Face au devis « exorbitant » présenté par RFF pour rouvrir la petite ligne de class= »MsoNormal »>
Digne – Saint-Auban, la région Provence-Alpes-Côte d’Azur a décidé de faire ses propres calculs. Elle estime que RFF a chargé la barque en envisageant des normes de sécurisation excessives pour remettre en circulation les 22 kilomètres de la ligne Digne – Saint-Auban fermée depuis 1989. Des normes adaptées, selon elle, à la circulation de TGV, mais pas à la navette ferroviaire qu’elle souhaiterait lancer à l’horizon 2017-2018.
La facture estimée par RFF atteint plus de 100 millions d’euros, rappellent les services du conseil régional Paca qui ont fait leurs propres évaluations. Les études montrent qu’il serait possible de se contenter d’investissements plus modestes et d’abaisser le devis à 15 ou 20 millions d’euros pour remettre la ligne en état. « Nous avons constaté que si nous nous adressons à RFF actuellement, on nous répond qu’il faut un million d’euros au minimum pour rénover un kilomètre de voies. Si on ajoute le coût de traitement des passages à niveau et des gares, ainsi que la traversée du site de l’usine chimique Arkema, on aboutit à 135 millions d’euros. Nous réfutons cette manière de travailler : le coût avancé par RFF est le même que celui qui pourrait être demandé pour une ligne comme Marseille et Toulon où circulent des TGV. Or, le trafic que nous prévoyons n’a rien à voir », indique un conseiller de Jean-Yves Petit, le vice-président du conseil régional chargé des Transports, qui porte le projet. L’idée consisterait à ne faire circuler qu’un seul train à la fois sur la ligne. 2 000 voyageurs pourraient l’emprunter chaque jour.
Du coup, les aménagements à réaliser sur les passages à niveaux nécessiteraient, selon les calculs des services régionaux, quelque 4 millions d’euros. Les travaux sur les 3 gares du parcours (à quai unique) nécessiteraient quelques centaines de milliers d’euros par gare. « Enfin, il faudra sans doute prévoir quelques aménagements sur des ouvrages d’art », poursuit le même conseiller. « Les lignes UIC 7 à 9 participent au maillage du réseau national. Mais il faut adapter la rénovation au niveau d’exploitation en acceptant d’avoir des normes moins exigeantes pour la remise à niveau des voies et une signalisation allégée. Cela ne signifie pas une sécurité moindre mais des normes de sécurisation adaptée au trafic qui y passera : des trains légers, un seul matériel et un seul train à la fois. Nous pourrons aussi utiliser un atelier de maintenance installé à Digne. »
Seule la traversée du site de l’usine Arkema paraît plus complexe et pourrait se solder par un surcoût. Mais d’ici la réouverture de la ligne, « la situation pourrait évoluer », note-t-on dans l’entourage de Jean-Yves Petit. « Sur les 100 millions d’euros, le tiers est dû aux aménagements nécessaires pour passer sur le site de l’usine où se trouvent de gigantesques cuves de produits chimiques explosifs« , souligne un porte-parole de RFF Paca. « Par ailleurs, sur le reste de la ligne, si on privilégie une remise à niveau de la voie à moindre coût, il faudrait des matériels roulants légers. Et dans ce cas, ils ne pourraient pas forcément rouler sur le réseau ferré national« .
Le projet et les études ont été évoqués dans le cadre des discussions pour le futur contrat de plan Etat-région. Il suppose une ligne budgétaire dédiée. « Mais ni l’Etat ni RFF n’ont montré l’envie d’aller plus loin », note Jean-Yves Petit qui retient trois solutions pour l’avenir : « Soit on pose un troisième rail pour que la voie métrique des chemins de fer de Provence aille jusqu’à Saint-Auban (mais cette option est très chère). Soit dans le cadre d’une coopération avec la SNCF, les trains venant notamment de Marseille et d’Aix sont prolongés jusqu’à Digne. Soit il faut transférer la gestion de la ligne à la région. »
Or, la région dispose déjà d’une Régie qui exploite les chemins de fer de Provence. Pour exploiter cette nouvelle ligne, la Régie régionale des transports (RRT) Paca, qui vient d’être créée, le 1er janvier 2014, pourrait acheter deux automoteurs, suggère Jean-Yves Petit. Ce scénario est d’autant plus intéressant que la ligne Digne – Saint-Auban prolonge celle des chemins de fer de Provence et se connecte au réseau ferré national. Il a également les faveurs d’élus des Alpes de Haute Provence et d’associations d’usagers comme la Fnaut Paca. La région pourrait donc demander dans les prochaines semaines la gestion déléguée de la ligne, ce qui signifie que RFF en resterait propriétaire. Pour alléger au maximum les coûts d’exploitation, les billets pourraient être vendus soit sur Internet, soit dans le train, voire dans certains commerces. La vente aux guichets se ferait uniquement à Saint-Auban et à Digne.
