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Eole : un baptême et des petites phrases
Publié le 28/11/2018 à 19h49

Il s’appelle Virginie. Belle bête, longue de 90 m, au diamètre de 11,05m, ce  tunnelier made in Germany by Herrenknecht,  une fois descendu dans son puits, à Courbevoie, va s’en aller son bonhomme de chemin, long de 8 km à raison d’une dizaine de mètres par jour, jusqu’à la gare Saint-Lazare.

Les travaux d’Eole sont en cours depuis longtemps, mais le baptême du tunnelier, c’est le symbole du prolongement et l’occasion donnée à chacune de parties prenantes de célébrer la réalisation à laquelle il participe. Dix discours… Et des messages. Patrick Devedjian, président du département des Hauts-de-Seine juge ses 200 millions d’euros bien placés dans un projet qui est dans les temps et dans le budget, lui. On a compris : pas comme le Grand Paris Express, dont on attend de connaître les surcoûts et ses retards.

Pierre Bédier, président du département des Yvelines, rappelle qu’il serait scandaleux qu’il n’y ait pas de correspondance entre Eole et la ligne 18 du Grand Paris Express, ligne qui à la vérité ne remonte depuis des années de Versailles à Nanterre qu’en pointillé.

Valérie Pécresse n’a pas manqué de se livrer à ce petit jeu. En rappelant d’abord à Patrick Devedjian qu’Eole n’était pas si vertueux, puisque son premier geste en tant que présidente de région avait été d’assumer un surcoût de 300 millions d’euros pour un montant initial de 800 millions. Ou en demandant une fois de plus à l’Etat d’honorer ses engagements dans les CPER : la région a déjà avancé pour boucler des travaux la part de l’Etat, soit 73 millions d’euros et, aujourd’hui, il manque, pour 2019, 80 millions d’euros sur l’enveloppe de l’Etat qui se monte à 320.

Mais c’est quand elle a parlé du futur train d’Eole et de la ligne D, le RER de nouvelle génération, qu’on s’est mis à tendre l’oreille. « Je rappelle à Alstom et Bombardier, a-t-elle dit, que lorsqu’on a une commande de trois milliards d’euros, on est à l’heure dans la livraison. » Que se passe-t-il ? Interrogée après sa déclaration, Valérie Pécresse a dit qu’elle n’avait pas de motif d’inquiétude mais qu’il valait mieux prévenir que guérir. Même réponse de Stéphane Beaudet, vice-président Transports, élu de l’Essonne et très attentif au RER D. Interpellés par la presse, des porte-parole d’Alstom, d’entente avec Bombardier, ont aussitôt rédigé quelques phrases soigneusement pesées pour assurer qu’« après une phase d’ingénierie et d’industrialisation, le projet RER NG est entré en 2018 dans la phase de fabrication des trains d’essai, conformément aux feuilles de route 2017-2018. Les équipes du groupement Alstom-Bombardier sont mobilisées sur ce projet d’envergure afin de respecter le planning de construction et être au rendez-vous pour le déploiement de ces nouveaux trains sur les lignes D et E du RER ».

Et pourtant, selon nos informations, la phrase de Valérie Pécresse n’est pas venue par hasard ; il y a bien eu un retard dans la fabrication des trains d’essais, retard que les industriels seraient en train de rattraper. D’où l’admonestation d’une présidente qui tient à voir circuler avant la fin de son mandat les premières rames, symboles de son engagement de remplacer ou rénover, pour dix milliards d’euros, l’ensemble des trains franciliens.

Il n’y a pas que les matériels qui, selon une coutume bien ancrée dans le ferroviaire (ah, les fameux mois de déverminage !) risquent de causer des retards. Le génie civil aussi. On n’a pas oublié les incidents de la porte Maillot. Valérie Pécresse demande donc la création d’un fonds préventif permettant de faire face aux aléas de chantier. Pour mieux affronter la période des travaux qui, comme elle le dit, comme le Grand Paris le montre et comme tout le monde le sait « va être une période extrêmement difficile ».

F. D.

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