L’interdiction des TER X 73500 en « solo » frappe les plus petites lignes
09 Nov 2015
Mis à jour le 23 mai 2017
Les problèmes de déshuntage des X 73500, qui ont causé plusieurs incidents courant 2015, ont entraîné l’interdiction de faire circuler cet autorail en unités simples. Avec comme conséquence la suppression des dessertes assurées par ce matériel en « solo ».
Depuis le 2 novembre, plusieurs dessertes TER ont été annulées, en particulier en Auvergne, dans le Midi-Pyrénées et dans les lignes du pourtour vosgien, en Alsace comme en Lorraine. C’est la conséquence d’incidents survenus sur le parc X 73500 qui ont conduit l’Etablissement public de sécurité ferroviaire (EPSF) à interdire à compter du 2 novembre la circulation en « solo » de ces autorails. Toutefois, les X 73500 peuvent continuer en circuler en unités multiples, doubles ou triples.
Depuis la mi-octobre, plusieurs syndicats s’étaient en effet emparés du problème de shuntage – ou plutôt de déshuntage – que rencontre ce type d’autorail lorsqu’il circule en unités simples. A plusieurs reprises, il est arrivé que, par intermittence, les X 73500 circulant en « solo » ne court-circuitent plus le circuit de voie qu’ils occupent, devenant ainsi « invisibles » pour les différents systèmes de sécurité.
L’incident le plus spectaculaire, relevé par la presse quotidienne régionale et mis en exergue depuis par les syndicats, a été un « bivoie » – un déraillement dû à l’aiguillage de deux parties d’un même train vers deux voies différentes – le 12 octobre à Sainte-Pazanne (Loire-Atlantique), survenu lors du passage à faible vitesse d’un autorail momentanément devenu « invisible » sur un appareil de voie. Ce n’était pas le premier incident dû à un déshuntage sur ce type de matériel, en service depuis 1999. Une collision sur un passage à niveau entre Brest et Morlaix en 2006 aurait été causée par un déshuntage qui n’aurait pas déclenché l’abaissement des barrières. Plus récemment, en janvier, de tels non-abaissements de barrières de passages à niveau ont été observés entre Bordeaux et Hendaye, sur une section de 11 km où l’autorail a « disparu » à sept reprises.
C’est dans cette perspective, alors que, depuis la mi-octobre, de plus en plus de conducteurs faisaient valoir leur droit de retrait, que l’EPSF a interdit la circulation des X 73500 en unités simples. Même si un déshuntage a depuis été constaté sur une unité double vers Firminy, entre Le Puy et Saint-Etienne, à cause de feuilles mortes.
Conséquence pour les usagers : le mode ferroviaire est remis en cause sur plusieurs lignes ou dessertes à faible fréquentation. Pourquoi mettre sur les rails une rame avec 120 places assises au moins pour transporter 15 personnes, voire moins ? D’où un transfert sur route, parfois improvisé. Et un risque de voir cette situation pérennisée sur certaines lignes déjà menacées, comme la desserte du Mont-Dore. Un risque qu’a souligné la Fédération nationale des associations d’usagers des transports (Fnaut) dans un communiqué du 4 novembre. D’autant plus important que 317 autorails de ce type sont en service en France dans la quasi-totalité des régions (sauf en Nord-Pas-de-Calais et Paca), sur les lignes les moins fréquentées.
Président de la région Midi-Pyrénées, où 27 autorails X 73500 sont à l’arrêt, Martin Malvy a saisi, le 5 novembre, le directeur régional de l’EPSF, se déclarant « surpris d’apprendre que la situation pourrait se prolonger alors que les services seraient assurés dans les autres Régions dont certaines ont un nombre beaucoup plus élevé de modèles X 73500. » Un traitement particulièrement défavorable, avec 20 % des liaisons supprimées et remplacées par des cars, notamment sur des lignes où la région venait d’assurer un renouvellement complet des voies dans le cadre du Plan Rail !
Issu d’un programme franco-allemand des années 1990, l’autorail TER (ATER) a été commandé à De Dietrich et LHB (dont les activités ferroviaires respectives ont été reprises par Alstom) par la SNCF (X 73500 et version transfrontalière X 73900 pour l’Alsace et la Lorraine) ainsi que par la DB (VT 641), mais aussi par les CFL (2100), qui les ont par la suite revendus à la SNCF.
Patrick LAVAL
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