Grand prix européen de la mobilité
Bilbao parie sur la mobilité apaisée
Depuis 2018, Bilbao, ville la plus peuplée du Pays Basque en Espagne, a accéléré dans sa transition vers un modèle de mobilité durable avec son plan de mobilité urbaine durable (PMUS). Elle y a fixé ses priorités : la marche, puis le vélo et enfin les transports en commun. La marche, puisqu'elle est non polluante et universellement accessible, représente l'axe prioritaire, a en effet annoncé la mairie lors de la présentation du PMUS. La politique qui s'ensuit vise à réduire l'espace dédié aux véhicules motorisés et à les forcer à ralentir.

Entre 2018 et 2020, la vitesse maximum a ainsi progressivement été abaissée à 30 km/h dans toute la ville. Puis en 2020, 13 zones du centre ont vu la circulation restreinte, la vitesse réduite à 20 km/h et la durée des feux verts allongée. En 2022, une ordonnance de « préférence piétonne » a limité drastiquement aux motorisés l'accès au centre historique. De plus, dans les côtes les plus sévères de cette ville escarpée, des escalators et des ascenseurs sont installés.
Le vélo est l'autre grand axe prioritaire, avec un « plan stratégique de mobilité cycliste » déployé entre 2018 et 2023. Entre les dénivelés et la pluie abondante à Bilbao, les obstacles étaient nombreux. Mais dès 2018, le service de vélo à la demande a été renforcé et doté de véhicules électriques. Les limitations de vitesse ont largement rassuré les utilisateurs potentiels. La Ville a entrepris la mise en place de 80 km de pistes cyclables pour 2030 et établi la priorité cyclistes sur certaines voies de la chaussée, peintes en rouge. Des structures pour garer son vélo au sec se sont multipliées et des zones « sûres » ont été installées dans 14 parkings municipaux. Les tarifs du service de vélo à la demande ont été revus pour que le coût ne puisse dépasser 72 euros par an.
Troisième priorité : les transports en commun. Bilbao compte 350 000 habitants desservis par trois lignes de métro et un service de bus bien implanté. Le nombre de voyages est en pleine progression. La gratuité ou le remboursement d'une partie des abonnements par le gouvernement espagnol depuis 2022, complété par les autorités locales, semble avoir attiré de nouveaux usagers. La politique de restriction de l'usage de véhicules motorisés privés et la zone à faibles émissions lancée en 2024 rendent également encore plus intéressants les transports publics.
Barcelone, citée comme la plus « durable » d'Espagne
Année après année, Barcelone est citée comme la ville la « plus durable » d'Espagne. Ce qualificatif la suit depuis l'adoption du plan mobilité urbaine 2013-2018, qui a marqué une transition de la ville vers un modèle de transports « pacifié » et plus « intelligent ».
La mairie de la deuxième ville la plus peuplée du pays affirme que « [son] plan [actuel] se base sur le piéton comme axe de mobilité » pour atteindre 81,5 % de déplacements en mobilité douces ou transports en commun.

Ainsi, depuis 2015, la Ville a multiplié les efforts de « pacification » avec les « superillas » ("superblocs", en français) comme outil de base. Il s'agit de démarquer des zones importantes à l'intérieur desquelles les piétons ont priorité absolue. L'environnement urbain est alors repensé et les voitures ne peuvent circuler qu'à 10 km/h, en tournant à toutes les intersections pour éviter les lignes droites. De manière générale, les zones 30 se multiplient dans la ville, des trottoirs sont élargis, le stationnement des deux-roues sur les espaces réservés aux piétons est largement limité. La circulation de vélos ou des trottinettes a été interdite sur les trottoirs, avec des contrôles et sanctions renforcés.
La part de déplacements en vélo est celle qui a le plus augmenté. De 1,6 % en 2015 à 3,8 % en 2023. Notamment grâce à un développement très important des pistes cyclables. En 2015, la mairie estimait que Barcelone disposait de 120 km de piste cyclable. En 2025, elle revendique 264 km. Les élus cherchent aussi à mieux connecter les différentes parties de la ville grâce au vélo. Pour 2030, l'objectif est de le faire passer à 5,7 % des déplacements.
Afin de faciliter l'intermodalité, vélos et trottinettes sont autorisés dans les transports sauf heures de pointe et des stationnements sont proposés devant les stations.
Pour les transports en commun, le PMU 2013-2018 a fixé l'objectif d'une station du bus à moins de 250 mètres de chez 99 % des Barcelonais. Pour rendre le service plus rapide, les voies réservées ou prioritaires se sont multipliées. Un travail a également été mené pour améliorer les combinaisons entre différentes lignes et différents transports. Ce qui passe, entre autres, par une meilleure information aux usagers sur les combinaisons.
Pour faciliter l'intermodalité, des offres ont été mises au point et lancées depuis 2021 pour permettre d'utiliser, avec le même abonnement et le même support de paiement, la majorité des modes de transport.