Pour la Fnaut Paca, deux autres lignes, actuellement fermées au trafic voyageurs, pourraient suivre : Gardanne – Trets et Rognac – Aix-en-Provence. Selon un de ses membres, Paca pourrait ainsi donner des idées à d’autres régions qui auraient envie de rouvrir une liaison ferroviaire délaissée par la SNCF. Elles pourraient demander soit la gestion déléguée, soit le déclassement de la ligne : « Une région pourrait solliciter dans un premier temps un devis de réouverture à RFF, qui fixera un montant totalement aberrant, comme d’habitude, faisant ainsi comprendre que ni la SNCF, ni RFF ne sont intéressés par cette ligne. La région pourra alors demander le déclassement de la ligne, ce qu’elle pourrait obtenir sans grande difficulté, pour en devenir propriétaire. » Et de conclure : « Ce serait donc une manière d’accélérer le processus de transfert de certaines petites lignes vers des exploitants autres que la SNCF, mais pas privés, sans vraiment se préoccuper des nouvelles lois à venir ». Avec l’avantage, quand on recourt à une régie, « de lever certaines oppositions des syndicats cheminots SNCF sur la privatisation ».
Marie-Hélène POINGT.
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Liaisons régionales. Comment Paca va contourner la SNCF et RFF
31 Mar 2014
SNCF , Transport régional
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Mis à jour le 15 juin 2017
Face au devis « exorbitant » présenté par RFF pour rouvrir la petite ligne de class= »MsoNormal »>
...Digne – Saint-Auban, la région Provence-Alpes-Côte d’Azur a décidé de faire ses propres calculs. Elle estime que RFF a chargé la barque en envisageant des normes de sécurisation excessives pour remettre en circulation les 22 kilomètres de la ligne Digne – Saint-Auban fermée depuis 1989. Des normes adaptées, selon elle, à la circulation de TGV, mais pas à la navette ferroviaire qu’elle souhaiterait lancer à l’horizon 2017-2018.
La facture estimée par RFF atteint plus de 100 millions d’euros, rappellent les services du conseil régional Paca qui ont fait leurs propres évaluations. Les études montrent qu’il serait possible de se contenter d’investissements plus modestes et d’abaisser le devis à 15 ou 20 millions d’euros pour remettre la ligne en état. « Nous avons constaté que si nous nous adressons à RFF actuellement, on nous répond qu’il faut un million d’euros au minimum pour rénover un kilomètre de voies. Si on ajoute le coût de traitement des passages à niveau et des gares, ainsi que la traversée du site de l’usine chimique Arkema, on aboutit à 135 millions d’euros. Nous réfutons cette manière de travailler : le coût avancé par RFF est le même que celui qui pourrait être demandé pour une ligne comme Marseille et Toulon où circulent des TGV. Or, le trafic que nous prévoyons n’a rien à voir », indique un conseiller de Jean-Yves Petit, le vice-président du conseil régional chargé des Transports, qui porte le projet. L’idée consisterait à ne faire circuler qu’un seul train à la fois sur la ligne. 2 000 voyageurs pourraient l’emprunter chaque jour.
