toulouse a elle aussi été affectée avec l’annulation à partir du 8 août de trois à cinq aller-retour, impactant tout un réseau de correspondances, dont le trajet Brive-Rodez.
L’essentiel des liaisons était prévu aux moments les plus chauds de la journée. Pour le Bordeaux-Marseille, il s’agissait des trains programmés entre 10h et 14h et de 11h à 15h de la Méditerranée vers l’Atlantique. Pour le Paris-Clermont Ferrand, le trafic a également été suspendu, dans les deux sens, aux heures des plus chaudes lors des journées du mardi et mercredi.
SNCF Voyageurs a choisi de limiter les risques de panne pour grosse chaleur, notamment de climatisation, sur les trains Corail qui circulent sur les quelques lignes dont la responsabilité incombe à l’Etat. « Leur conception ancienne ne leur assure pas la même robustesse que celle des trains plus récents », a justifié SNCF Voyageurs.
Le remplacement des Intercités Corail devrait progressivement commencer à partir de 2027. Les très attendus trains Oxygène, conçus par le constructeur espagnol CAF, vont offrir plus de confort, une meilleure accessibilité pour les personnes en situation de handicap et réduiront d’un quart d’heure le trajet Paris-Clermont Ferrand.
Près de 1,6 million de billets avaient été vendus sur les TGV et Intercités lors de la période concernée par les perturbations. 15 000 trains quotidiens étaient supposés circuler pendant ces trois jours, dont 1000 TGV et Intercités contre 750 à 800 habituellement. « L’ensemble des clients impactés bénéficieront de l’échange ou du remboursement sans frais de leurs billets. La composition des trains encadrants a, par ailleurs, été renforcée afin de faciliter le report de clients dont les trains étaient supprimés », a précisé la SNCF.
Le 23 janvier 2024, Christophe Béchu, alors ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, avait rappelé à l’ordre l’opérateur et convoqué Jean-Pierre Farandou pour qu’il s’explique sur les dysfonctionnements des Intercités, dont l’Etat est pourtant l’autorité organisatrice. Quatre jours plus tôt, c’est le froid qui avait entrainé la panne d’un train reliant Paris à Clermont, bloquant toute une nuit, 700 voyageurs. Le ministre avait demandé au patron de la SNCF de lui présenter « un plan de mesures concrètes et immédiates » pour cette ligne à incidents fréquents. Le groupe SNCF a bien un plan de modernisation pour les lignes POLT (Paris-Orléans-Limoges-Toulouse, soit 700 km), et Clermont-Paris (420 km) qui voient passer 4,5 millions de voyageurs Intercités par an. D’ici 2027, trois milliards d’euros doivent être investis pour améliorer la qualité du réseau ferré de Paris à Toulouse. Ce schéma directeur prévoit que SNCF Réseau consacre 1,6 milliard à la rénovation des infrastructures : aiguillage, ponts, tunnels et catenaires dont certaines, présentant un âge de 70 ans, sont peu adaptées aux nouvelles rames Oxygène. L’Etat s’est engagé, de son côté, à investir 272 millions dans la modernisation de la ligne. Les bénéfices seront visibles par les voyageurs en 2028.
Pour le Paris-Clermont, le renouvellement des infrastructures et le renforcement de l’alimentation électrique devraient produire leurs effets dès la fin 2027. Deux étés compliqués sont donc encore à redouter sur le réseau Intercités. D’autant que les canicules et autres aléas climatiques sont appelées à se reproduire de plus en plus à l’avenir.