Du coup, les aménagements à réaliser sur les passages à niveaux nécessiteraient, selon les calculs des services régionaux, quelque 4 millions d’euros. Les travaux sur les 3 gares du parcours (à quai unique) nécessiteraient quelques centaines de milliers d’euros par gare. « Enfin, il faudra sans doute prévoir quelques aménagements sur des ouvrages d’art », poursuit le même conseiller. « Les lignes UIC 7 à 9 participent au maillage du réseau national. Mais il faut adapter la rénovation au niveau d’exploitation en acceptant d’avoir des normes moins exigeantes pour la remise à niveau des voies et une signalisation allégée. Cela ne signifie pas une sécurité moindre mais des normes de sécurisation adaptée au trafic qui y passera : des trains légers, un seul matériel et un seul train à la fois. Nous pourrons aussi utiliser un atelier de maintenance installé à Digne. »
Seule la traversée du site de l’usine Arkema paraît plus complexe et pourrait se solder par un surcoût. Mais d’ici la réouverture de la ligne, « la situation pourrait évoluer », note-t-on dans l’entourage de Jean-Yves Petit. « Sur les 100 millions d’euros, le tiers est dû aux aménagements nécessaires pour passer sur le site de l’usine où se trouvent de gigantesques cuves de produits chimiques explosifs« , souligne un porte-parole de RFF Paca. « Par ailleurs, sur le reste de la ligne, si on privilégie une remise à niveau de la voie à moindre coût, il faudrait des matériels roulants légers. Et dans ce cas, ils ne pourraient pas forcément rouler sur le réseau ferré national« .
Le projet et les études ont été évoqués dans le cadre des discussions pour le futur contrat de plan Etat-région. Il suppose une ligne budgétaire dédiée. « Mais ni l’Etat ni RFF n’ont montré l’envie d’aller plus loin », note Jean-Yves Petit qui retient trois solutions pour l’avenir : « Soit on pose un troisième rail pour que la voie métrique des chemins de fer de Provence aille jusqu’à Saint-Auban (mais cette option est très chère). Soit dans le cadre d’une coopération avec la SNCF, les trains venant notamment de Marseille et d’Aix sont prolongés jusqu’à Digne. Soit il faut transférer la gestion de la ligne à la région. »
Or, la région dispose déjà d’une Régie qui exploite les chemins de fer de Provence. Pour exploiter cette nouvelle ligne, la Régie régionale des transports (RRT) Paca, qui vient d’être créée, le 1er janvier 2014, pourrait acheter deux automoteurs, suggère Jean-Yves Petit. Ce scénario est d’autant plus intéressant que la ligne Digne – Saint-Auban prolonge celle des chemins de fer de Provence et se connecte au réseau ferré national. Il a également les faveurs d’élus des Alpes de Haute Provence et d’associations d’usagers comme la Fnaut Paca. La région pourrait donc demander dans les prochaines semaines la gestion déléguée de la ligne, ce qui signifie que RFF en resterait propriétaire. Pour alléger au maximum les coûts d’exploitation, les billets pourraient être vendus soit sur Internet, soit dans le train, voire dans certains commerces. La vente aux guichets se ferait uniquement à Saint-Auban et à Digne.
Pour la Fnaut Paca, deux autres lignes, actuellement fermées au trafic voyageurs, pourraient suivre : Gardanne – Trets et Rognac – Aix-en-Provence. Selon un de ses membres, Paca pourrait ainsi donner des idées à d’autres régions qui auraient envie de rouvrir une liaison ferroviaire délaissée par la SNCF. Elles pourraient demander soit la gestion déléguée, soit le déclassement de la ligne : « Une région pourrait solliciter dans un premier temps un devis de réouverture à RFF, qui fixera un montant totalement aberrant, comme d’habitude, faisant ainsi comprendre que ni la SNCF, ni RFF ne sont intéressés par cette ligne. La région pourra alors demander le déclassement de la ligne, ce qu’elle pourrait obtenir sans grande difficulté, pour en devenir propriétaire. » Et de conclure : « Ce serait donc une manière d’accélérer le processus de transfert de certaines petites lignes vers des exploitants autres que la SNCF, mais pas privés, sans vraiment se préoccuper des nouvelles lois à venir ». Avec l’avantage, quand on recourt à une régie, « de lever certaines oppositions des syndicats cheminots SNCF sur la privatisation ».
Marie-Hélène POINGT.
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